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Noorah : «Ma sœur a tellement souffert…»

Fareeda Jeewooth était une enfant martyre. Noorah Jeewooth, Deven Chiniah et Pallavi Khedoo, la mère de la petite.
  • Elle fera appel de la sentence contre la mère de l’enfant

Les trois ans de prison dont a écopé Pallavi Khedoo, la mère de sa demi-sœur, sont insuffisants, affirme Noorah Jeewooth. Selon elle, cette dernière est tout autant coupable du martyre qu’a subi Fareeda.

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Son combat est loin d’être terminé. Un combat qu’elle mène depuis la mort, dans d’atroces circonstances, de sa demi-sœur Fareeda Jeewooth, 9 ans, le 29 mars 2020 à Quatre-Cocos. Aussi longtemps qu’elle n’aura pas obtenu justice, Noorah Jeewooth, 23 ans, ne déposera pas les armes. C’est la promesse faite à sa petite sœur qui a été battue à mort, brûlée, découpée et enterrée sous un tas de fumier et de cendres de canne… 

Les bourreaux de la petite : Pallavi Khedoo, sa propre mère, et Deven Chiniah, le compagnon de cette dernière. Jeudi 18 mai, en Cour d’Assises, ils ont été condamnés, respectivement, à 40 ans et 3 ans de prison. Lorsque la sentence a été rendue, la jeune femme de 23 a immédiatement signifié son intention de faire appel en levant la main. « Nous sommes d’accord avec la peine de 40 ans de prison pour le meurtrier, mais nous ne comprenons pas la condamnation de 3 ans pour la mère. Ce n’est pas suffisant, compte tenu du martyre que Fareeda a subi. Elle a été tuée, brulée, puis dissimulée sous du fumier », lance avec colère, indignation et douleur Noorah Jeewooth.

Complicité de meurtre

La jeune femme n’en démord pas. Pallavi Khedoo est tout autant coupable de la mort de Fareeda que Deven Chiniah. « Elle est également complice du meurtre de sa propre fille. Elle a largement contribué à cet acte en ne défendant jamais les intérêts de Fareeda face aux violences qu’elle subissait de la part de son compagnon », s’insurge Noorah Jeewooth.

D’ailleurs, poursuit-elle, ce jugement n’est pas dissuasif pour d’autres agresseurs et meurtriers potentiels. « Si une mère peut être condamnée à seulement trois ans de prison après avoir pris la vie de son enfant, cela ouvre la porte à d’autres personnes qui pourraient commettre des crimes similaires à l’avenir », déclare-t-elle.

La jeune femme mentionne le cas du petit Ayaan, battu à mort par son beau-père Sheik Mohammed All Ashar Sobratee, le 12 novembre 2020, pour illustrer la nécessité d’un jugement sévère et dissuasif. Ce dernier a écopé d’une peine de prison de 39 ans. « Pour ma sœur, il y a des éléments troublants bien plus graves, ce qui justifie une condamnation beaucoup plus sévère », insiste-t-elle.

Si Noorah Jeewooth se bat ainsi pour sa demi-sœur, c’est parce que c’est elle qui a eu la lourde tâche de procéder à l’identification du corps à la morgue. « Les policiers à la morgue m’ont demandé à plusieurs reprises si j’étais sûre de pouvoir affronter ce que j’allais voir », raconte-t-elle.

Le choc

Une fois dans la salle, c’est la désolation et le choc. « Je ne l’ai pas reconnue immédiatement… » dit-elle. La jeune femme révèle que la fillette de 9 ans était complètement carbonisée. « Elle était dépourvue de vêtements, son corps était noirci par les brûlures. Seul un morceau de son pied était resté intact, épargné par les flammes. C’est grâce à cette partie que j’ai pu l’identifier… » 

Après cette expérience douloureuse et traumatisante, elle est tombée gravement malade. Mais par la suite, Noorah Jeewooth a décidé d’assister aux audiences l’année dernière afin de porter la voix de sa défunte sœur. « Elle a tellement souffert que je ne pouvais simplement pas rester les bras croisés en attendant le jugement », explique-t-elle.

Dans l’édition de Le Dimanche/L’Hebdo du 18 septembre dernier, la jeune femme déplorait des lacunes dans l’enquête de la police. Selon elle, de nombreuses « négligences » auraient été commises. Elle avait dévoilé en exclusivité une série de photos témoignant des violences que subissait sa sœur. 

« Nous avions des photos qui auraient pu être utilisées dans l’enquête policière. Nous voulions les présenter au magistrat pour prouver que ma sœur était une enfant martyre et que ce n’était pas la première fois qu’elle était battue. Elle avait des bleus sur tout le corps et des marques de blessures, et cela avait été dissimulé pendant tout ce temps », dit-elle. 

De plus, déplore Noorah Jeewooth, la Child Development Unit n’a pris aucune mesure pour protéger sa petite sœur. « Elle a été remise entre les mains de ses bourreaux, alors qu’elle avait dit qu’elle voulait rester avec son grand-père », s’indigne-t-elle. La jeune femme déplore également le fait qu’aucun membre de la famille n’a témoigné dans le cadre de l’enquête policière.

Noorah Jeewooth affirme que sa petite sœur et elle étaient complices. « Nous nous voyions principalement lors des fêtes et j’étais très proche d’elle », dit-elle. Elle précise que la fillette aimait souvent s’habiller comme elle : « Pour la fête d’Eid-ul-Fitr, nous portions la même tenue et mon meilleur souvenir d’elle, c’est qu’elle était une fille très affectueuse envers son entourage. »

Ainsi, bien que la petite Fareeda ne pourra jamais réaliser ses rêves de princesse, Noorah Jeewooth entend, elle, se battre pour qu’elle puisse reposer en paix, lorsque justice lui sera enfin rendue. 

Rappel des faits

Le drame s’est produit le 29 mars 2020, à Quatre-Cocos, alors que le pays était en plein confinement dû à la pandémie de Covid-19. Dans son récit à la police, la mère, Pallavi Khedoo, a expliqué que ce soir-là, elle avait entendu des bruits intrigants provenant de la chambre de sa fille. En entrant, elle a découvert son compagnon Deven Chiniah en train d’embrasser la fillette, qui était partiellement dévêtue. 

Pallavi Khedoo a alors utilisé une ceinture pour frapper sa fille lorsqu’elle lui a dit que c’est Deven Chiniah qui l’avait incitée à agir ainsi. Ce dernier avait nié ces accusations et violemment frappé l’enfant à la tête avec un morceau de bois, proférant des paroles cruelles.

Après ces terribles événements, la petite a déclaré à sa mère qu’elle se sentait étourdie. Elle a été mise au lit, mais malheureusement elle a arrêté de respirer. 

Le couple a alors décidé de se débarrasser du corps. Il a tenté de le brûler et de le découper, mais finalement il l’a placé dans des sacs poubelles et a utilisé un scooter pour l’enterrer dans un champ de canne à Mare du Puits. 

Le cadavre a été recouvert de fumier et de cendres de canne.

 

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