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Nominations controversées : le changement… pour les mêmes

Les nominations de Frédéric Curé, gendre du DPM Paul Bérenger, et de la fille d’Ehsan Juman, ont créé une vive controverse.

Les récentes nominations controversées à Maurice relancent le débat sur le népotisme et la loyauté politique. Jeunes et observateurs dénoncent favoritisme, absence de transparence et obstacles à la méritocratie.

La nomination de Nabiihah Juman au poste de commissaire à la Competition Commission, ainsi que celle Frédéric Curé à la tête d’Airport Holdings Ltd, entre autres récentes nominations controversées, relance un débat ancien : jusqu’où la loyauté politique peut-elle primer sur le mérite dans les nominations publiques ? Dans un pays où la confiance envers les institutions se fragilise, chaque désignation devient un test de la capacité du pouvoir à concilier efficacité politique et exigence démocratique.

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Fille du député travailliste Ehsan Juman, Nabiihah Juman affirme posséder « les qualifications requises » et assure qu’elle exercera ses fonctions « en toute indépendance ». Mais l’annonce a suscité de vives réactions, sur les réseaux sociaux comme dans le public. L’élu de la circonscription n˚3, interrogé lors de l’émission « Au Cœur de l’Info » le 12 août, a longuement défendu la nomination de sa fille, affirmant ne pas en avoir été informé au préalable. Une explication qui a irrité bon nombre de Mauriciens, pour qui l’accès à un emploi demeure souvent long et incertain. Les propos du Junior Minister Rajen Narsinghen, évoquant « l’affinité politique » comme critère d’accès à des postes clés, ont également alimenté la controverse.

Pour Mahen Seeruttun, ancien ministre des Services financiers, la situation actuelle contraste fortement avec les promesses de l’Alliance du Changement, qui avait fait campagne sur les principes mêmes de transparence et d’équité dans les nominations. « Ils affirmaient vouloir opérer une rupture afin de réduire les abus et de restaurer la confiance des citoyens dans le fonctionnement de nos institutions. C’est une véritable aberration », estime-t-il. 

« Jeunes dinosaures »

Il dénonce également ce qu’il considère comme un « véritable family business » concernant la nomination de Frédéric Curé : « Certes, on dira qu’au MSM, nous faisions la même chose. Mais, comme nous l’avons toujours dit, nous ne sommes pas contre le recrutement de proches du pouvoir, à condition qu’il y ait la compétence et que les critères exigés pour le poste soient strictement respectés. »

Patrick Belcourt, leader du mouvement En Avant Moris, partage cette critique : « Si une personne ne porte pas un certain nom ou n’appartient pas à une famille influente, elle ne peut espérer obtenir un emploi » à la hauteur de ses compétences. Il critique vivement la reproduction des pratiques jadis dénoncées par le gouvernement actuel, alors qu’il était dans l’opposition. « Ce que l’ancien régime avait mis des années à mettre en place dans sa marche vers la dictature, ce gouvernement le réalise en seulement huit mois. »

Il regrette que « ce que nous voyons aujourd’hui, c’est la préparation du terrain pour de jeunes dinosaures », dénonçant un climat qui décourage la jeunesse et étouffe leurs perspectives.

« Le mérite prime »

Le gouvernement, lui, rejette toute accusation de favoritisme. D’ailleurs, répondant aux accusations de pratiques décriées, Mahend Gungapersad, ministre de l’Éducation, soutient que « ce n’est pas exactement la même pratique ». Il affirme que « les nominations sont faites selon les compétences, mais à la base, c’est l’expérience qui prime ». Il annonce la mise en place prochaine d’un Appointments Committee, qui permettra selon lui une plus grande transparence dans les nominations.

Comment en finir avec les cas de favoritisme et les nominations fondées sur les affinités personnelles ? Pour l’observateur politique Jocelyn Chan Low, la solution consiste à créer « un comité indépendant chargé d’évaluer objectivement les candidats » afin de professionnaliser l’administration publique. L’adoption d’une telle procédure à Maurice renforcerait la méritocratie et réduirait les risques de nominations partisanes.

« C’est l’une des voies à explorer si nous voulons réellement professionnaliser notre administration publique », souligne-t-il, rappelant que ce type de procédure existe déjà aux États-Unis et dans d’autres pays.

Ramgoolam : « Al chek enn kout bann nominasion MSM ti fer… »

« Al chek enn kout bann nominasion MSM ti fer, lerla ou revinn get mwa… » C’est par cette phrase que le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a répondu à une question de Radio Plus concernant les récentes nominations qui suscitent de vives réactions. Il n’a pas souhaité répondre à d’autres interrogations sur le sujet. Navin Ramgoolam assistait, ce mardi, aux célébrations des 50 ans du collège MGI à Moka.

 

 

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