Les entreprises devront prendre les dispositions nécessaires pour augmenter les employés qui touchent le salaire minimum dont le montant passe à Rs 10 200. Quel sera le coût additionnel qu’elles devront prévoir à partir de janvier 2020 ? Comment comptent-elles procéder pour couvrir ces dépenses ? Parole aux responsables des compagnies qui emploient plusieurs centaines d’employés.
RT Knits (2 000 employés) : Plus de Rs 10 millions à prévoir
RT Knits, compagnie spécialisée dans le textile, compte 2 000 employés, dont 800 Mauriciens. « Parmi nos collaborateurs mauriciens, très peu sont concernés par le nouveau montant du salaire minimum. Quoi qu’il en soit, nous allons devoir trouver Rs 10 millions de plus. C’est une augmentation conséquente », avance Kendall Tang, directeur exécutif de RT Knits. « Chaque entreprise, ajoute-t-il, devra trouver une façon d’augmenter sa productivité plus vite que la hausse des coûts. L’entrepreneur et son équipe devront trouver une formule. S’ils n’arrivent pas à faire cela, malheureusement, ils seront hors-jeu », fait-il ressortir.
Comment la compagnie RT Knits compte-t-elle pallier ce coût supplémentaire ? « Cela fait 49 ans que nous existons. Chaque fois que nous avons des idées, nous les mettons en œuvre. D’ailleurs, nous avons réalisé d’innombrables projets qui nous ont permis de compenser toute hausse des coûts », explique notre interlocuteur.
Ainsi, RT Knits investit chaque année une grosse partie de ses bénéfices dans l’amélioration de ses outils de travail (NDLR : automatisation de la production, celle de la logistique, mais aussi l’automatisation des processus et des données) et de ses ressources humaines. La compagnie a aussi recruté des experts en qualité et à l’amélioration du système. « Toutes ces mesures contribuent à baisser nos coûts et c’est ce qui nous a permis de payer toute augmentation salariale », conclut Kendall Tang.
Hassen Taher Seafoods (500 employés) : un coût additionnel de 10 %
90 % des employés de Hassen Taher Seafoods – la compagnie est spécialisée dans la pêche ainsi que dans la distribution, l’importation et l’exportation des produits de mer – touchent au-delà du nouveau quantum proposé pour le salaire minimum. « Ce sont des employés qui comptent de longues années de service », explique Bahim Taher Khan, Executive Director de Hassen Taher Seafoods. L’entreprise devra, malgré tout, payer le nouveau montant du salaire minimum au reste des employés. « Cette augmentation représente un coût additionnel de 10 %, soit plusieurs centaines de milliers de roupies. Cela va définitivement peser sur nos activités », souligne Bahim Taher Khan. S’il indique que la compagnie « fera des efforts », il souligne que la direction espère en retour « plus de sérieux et de productivité de la part des employés en vue de pouvoir couvrir ce coût additionnel ».
SKC Surat Group (650 travailleurs) : environ Rs 12 millions à trouver
« L’augmentation du salaire minimum représente un frais additionnel de Rs 12 millions pour notre entreprise en incluant les heures supplémentaires », estime Suren Surat, CEO de SKC Surat Group (NDLR : le groupe, qui compte 650 employés, est spécialisé dans la distribution et l’importation des fruits et légumes et gère parallèlement l’enseigne Food Lovers Market). Un montant qui porte son poids surtout, souligne notre interlocuteur, que le marché est compétitif.
Pour couvrir cette dépense supplémentaire, la compagnie compte jouer sur deux plans. « Il nous faudra être plus efficients dans la mesure du possible. Pour cela, nous allons devoir augmenter nos ventes tout en contenant ou en diminuant nos frais », explique Suren Surat qui écarte toute éventualité de passer cette hausse à la clientèle. Le CEO de SKC Surat Group fait ressortir, dans la même foulée, qu’il faut « couper la poire en deux ». « C’est très bien qu’il y a plusieurs lois qui ont été promulguées en faveur des employés. C’est dans la bonne direction. Toutefois, il faut une balance entre le business et les employés pour que l’entreprise continue à faire des profits, à investir et à rester compétitive afin de pouvoir survivre », ajoute-t-il, tout en soulignant que des mesures d’accompagnement seraient souhaitables.
Gamma Materials (400 salariés) : l’impact du RO plus important que la hausse du salaire minimum
Les coûts au niveau des salaires ont déjà grimpé chez Gamma Materials. Ce n’est pas Frédéric Polenne, General Manager de Gamma Materials (NDLR : la compagnie, qui compte 400 employés, produit et commercialise le sable, le macadam, le bloc, le béton prêt à l’emploi, les produits décoratifs en béton, entre autres), qui dira le contraire. « Le Remuneration Order pour le secteur de la construction fixe déjà les salaires de la profession au-dessus du salaire minimum. Le RO, qui a été revu cette année, a donc plus d’impact que le salaire minimum sur nos activités », explique notre intervenant.
Gamma Materials doit composer cette année avec un coût additionnel de 12 % sur les salaires avec la révision du RO. Des frais qui vont grimper à 25 % d’ici cinq ans. Pour Frédéric Polenne, l’urgence se fait sentir pour « travailler sur la productivité » des collaborateurs. « Il nous faudra revoir notre organisation et augmenter la compétence des employés afin que celle-ci corresponde à leur niveau de salaire et de productivité », fait-il ressortir. Ce qui ne sera pas sans conséquence surtout pour la clientèle. « Je ne vois pas comment augmenter les salaires sans que cela n’ait un impact sur les prix de nos produits », avance-t-il. Les consommateurs et les constructeurs sont donc prévenus !
EN CHIFFRES
120 000
C’est le nombre de travailleurs qui touchent le salaire minimum à Maurice.
Rs 10 200
C’est le nouveau montant du salaire minimum qui était de Rs 9 400.
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