Interview

Nomination day au No 7 - Jean Claude de l’Estrac : «Le renouveau souhaité ne s’est pas réalisé»

Jean Claude de l’Estrac

Jean Claude de l’Estrac se dit déçu des listes de candidats publiées dans la presse. Pour lui, la partielle au no 7 n’a pas lieu d’être, surtout à l’aube d’élections générales. Il nous livre son analyse de la situation actuelle et des enjeux auxquels sont confrontés les forces en présence.

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Le dépôt de candidatures a eu lieu samedi. Un tout premier regard sur la liste...
Je ne sais si les listes publiées dans la presse  à ce stade sont exactes. Si tel est le cas, je pense qu’elles provoqueront une grande déception chez les électeurs. Le renouveau souhaité ne s’est pas réalisé : peu de nouvelles têtes, peu de jeunes, peu de femmes.

Avait-on besoin de cette partielle, qui coûte à l’État beaucoup d’argent ?
Je continue à penser qu’il n’y aura pas de partielle. Ce serait se moquer du monde. Si l’Alliance au pouvoir avait organisé cette partielle au lendemain de la vacance, cela aurait eu du sens politique, mais pas maintenant à la veille des élections générales. Cela n’a plus aucun intérêt.

Le PTr a aligné Anil Bachoo, solide comme candidat. Est-ce un choix qui vous paraît juste ?
Si la partielle se tient malgré tout, oui, Anil Bachoo fait un excellent candidat. Dans une partielle, le poids personnel du candidat est déterminant, sa notoriété aide, son expérience politique compte.

Les débats parlementaires retransmis à la télévision ont probablement ouvert les yeux de plus d’un»

En face, on a un novice qui défendra les couleurs du MSM. Fera-t-il le poids ?
Un novice part avec beaucoup de handicaps. Le choix de ce candidat me pousse encore plus à croire que l’Alliance ne pense vraiment pas à prendre un tel risque à la veille des générales.

Le MSM joue gros en cas de défaite…
Effectivement ! Il ne va pas jouer son avenir sur la tête d’un néophyte.

Dans le cas d’une victoire des rouges, cela permettra-t-il un retour en force du PTr sur l’échiquier politique ? Cela redonnera-t-il un boost à Navin Ramgoolam ?
Vous persistez à croire que ces partielles auront lieu… Mais si le MSM veut jouer avec le feu, il se brûlera. Pravind Jugnauth n’est pas un nouveau venu en politique et il a été à bonne école. Il ne prendra pas de risques inutiles. Il pourrait être tenté d’organiser cette partielle que s’il était sûr de la victoire. Mais on est sûr de rien en politique. Ramgoolam et Bérenger en ont fait la démonstration lors des dernières législatives.

Il y a aussi cette possibilité que la partielle soit annulée à la veille de l’élection et que le Parlement soit dissout.

C’est ce que je crois. De toute manière, le Parlement sera automatiquement dissous. Le scénario le plus probable est l’annonce du Nomination Day pour les élections générales peu de temps avant le Polling Day annoncé pour la partielle.

Dans l’éventualité d’un tel scénario, quelle serait la configuration probable ?
Les tractations ne sont pas terminées. À ce stade, la seule certitude, c’est que le MMM ne contractera aucune alliance pour les prochaines élections. Ce ne sera pas facile pour lui, mais c’est un choix honorable. Sa performance dépendra beaucoup de son thème de campagne, que l’on ne connaît pas encore.

En termes de configuration, la seule question encore en suspens reste la position du PMSD. Il est clair que les travaillistes sont hésitants. S’il est vrai que l’apport du PMSD peut leur assurer deux ou trois sièges supplémentaires, le coût en investitures peut leur apparaître trop élevé. De ce point de vue, le MSM pourrait se montrer plus généreux.

Je crois aussi que les chefs de partis qui anticipent un résultat serré vont vouloir s’assurer de la pleine loyauté de leurs candidats. Avec la configuration qui se dessine, on ne peut exclure des reconfigurations post-élections.

Je continue à penser qu’il n’y aura pas de partielle. Ce serait se moquer du monde»

Des pourparlers ont eu lieu entre le leader du PTr et le MP et le PMSD. Est-ce un trio gagnant face au MSM/ML ?
Je ne vais pas me hasarder à un pronostic à ce stade. Nous y verrons bien plus clair après le Nomination Day et la publication officielle des listes de candidats. J’ai tendance à penser que la qualité des candidats importera davantage aux électeurs cette fois. Les débats parlementaires retransmis à la télévision ont probablement ouvert les yeux de plus d’un…

Le MMM a fait savoir que la partielle ne l’intéressait pas. Comment expliquer cette posture ?
Le MMM a raison de ne pas vouloir participer à ce jeu stérile, si tant est qu’il se déroule.

Le PMSD aussi boude la partielle. C’était attendu ?
Avec raison ! Et avec calcul. De toute manière, et le MMM, et le PMSD savent qu’ils ne pèsent pas lourds électoralement dans cette circonscription. Moins encore dans une partielle.

Même si, au final, la partielle n’aura pas lieu, les partis mèneront quand même campagne...
La campagne a déjà débuté. Les partis au pouvoir sont, eux, en campagne permanente. Manifestement, ils vont s’appuyer sur leur bilan, qui n’est pas insignifiant. Dans une partie de l’électorat, chez les seniors, par exemple, il est même très apprécié. La question est de savoir si, globalement, l’électeur votera sur un bilan. 

 

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