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Nouveau PM au Royaume-Uni : les implications pour Maurice 

Le premier discours du Premier ministre britannique après sa victoire (Photo : Yahoo News UK).
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Sir Keir Starmer, leader du Parti travailliste britannique, a été élu Premier ministre du Royaume-Uni la semaine dernière. Quelles sont les implications de l’instauration d’un nouveau gouvernement britannique pour Maurice ? Y a-t-il de nouvelles opportunités ou alors des préoccupations à prévoir ? Le point. 

Une page politique se tourne avec le retour des travaillistes au pouvoir au Royaume-Uni. Tout juste élu avec une large majorité de 412 sièges à Westminster, le nouveau Premier ministre britannique promet de « rebâtir » le pays. Sa priorité : s’attaquer aux défis qui l’attendent. Parmi : des services publics en crise, une faible croissance et des finances publiques fragilisées. 

Au niveau du gouvernement mauricien, on nous fait comprendre que ce sera la continuité des relations diplomatiques et commerciales avec le Royaume-Uni. « C’est un marché principal pour Maurice, que ce soit en termes de commerce international, d’investissement ou encore de tourisme. Nous continuerons de collaborer dans la même direction, voire d’améliorer davantage nos relations et de développer de nouvelles collaborations », indique-t-on.

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Bhavish Jugurnath estime que le leadership du nouveau PM britannique représente des opportunités potentielles pour des pays partenaires comme Maurice.

L’économiste Bhavish Jugurnath fait ressortir que le gouvernement de sir Keir Starmer se concentre sur des objectifs à long terme et vise à apporter des changements durables. « Stimuler la croissance économique est une priorité. La réforme du système de soins sociaux est à l’ordre du jour pour améliorer les services aux citoyens. Ces priorités indiquent l’engagement de Keir Starmer à s’attaquer aux problèmes pressants et à reconstruire le pays », soutient-il. Selon lui, le leadership du nouveau Premier ministre aura probablement des répercussions au-delà du Royaume-Uni, notamment des opportunités potentielles pour des pays partenaires comme Maurice. 

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Selon Bernard Saminaden, la diplomatie mauricienne devrait discuter de nouveaux axes de coopération avec le gouvernement britannique.

Ce n’est pas l’observateur économique Bernard Saminaden qui dira le contraire : « Le Royaume-Uni et Maurice partagent des relations bilatérales et commerciales depuis plusieurs années. Avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement, on peut s’attendre à de nouvelles opportunités qui s’ouvrent à nous. » Il indique que Keir Starmer a été clair dans sa première déclaration comme Premier ministre, qu’il reconstruira le pays tout en mettant l’accent sur l’amélioration des services publics et sur la classe des travailleurs. 

« Du coup, je ne crois pas qu’il mettra en péril les relations que partage la Grande-Bretagne avec d’autres pays. Au contraire, il utilisera davantage la diplomatie pour améliorer la situation économique de son pays », pense l’observateur économique. Il est d’avis que le nouveau gouvernement travailliste adoptera une approche axée sur les anciennes colonies britanniques, principalement les pays africains. 

Bernard Saminaden fait aussi ressortir que la protection de l’environnement est une priorité pour le nouveau gouvernement britannique. « Maurice peut négocier des possibilités de soutien et de collaboration à ce sujet, surtout au vu de notre grande vulnérabilité face aux changements climatiques », dit-il.


Secteur financier

Business as usual

Kamal
Kamal Hawabhay, Managing Director de GWMS Ltd.

Les politiques fiscales du nouveau Premier ministre britannique peuvent avoir un impact sur le secteur offshore et financier de Maurice à travers des amendements aux lois réglementaires. Toutefois, Kamal Hawabhay, Managing Director de GWMS Ltd, affirme que rien n’a été dit à ce sujet. « Jusqu’à présent, le nouveau Premier ministre anglais n’a rien dit sur les changements qu’il compte apporter aux lois. Donc, pour nous, c’est business as usual. Nos opérations avec le Royaume-Uni se poursuivent normalement », avance-t-il. 

Cependant, il souligne que les entreprises mauriciennes qui travaillent avec l’Angleterre devront suivre de près l’arrivée du nouveau gouvernement britannique ainsi que toutes les décisions prises. « S’il y a des révisions de certaines taxes ou de nouvelles régulations mises en place, les entreprises concernées à Maurice seront certainement impactées », appuie-t-il.

 

 

 

 

De nouvelles opportunités d’affaires à l’horizon 

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François de Grivel est optimiste pour l’industrie touristique de Maurice.

Maurice exporte divers produits vers le Royaume-Uni, tels que le textile et les produits de la mer. Avec un nouveau gouvernement, des changements dans la politique commerciale britannique pourraient affecter ces secteurs. Cependant, l’industriel François de Grivel affirme que, dans l’immédiat, il ne voit pas de changements importants concernant les exportations des produits mauriciens vers le Royaume-Uni. 

En ce qui concerne les accords commerciaux entre les deux pays, il avance que ceux-ci seront maintenus même si le gouvernement change. « Les traités sont respectés entre les États, sauf s’il y a une force majeure qui obligerait le gouvernement à changer sa décision. Mais en règle générale, les accords sont protégés », dit l’homme d’affaires. Selon lui, avec un nouveau gouvernement, il y a des opportunités de renforcer davantage les relations économiques entre Maurice et la Grande-Bretagne. 

Avis partagé par Bernard Saminaden, qui pense que la diplomatie mauricienne devrait saisir cette occasion pour discuter de nouveaux axes de coopération et privilégier une entente privilégiée avec le nouveau gouvernement britannique. Il indique que les investissements dans le secteur pharmaceutique à Maurice peuvent, par exemple, être à l’agenda. 

Bhavish Jugurnath abonde dans son sens. L’économiste affirme que Maurice reste un partenaire commercial important pour le Royaume-Uni et que son économie diversifiée offre des opportunités de collaboration ainsi que de croissance. En 2023, indique-t-il, le Royaume-Uni a importé pour 768 millions de livres sterling de biens et services en provenance de Maurice. 

« Les importations totales de biens du Royaume-Uni en provenance de Maurice se sont élevées à 109 millions de livres sterling au cours de cette période », ajoute-t-il. Les importations totales de services du Royaume-Uni en provenance de Maurice étaient de 659 millions de livres sterling. Ces services, poursuit-il, couvrent des domaines, tels que les services financiers, le tourisme et le conseil professionnel. « Avec les priorités économiques du nouveau gouvernement, je prévois que le commerce et les investissements augmenteront davantage entre les deux pays », soutient l’économiste.

Dossier Chagos

Forte attente

L’arrivée d’un nouveau gouvernement britannique soulève plusieurs questions sur le dossier Chagos. Au niveau du gouvernement mauricien, on fait comprendre qu’il est un peu tôt pour discuter de cette question. « Le nouveau gouvernement vient d’être constitué », laisse-t-on entendre. 

Bhavish Jugurnath affirme, pour sa part, qu’il n’y a pas d’informations spécifiques liant les politiques de Keir Starmer directement à la question des Chagos. « Cependant, les décisions de politique étrangère plus larges de son gouvernement pourraient indirectement influencer la situation. Nous espérons qu’il trouvera une solution à la question des Chagos dans l’intérêt de Maurice », dit-il. 

Avis partagé par François de Grivel. « On espère que le problème des Chagos sera finalement réglé », dit-il. Bernard Saminaden est, lui, d’avis que les élections générales à Maurice seront également un facteur déterminant sur la question des Chagos.

Tourisme

Une hausse du pouvoir d’achat des Anglais attendue

Nos interlocuteurs s’accordent à dire que les politiques économiques du gouvernement travailliste visent à stimuler la croissance et le pouvoir d’achat, ce qui pourrait favoriser les voyages à l’étranger, y compris vers des destinations comme Maurice. Bernard Saminaden indique que la Grande-Bretagne est le troisième plus gros marché après la France et la Réunion. 

D’ailleurs, il est bon de noter qu’entre janvier et mai 2024, 54 945 touristes anglais ont foulé le sol mauricien. « Si Keir Starmer met en place des politiques visant à augmenter le pouvoir d’achat des Anglais, l’industrie touristique de Maurice pourrait profiter de cette hausse », soutient-il. 

François de Grivel abonde dans son sens. « La Grande-Bretagne est passée par des crises importantes ces dernières années, ce qui a affecté le pouvoir d’achat des Anglais. Mais le nouveau gouvernement a exprimé son intention de rétablir le pouvoir d’achat. Je reste optimiste à ce sujet », avance-t-il.

  • Leal

 

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