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Nouvelles arrestations - corruption à la NTA : le ver est dans le fruit 

Les nouvelles arrestations à la NTA relancent le débat sur la corruption qui aurait cours au sein de l’organisme.
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En l’espace d’une semaine, le Principal Traffic Warden de la National Transport Authority et une Management IT Support Officer de l’organisme ont été arrêtés. Ils sont soupçonnés d’être impliqués dans l’octroi de permis d’opération frauduleux. L’affaire relance le débat sur la corruption qui aurait cours à la firme. Un ex-préposé, désormais à la retraite, a accepté de parler des pratiques dont il aurait été témoin du temps où il travaillait au centre de contrôle technique à Cassis. Le Défi Plus s’est aussi rendu sur les lieux pour un constat… 

« Swa to ena kontak laba, swa kikenn koz pou twa. Kontak ki koze laba. » Propos d’un ancien préposé qui a travaillé pendant plusieurs années au centre de contrôle technique de la National Transport Authority (NTA), à Cassis. Désormais à la retraite, il dit avoir vu des « trasman » en tous genres au sein de l’organisme. Le « service » est rendu moyennant une certaine somme d’argent, dépendant de l’état du véhicule. 

Somduth Vikram Koosool.
Somduth Vikram Koosool.

Dans la plupart des cas, le paiement entre le propriétaire du véhicule et les préposés se fait discrètement. Certains examinateurs ne manquent pas d’imagination. « Larzan poz kot frin abra ou anba tapi », explique un habitué du centre. On parle là de pots-de-vin allant de Rs 300 à Rs 500, somme convenue après un examen préliminaire du véhicule. Dans les cas où l’état du véhicule est exécrable, le tarif peut grimper jusqu’à Rs 1 500. Pour ce qui est des poids lourds ou des minibus, le prix peut atteindre Rs 5 000. 

Le Défi Plus s’est rendu sur place pour un constat. Il faut, au préalable, contacter au téléphone l’agent X, qui se chargera du « trasman », et lui fournir le numéro du véhicule. Ses collègues sauront ainsi qu’il s’agit de son « client ». Une fois sur place, on conseille au client de placer la somme convenue dans la carte grise du véhicule. Celui-ci est ensuite conduit vers la fosse de vérification. Le technicien ouvre le capot et fait mine d’en vérifier le contenu, pour les besoins des caméras de surveillance. « Ena fer zes pe tcheke. Si zot trouv problem, zot pa dir nanie », dit une source.

Des pseudonymes utilisés  

Comment font les agents véreux pour ne pas se faire épingler ? Ils utilisent des pseudonymes. En fait, lorsque le propriétaire d’une voiture contacte l’examinateur véreux, celui-ci ne divulgue jamais son nom exact. C’est sans doute ce qui explique pourquoi on entend souvent des prénoms inhabituels dans le centre. Lorsque nous demandons à être orientés vers un examinateur « conciliant », on nous balance les noms « Rocco » et « Ti-Vitess ». Notre informateur ajoute : « Bannla pou fer travay la zot. Nek al laba rod zot. » 

Pooja Munbodh.
Pooja Munbodh.

Les examinateurs véreux sont de connivence. Ils savent déjà quel automobiliste est le « client » de chacun. Les négociations se font au préalable au téléphone. Des simulacres de vérification des véhicules se font sous l’objectif des caméras de surveillance pour ne pas éveiller de soupçons. 

Puis il y a ces individus qui n’ont officiellement rien à faire au centre mais qui sont souvent vus dans les parages. Il s’agit pour la plupart d’employés de concessionnaires qui ont fini par se lier d’amitié avec des examinateurs. Ces individus finissent par devenir des intermédiaires entre les propriétaires de voitures et les agents véreux. 

Examinateurs poursuivis

Trois examinateurs de la NTA sont poursuivis devant la cour intermédiaire pour avoir falsifié les registres de cet organisme. Tous plaident non coupables dans cette affaire qui remonte à 2014. Le procès sera entendu sur le fond le 9 octobre 2019.Danesh Dowlot, 43 ans, Veekash Sarju, 44 ans, et Girdharry Khurun, 37 ans, sont accusés de fraudulent alteration of public document. Ce délit est punissable sous les articles 107 et 121 du code pénal. Dix-sept accusations ont été retenues dans le cadre de ce procès qui concerne 17 véhicules.  

Plus récemment, soit le lundi 19 août 2019, Somduth Vikram Koosool, le Principal Traffic Warden de la NTA, a été arrêté. Le jeudi 22 août, c’est Pooja Munbodh, une Management IT Support Officer de l’organisme, qui a été interpellée et placée en détention. Tous deux sont soupçonnés d’être impliqués dans l’octroi de Public Service Vehicle Licences (PSVL) frauduleux. 

Kumar, le propriétaire des deux minibus saisis par la police et les inspecteurs de la NTA à Flic-en-Flac en début de semaine, a expliqué ses liens avec le Principal Traffic Warden. « Ce cadre possédait un minibus que je lui ai racheté », a expliqué le suspect aux enquêteurs. C’est de cette manière qu’il dit avoir fait la connaissance de Somduth Vikram Koosool. Le propriétaire des véhicules a fait ressortir qu’il cherchait à obtenir une Public Service Vehicle Licence pour le transport de touristes. Le Principal Traffic Warden lui aurait fait comprendre qu’il pouvait faciliter ses démarches. 

Chandrasen, un des propriétaires de minibus qui a été arrêté jeudi pour avoir été en possession d’un permis falsifié, est celui qui a incriminé le haut cadre. Il a soutenu avoir remis Rs 5 000 à ce dernier pour obtenir le permis. Pour la police, c’est ainsi qu’entre en jeu la Management IT Support Officer. Pooja Munbodh est soupçonnée d’avoir rempli et délivré un faux permis portant sa signature. Les limiers pensent que les deux employés ont été payés pour faciliter l’octroi de ces permis. Or, dans le système informatique de la NTA, il n’y a aucune trace de ces véhicules détenteurs de PSVL. 

Assisté de son avocat Me Yousuf Mohamed (Senior Counsel), Somduth Koosool a fait valoir son droit au silence. La jeune femme a, elle, nié toute implication dans ces actes frauduleux. Elle a obtenu la liberté provisoire après avoir été inculpée de faux en écriture. Vendredi, Chandrasen a été inculpé pour s’être servi de faux documents. Il a obtenu la liberté conditionnelle. 

D’autres fonctionnaires de la NTA sont dans le viseur des enquêteurs. À vendredi, trois minibus qui n’étaient pas aux normes ont été saisis par les limiers de l’Anti-Piracy Unit.

Comment cette situation a-t-il perduré ? Un ex-officier avance que Somduth Koosool a bénéficié de trop de liberté. « À un moment il était affecté au Registration/Licensing. Même si les demandes et les examens pour l’octroi des certificats de fitness ne faisaient pas partie de ses attributions, il ne se faisait pas prier pour fourrer son nez dans ce domaine. Il était donc impliqué dans l’octroi des numéros personnalisés. » Lors d’une perquisition à son domicile, l’assistant surintendant Hector Tuyau et ses hommes ont trouvé des documents qui n’auraient pas dû être en sa possession.

D’ex-policier à Principal Traffic Warden 

Somduth Vikram Koosool, 49 ans, habite à Henrietta. Homme pieux connu dans le quartier, il participe à la gestion d’un temple de la région. C’est dans la force policière qu’il a débuté sa carrière. Il a ensuite passé une quinzaine d’années à la Special Mobile Force. Il a quitté la force policière avec le grade de caporal pour aller commencer une nouvelle aventure à la NTA. Nous avons vainement tenté d’obtenir le point de vue de Koshik Reesaul, commissaire de la NTA. Nous avons été invité par sa secrétaire à envoyer nos questions par courriel, mais elles sont restées sans réponse.

 

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