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Nouvel An - « Oubliés » des hôpitaux : un appel lancé aux familles 

Certains patients, qui obtiennent leur autorisation de sortie, attendent en vain que leurs proches les récupèrent. Photo d'illustration

En cette période de l’année, certaines personnes âgées et des malades restent pendant plus de jours que prévu dans les hôpitaux. Le personnel médical lance un appel aux citoyens pour leur demander de ne pas abandonner leurs proches et de ne pas engorger les établissements de santé. 

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Une attente de plus en plus longue. C’est ce que vivent en ce moment quelques personnes dans les hôpitaux. Elles ont déjà obtenu leur autorisation de sortie, mais elles attendent avec impatience que leurs proches viennent les récupérer. D’autres sont admises à l’hôpital psychiatrique pour une plus longue durée et auraient aimé passer quelques jours à la maison, auprès de leurs proches. 

Malheureusement, certaines ne recevront même pas de visite en cette période de fêtes et cela fait mal au cœur. Entre-temps, ce sont les membres du personnel de santé qui s’activent pour leur apporter un peu de baume au cœur, comme l’explique E. H., une infirmière : « Fer sagrin ou trouv vye dimounn pe atann ki zot fami vinn sers zot. Zot dir nou zot anvi ale, me toulezour bann-la dir demin zot pe vini parski pena transpor. » 

Un autre infirmier de l’hôpital psychiatrique avance, pour sa part, que certains malades espèrent voir leurs proches. « Ena pa gagn okenn vizit. Zot fer pli move lerla kan zot trouv mama ou frer zot kamarad pe vini. Ena pe atann depi lontan. Toulezour zot demann nou si zot fami pou vini zordi la », raconte-t-il. 

Une situation qui touche les membres du personnel au plus haut point. Ils essaient, tant bien que mal, de faire oublier à ces patients ce chagrin, mais eux-mêmes ont mal au cœur. 

Ashwin Sodhoo : « Laissez la place aux cas urgents » 

Ashwin Sodhoo, responsable des plaintes au niveau du ministère de la Santé, souligne l’importance de conscientiser le public. « Il est vrai que certaines personnes rejetées par leurs familles ne savent pas où aller quand elles quittent l’hôpital. Les Medical Social Workers essaient de recontacter leurs proches. Quand la démarche n’aboutit à rien, ils tentent de leur trouver une maison d’accueil. » En cette période de fêtes, il demande aux familles dont les proches ont obtenu leur autorisation de sortie de ne pas les laisser à l’hôpital. « C’est une très mauvaise chose. D’abord, cette personne se sent abandonnée. Puis il ne faut pas oublier que l’hôpital est un lieu qui reçoit des cas d’urgence. En cette période, il y a malheureusement beaucoup d’accidents, que ce soit sur nos routes ou à la maison. Il ne faut surtout pas engorger les hôpitaux. »

Armoogum Parsuramen : « Il faudrait un service de repas à domicile pour les personnes âgées sans famille » 

Sollicité pour une réaction, Armoogum Parsuramen, président et fondateur de la Global Rainbow Foundation, explique que les personnes âgées se retrouvent souvent isolées parce que leurs proches sont éloignés ou tout simplement parce qu’elles n’ont plus de famille. Il suggère la mise en place d’un « service de repas ou de visites à domicile à l’intention des personnes âgées qui n’ont plus de famille, comme cela se fait dans d’autres pays, afin qu’elles passent de bonnes fêtes ». 

Il explique que l’âge étant un facteur favorisant l’isolement, la possibilité de renouer avec la société un soir de fête est souvent très enthousiasmante. « Cela apporte de la gaieté et un sentiment de gratitude envers son entourage. »

Selon lui, ce moment de l’année devrait représenter l’occasion la plus importante de briser la solitude et de renforcer les liens intergénérationnels. « Comme le fait de se retrouver autour d’un bon repas pour Noël ou le Nouvel An, entouré de sa famille. Cela représente, pour les aînés, la joie, la convivialité et le réconfort. » 

Armoogum Parsuramen estime qu’il faut que certains cessent de considérer le fait de s’occuper des personnes âgées comme une contrainte ou un fardeau. « Laisser un parent âgé à l’hôpital pendant les fêtes, alors qu’il a obtenu son autorisation de sortie, est d’une tristesse sans nom. La vieillesse est l’affaire de tous. C’est une étape qui nous concerne tous. C’est le moment de s’interroger sur notre attitude vis-à-vis de nos parents », dit-il. 

Dans le cadre des activités de l’Université du 3e Age de Maurice (U3AM), dont il est aussi le président-fondateur depuis neuf ans, il explique qu’un temps est dédié aux seniors. « J’ai pour habitude de rendre hommage à nos aînés en général, à leur précieuse expérience, à leur contribution au sein de la société et à leur incidence sur nos vies, toute générations confondues. » Il précise que nos aînés ont donné et continuent de le faire. Raison pour laquelle, dit-il, il ne faut pas les laisser tomber. « Il est important d’avoir, à leur égard, une attention particulière, de reconnaître en eux une grande richesse sur le plan humain, social, religieux et spirituel. »

Armoogum Parsuramen exhorte les Mauriciens à continuer ensemble à construire une société basée sur le respect, à être bienveillants envers les retraités afin que leur vie soit le plus douce possible.

Questions à….Dr A. Gopee, Consultant-in-Charge à l’hôpital Brown-Séquard : «350 résidents sont considérés comme des Long-Stay Patients» 

De manière générale, est-ce qu’il y a encore des gens qui continuent d’« abandonner » leurs proches dans les hôpitaux, surtout en cette période de fêtes ? 
En cette fin d’année, il n’y a pas eu d’abandon à l’hôpital Brown-Séquard. Mais durant l’année, certains demandent une hospitalisation prolongée de leurs proches en fonction de la nature de leur maladie, surtout si ces derniers font preuve d’un comportement agressif. Si le médecin traitant constate qu’il y a effectivement des risques d’agressivité et de violence de la part du patient, il accède à la demande des proches. 

Certains ont-ils recours à des subterfuges pour ne pas avoir à récupérer leurs proches qui obtiennent leur autorisation de sortie ? 
Il arrive souvent que des personnes ne récupèrent pas leurs proches qui sont autorisés à quitter l’hôpital Brown-Séquard. Les services sociaux prennent alors le relais. Ils font le nécessaire pour que ces patients regagnent leur domicile ou pour trouver des solutions en concertation avec des membres de la famille. 

Combien de patients sont dans cette situation en ce moment ? 
350 personnes sont, en ce moment, considérées comme des « Long-Stay Patients » à l’hôpital Brown-Séquard. La durée d’hospitalisation varie de quelques mois à plusieurs années. Ces patients y sont parce que leurs proches ont refusé de les prendre sous leur responsabilité. 

Toute tentative de réinsertion au sein de la famille s’est soldée par un échec. Quand la famille ne peut plus gérer la maladie de leur proche, l’hôpital le prend en charge. Une bonne partie reçoit la visite de leurs proches. Mais certains patients ne reçoivent pas de visite. 

Si vous aviez un message à adresser à ces familles en cette fin d’année, quel serait-il ? 
Prenez vos proches chez vous au moins pendant la période des fêtes. C’est notre responsabilité de les prendre en charge. Nous n’avons pas d’inconvénients à le faire en tant que soignants, mais il y a un souci d’engorgement qui se pose. 

Comment venez-vous en aide à ces personnes ? 
Nous faisons de notre mieux pour améliorer leur quotidien. Nous nous assurons qu’elles reçoivent le traitement adéquat et que leurs besoins quotidiens sont satisfaisants. Il y a toujours eu des « Long-Stay Patients » à l’hôpital Brown-Séquard. 

La politique de l’établissement a toujours été de tout faire pour que la réinsertion familiale soit un succès. Quand elle se solde par un échec, nous considérons le placement dans des « Private Residential Care Homes ». Sur les 350 « Long-Stay Patients », 100 peuvent être placées dans ce type d’établissement. 

En collaboration avec le ministère de la Santé, celui des Finances et la National Social Inclusion Foundation, certains s’apprêtent à quitter l’hôpital Brown-Séquard. On prévoit le départ de 25 patients dès janvier 2023.

 

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