L’île Maurice, bien que petite, abrite une scène artistique vibrante et dynamique. Pourtant, les artistes peintres rencontrent des défis majeurs qui freinent leur épanouissement. Krishna Luchoomun, artiste peintre, Kavinash Thomoo, artiste pluridisciplinaire et Mathieu Pigeot, Art & Cultural Manager de la Moka Smart City et d’Officea, font le point.
À l’ombre des plages paradisiaques et des paysages exotiques de Maurice, une scène artistique vibrante cherche à s’épanouir. Krishna Luchoomun, artiste peintre de renom, souligne les progrès réalisés dans le contenu artistique à Maurice, mais déplore l’absence d’infrastructures adéquates.
« L’île a beaucoup évolué. Malheureusement, les infrastructures n’ont pas suivi. Nous n’avons toujours pas de lieu propre où les artistes peuvent exposer leur art, ni de galerie d’art vraiment professionnelle », dit-il.
Il met en avant le manque de galeries d’art professionnelles et de musées, des espaces cruciaux pour la croissance des artistes. Pour lui, l’éducation artistique doit commencer dès le secondaire afin de développer une appréciation de l’art qui peut enrichir la vie.
Face à cette situation, des initiatives émergent pour insuffler une nouvelle dynamique culturelle. En fervent défenseur, Mathieu Pigeot, Art & Culture Manager de la Moka Smart City et d’Officea, souligne que « la culture est un outil essentiel pour améliorer la qualité de vie ». C’est pour cela que la Moka Smart City fait de son mieux pour intégrer la culture dans le quotidien des Mauriciens.
« Nous croyons fermement qu’il est important d’avoir une vie culturelle riche. C’est pour cela que nous avons lancé la galerie temporaire, The Hybrid, au Telfair, notre nouvel espace conçu pour promouvoir les expériences culturelles et les expositions », explique-t-il.
Les défis du marché de l’art
Kavinash Thomoo, artiste pluridisciplinaire, aborde la question sous un angle commercial, expliquant que l’art exotique, populaire auprès des touristes, est souvent plus rentable à Maurice. « Il faut d’abord savoir quel genre d’art exploiter. Souvent, c’est l’art commercial qui marche, c’est-à-dire, tout ce qui est exotique et qui représente l’image de Maurice. »
Cependant, il note que l’art conceptuel, qui requiert une compréhension et une appréciation plus profondes, peine à trouver sa place. Selon lui, avec une vingtaine d’années d’expérience, les collectionneurs et connaisseurs locaux sont rares, ce qui rend la survie économique difficile pour les jeunes artistes qui souhaitent se lancer dans ce domaine.
Krishna Luchoomun partage également cette vision, ajoutant que le marché de l’art à Maurice est cloisonné et souvent influencé par des critères tels que la couleur et le nom de l’artiste plutôt que par leur talent et leur parcours. « On achète souvent les œuvres parce qu’on connaît l’artiste personnellement et qu’on est connecté culturellement avec lui. Et je trouve que c’est malheureux. » Il critique également l’absence de curateurs d’art pour guider les artistes et évaluer leur cote.
Malgré ces défis, les trois passionnés gardent espoir et proposent des solutions pour un avenir meilleur. Krishna Luchoomun rêve de plus d’espaces et de soutien financier pour les artistes. « Ma vision pour l’avenir pictural à Maurice serait qu’il y ait plus d’espace et d’aide à la création et bien entendu, plus de finance allouée à ce secteur. »
Mathieu Pigeot, quant à lui, envisage un avenir où la culture est omniprésente et accessible à tous. Il espère que la Moka Smart City servira de modèle, en montrant que la culture peut enrichir la vie de tous, locaux et visiteurs. « On peut être intelligent avec la technologie, mais on peut également être intelligent avec de l’art. » Kavinash Thomoo, tout en étant réaliste, voit un potentiel dans les plateformes numériques comme Instagram pour attirer l’attention des curateurs d’art étrangers et créer des opportunités internationales pour les artistes mauriciens.
L’art pictural à Maurice est à la croisée des chemins. D’un côté, il y a une passion et un talent indéniables parmi les artistes locaux. De l’autre, des obstacles structurels et économiques freinent leur plein épanouissement. Mais tout porte à croire que l’avenir n’est pas aussi sombre et que les artistes peintres pourront, dans un avenir proche et avec la collaboration de tous, vivre pleinement de leur passion.
La parade et l’exposition de Krishna Luchoomun
Un personnage mystérieux, vêtu de blanc et le visage peint de la même couleur, a semé la surprise dans les rues de la capitale le 3 juillet. Il a déambulé depuis la rue Pope Hennessy jusqu’à la municipalité de Port-Louis, passant devant l’Assemblée nationale et le marché avant de revenir sur ses pas, intriguant passants et policiers.
Une semaine plus tard, soit le 10 juillet, il est réapparu en noir, puis en rouge le lendemain. Il s’agissait, en réalité, de Krishna Luchoomun, qui a intrigué tous les Mauriciens avec cette performance qui a fait partie de son exposition « Enn ti dialog avek Malcolm » qui a eu lieu le vendredi 19 juillet 2024 à The Hybrid, à Telfair, Moka. Une exposition où l’artiste, accompagné de ses proches et collaborateurs, a eu l’occasion de partager son art et a su captiver toute son audience à travers ces tableaux en hommage à l’écrivain et artiste mauricien Malcolm de Chazal.
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