Conséquences de la Covid-19, hausse du coût de fret, retard dans l’approvisionnement, appréciation des devises étrangères. Cette tendance va-t-elle se poursuivre cette année ?.
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Bien que 2020 ait été une année difficile sur le plan économique en raison de la pandémie Covid-19, il n’y a pas eu de famine et encore moins de grande pénurie de denrées alimentaires à Maurice, soutient le président de l’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (APEC), Suttyhudeo Tengur. « Cependant la crise a amené les Mauriciens à vivre la nouvelle ‘normalité’ et à avoir le sens plus aiguisé en faisant leurs achats », dit-il.« Je pense que les Mauriciens feront des achats intelligents et utiles pour subvenir aux besoins familiaux », soutient Suttyhudeo Tengur. D’autant plus que 2021 ne sera pas une année de reprise spectaculaire pour l’économie mondiale, ajoute-t-il.
Mosadeq Sahedin, président de la Consumer Advocacy Platform (CAP), abonde dans le même sens. Ce dernier soutient que les consommateurs devront se préparer à une crise sans précédent, avec la contraction économique et les pertes d’emploi. « Les consommateurs seront contraints de changer leurs habitudes de consommation en préférant les produits les moins chers et les produits locaux », affirme-t-il. Selon lui, Maurice étant un net importateur, une hausse des prix des denrées de base ne peut être écartée. « Avec une hausse du fret et la rareté des cargos, les prix seront impactés », dit-il. D’ailleurs, selon lui, le contrôle des prix pourra s’imposer de nouveau afin que les produits essentiels restent accessibles aux plus démunis.
Eric Ng, économiste : «Vers une hausse générale des prix en 2021»
En raison des licenciements attendus en 2021, l’économiste Eric Ng est d’avis que la consommation en général baissera par rapport à 2020, même si le gouvernement étend le Wage Assistance Scheme pour une certaine période. De plus, les Mauriciens sont de plus en plus prudents dans leurs dépenses. « Même si un vaccin efficace est trouvé d’ici peu, les séquelles de la Covid-19 continueront à peser sur la consommation durant l’année 2021 », prévoit-il.
Par ailleurs, il souligne qu’il faudra s’attendre à une hausse générale des prix en 2021, avec pour conséquence que le taux d’inflation sera plus élevé. « Ces dernières semaines, après un semblant d’accalmie sur le marché des changes, la roupie a recommencé à perdre de la valeur contre les principales devises. Cette nouvelle dépréciation de la roupie va se répercuter sur les prix à l’importation dans les premiers mois de l’année », soutient l’économiste.
En outre, ajoute-t-il, la compensation salariale, qui sera effective fin janvier, va aussi inciter les commerçants à revoir leurs prix à la hausse. « Enfin, la forte expansion de la masse monétaire de ces six derniers mois verra ses effets se traduire dans les prix au cours de l’année 2021 », conclut-il.
Ces produits qui coûteront plus cher ou moins cher
Céréales et grains secs
Malgré une production stable des céréales et grains secs sur le marché international, les prix devraient connaître une légère hausse, prévoient les importateurs. Cela en raison du coût de fret qui a augmenté et de l’appréciation des devises étrangères.
Viandes
Le distributeur Panagora anticipe des augmentations de prix sur certains produits importés, comme la viande. « Les prix sont grandement impactés par l’inflation dans le pays d’origine, le coût du fret et la dévaluation de la roupie mauricienne vis-à-vis des principales devises », soutient Yovan Jankee, Head of Strategy & Communication chez Panagora.
Soja et maïs
L’augmentation du prix de certaines matières premières, comme le soja ou le maïs, pourrait également impacter l’industrie locale.
Médicaments
La hausse des prix des médicaments se poursuivra en 2021, préviennent les pharmaciens. Cela en raison d’une pénurie de certains médicaments sur le marché international, l’augmentation des devises étrangères et la hausse du coût du fret.
Légumes
Selon les planteurs, si la production vivrière se maintient avec une pluviosité abondante, on peut prévoir une légère baisse des prix.
Paroles aux opérateurs et observateurs
Ignace Lam, PDG d’Intermart : «Business As Usual en 2021»
Ignace Lam, le PDG de l’enseigne Intermart, ne s’attend pas à de grands changements au niveau de la consommation des Mauriciens. « D’ailleurs pendant le confinement, les gens avaient beaucoup d’appréhensions. Certains craignaient des pénuries de produits alimentaires. Mais finalement, tout est retourné à la normale », dit-il. Pareillement, poursuit-il, les consommateurs ne devraient pas s’inquiéter : « Ce sera du Business As Usual en 2021 et la consommation des Mauriciens sera stable », soutient-il. « Les devises étrangères se stabilisent graduellement. Ainsi, les prix seront plus ou moins pareils », rassure Ignace Lam.
Yovan Jankee, Head of Strategy & Communication chez Panagora : «Une reprise de la consommation vers mi-2021»
Hormis la crise de la Covid-19, il y a divers obstacles qui fragilisent les fondamentaux notre économie, estime le Head of Strategy &Communication chez Panagora, Yovan Jankee. Il cite en exemple l’impact de la liste noire sur le secteur financier, le flux touristique très faible pour l’hôtellerie et le tourisme, les craintes sur l’emploi et l’endettement des ménages, le taux d’inflation, entre autres. «Maurice est une économie ouverte. En Europe, de nombreux pays sont de nouveau en confinement malgré la mise en circulation de vaccins anti-Covid-19 », fait-il ressortir. De ce fait-il, les premiers mois de 2021 seront difficiles et une reprise de la consommation est attendue vers la mi-année.
Sonny Wong, COO d’Innodis : «Le ralentissement de la consommation se poursuivra»
Le Chief Operating Officer (COO) d’Innodis, Sonny Wong, constate que la consommation a ralenti depuis ces derniers mois et la tendance va probablement se poursuivre en ce début d’année. Il ajoute que la dépréciation de la roupie face aux monnaies étrangères principales et l’augmentation du fret ont contribué à une augmentation des prix en général. Ayant peu de visibilité sur la reprise graduelle des activités touristiques, il affirme que c’est difficile de se prononcer sur la tendance au niveau de la consommation. « Néanmoins, nous devons faire de notre mieux afin de continuer à offrir aux consommateurs des produits de qualité à des prix abordables », soutient-il.
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