Faits Divers

Objets interdits dans les prisons : quand le modus operandi change

gardiens de prison

Les détenus font preuve d’ingéniosité lorsqu’il s’agit d’introduire des téléphones portables en prison. Les gardiens, eux, multiplient les fouilles mais souhaitent aussi avoir du matériel de détection sophistiqué.

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Ils continueront à nous laisser bouche-bée avec leurs stratagèmes. Les détenus ne manquent pas d’imagination lorsqu’il s’agit d’introduire des  téléphones, de la drogue et d’autres objets interdits dans les prisons. Alors que, dans le passé, les objets interdits étaient balancés par-dessus les murs et dissimulés sur les prisonniers, ils sont actuellement transportés par ceux qui, de par leurs fonctions, ont accès aux prisons, et sont placés dans des cachettes. La preuve : deux téléphones portables ont été récupérés alors que les appareils étaient dissimulés de manière ingénieuse à l’intérieur même de la prison.

À la prison de Beau-Bassin, deux portables ont été saisis, trois autres à celle de Grande-Rivière-Nord-Ouest. L’ombre d’un présumé trafiquant, ancien homme d’affaires, plane sur cette saisie.

Une battue en prison

C’est suite à des renseignements qu’une opération a été montée dans la matinée du lundi 23 avril, à la prison de Beau-Bassin. Vers 10 heures, les gardiens ont effectué une battue dans l’enceinte de ces deux prisons. L’opération a permis de récupérer un téléphone cellulaire Android de la marque Samsung. L’appareil était caché dans un seau de peinture en plastique. Il ne contenait pas de carte SIM. Deux autres téléphones de la marque Samsung, toujours sans carte SIM, ont été retrouvés dans une structure en béton, à proximité des toilettes, situées au Yard D. Toutes les pièces à convictions ont été remises à la police. Les  portables seront examinés.

À la prison de Petit-Verger, une cellule a été perquisitionnée par une équipe d’intervention. Le même jour, des prélèvements d’empreintes et des analyses d’ADN ont été effectuées pour les  comparer à celles enregistrées dans le registre des détenus. Une partie du mur, peinte en rouge, a attiré l’attention des gardiens. Après vérification, ils ont constaté qu’il s’agissait d’une cachette. Ils ont gratté une partie du mur et ont récupéré deux téléphones Android.

Selon des informations recueillies par les services de renseignements de la prison, certains gardiens seraient de mèche avec des détenus. Des « petits moineaux » approchent ensuite les gardiens dans la plus grande discrétion pour récupérer les colis. « Kan ena la fouy, bann prizonie soufle pu donn sinyal pou kasyett  telefonn », indique une source proche de la prison. Parfois, des appareils téléphoniques sont déposés à même le sol. « Sur le champ, c’est difficile pour nous de savoir qui les utilisent », nous explique cette même source.

Les barons se cachent souvent derrière des hommes de main. Dans le passé, les téléphones cellulaires étaient saisis sur les détenus eux-mêmes, ou dans leurs cellules. Mais depuis peu, les bilans des opérations crack down ont démontré que des téléphones continuent à être introduits entre les quatre murs des prisons, parfois en pièces détachées. Les gardiens affirment pourtant qu’ils font de leur mieux pour contrer ces actes illégaux. Ils soulignent également que l’administration a besoin d’appareils sophistiqués pour pouvoir mener à bien leur travail quotidien. On évoque, notamment, l’aide de drones, de brouilleurs et de détecteurs spéciaux.

Les saisies sont  référées à la police et les prélèvements d’indices scientifiques se font sur les lieux. Les gardiens ont été invités à manipuler les équipements saisis avec précaution afin de ne pas endommager les indices susceptibles d’être analysés de manière professionnelle. Dans le passé les objets saisis étaient simplement placés sous scellés. Désormais, tout objet est analysé sur place et les prélèvements d’ADN permettent d’identifier les détenus, grâce aux registres d’ADN de tous les détenus. « Si les analyses pouvaient être effectuées dans un meilleur délai, ça nous aiderait énormément », confie un des gardiens.

 

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