L’avouée personelle du Premier ministre, Shamila Sonah-Ori, ne veut plus être considérée pour siéger comme membre de l’Electoral Supervisory Commission et de l’Electoral Boundaries Commission. Elle a adressé une correspondance au Président par intérim, mercredi soir, pour l’en informer.
«Considering the bad faith, and various statements made by different members of the opposition especially the Leader of Opposition and the « politisation à outrance »of this matter, I do not wish that my nomination to serve my country be proceeded further ». C’est ce qu’on peut lire dans la correspondance signée Shamila Sonah-Ori.
L’avouée personnelle de Pravind Jugnauth avait été désignée pour siéger au sein de l’Electoral Supervisory Commission (ESC) et de l’Electoral Boundaries Commission (EBC). Elle fait ressortir que c’est à la suite de la conférence de presse du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, samedi dernier, qu’elle a été informée qu’elle était pressentie pour siéger sur ces deux commissions électorales. Elle ne manque pas d’ajouter que les arguments mis en avant par le leader de l’opposition avaient pour unique but de salir sa réputation.
Shamila Sonah Ori ajoute qu’elle est avant tout une professionnelle avec 25 ans d’expérience au barreau « and have always carried my duty with dedication, honesty and integrity » et qu’elle n’est pas disqualifiée pour siéger comme membre de l’ESC et l’EBC.
Xavier-Luc Duval a vertement critiqué cette nomination, car il considère que « c’est l’intégrité et l’indépendance du bureau électoral qui sont menacées. » Il a, quelques jours après sa conférence de presse, aussi eu une rencontre avec le président de la République par intérim, Barlen Vyapoory pour tenter de le dissuader d’aller de l’avant.
Rencontres entre les leaders politiques et le président de la République par intérim
Mercredi matin, le président de la République par intérim (p.i.), Barlen Vyapoory, avait fait la déclaration suivante au Défi Quotidien : « Je prendrai ma décision à la lumière des observations qui me sont parvenues. » Sauf qu’il y a eu un revirement dans la soirée : Shamila Sonah-Ori lui a remis une lettre pour dire qu’elle ne souhaitait pas être nommée membre de l’Electoral Supervisory Commission (ESC) et l’Electoral Boundaries Commission.
Le Président p.i. a rencontré à tour de rôle Paul Bérenger, leader du MMM, Alan Ganoo, leader du Mouvement patriotique, et Shakeel Mohamed, chef de file du Parti travailliste au Parlement, à la State House mercredi matin. Il avait également reçu Xavier-Luc Duval, leader de l’opposition.
« Je les ai convoqués parce que j’ai constitutionnellement le pouvoir de les faire venir ici pour les écouter », explique Barlen Vyapoory. Selon la Constitution, il procède à la nomination d’abord après avoir eu l’avis du Premier ministre après que ce dernier a consulté le leader de l’opposition.
Levée de boucliers
Depuis samedi, il y a une levée de boucliers généralisée de l’opposition contre celle qui occupait le poste de commissaire pour la protection des emprunteurs. Responsabilité qui lui a été confiée par le Premier ministre en 2015.
Ce que l’opposition reproche à cette nomination est que Shamila Sonah-Ori, cousine par alliance de Pravind Jugnauth, a déjà affiché ses couleurs MSM à plusieurs reprises dans le passé. Elle avait été élue conseillère municipale de Quatre-Bornes sous la bannière orange en 2000 et est restée dans le giron MSM depuis. Ceci fait d’elle « une activiste politique notoire » pour Xavier-Luc Duval. Le leader de l’opposition, dans un post publié sur Facebook mercredi soir, déclare, en parlant du désistement de Shamila Sonah-Ori : « C’est une grande victoire pour la démocratie. »
De son côté, Paul Bérenger n’a pas voulu révéler la teneur de la conversation qu’il a eue avec le président de la République p. i. mercredi matin. Il a précisé que Barlen Vyapoory doit consulter tous les leaders du Parlement et que c’est justement ce qu’il fait.
Shakeel Mohamed se repose sur l’article 38 de la Constitution pour affirmer qu’ « un fonctionnaire n’a pas le droit d’être nommé pour siéger à l’ESC. Depuis 2015, elle est membre de la Commission for the Protection of Borrowers. Elle y est toujours. Comme elle est un public officer, elle est disqualifiée pour hold office as a member of Supervisory Commission.
Même le président de la République ne peut nommer un fonctionnaire à ce poste. J’ai préféré me prononcer sur ces éléments afin de faciliter la tâche au Président avant qu’il ne prenne sa décision. »
À sa sortie de la State House, Alan Ganoo a, pour sa part, déclaré : « Nous avons exprimé nos réserves par rapport à la nomination de Shamila Sonah-Ori. Nous voulons que les institutions qui fonctionnent selon la Constitution continuent à inspirer le respect. Je fais confiance au président de la République p. i. »
Pravind Jugnauth : « Je n’ai aucune objection »
Shamila Sonah-Ori n’est pas disqualifiée selon la loi et la Constitution pour siéger à l’Electoral Service Commission et à l’Electoral Boundaries Commission. Pravind Jugnauth a fait cette déclaration, mercredi après-midi à l’issue d’une cérémonie marquant le premier anniversaire de la Citizen Support Unit à Ébène.
« Le Président m’a consulté et, comme stipulé dans la Constitution, il a aussi consulté le leader de l’opposition. Je ne sais pas qui d’autre il a consulté. Il y a une opposition de la part de Xavier-Luc Duval. C’est le Président qui décidera », a-t-il dit. Le Premier ministre a affirmé qu’il n’a personnellement aucune objection.
« D’après la Constitution et la loi, elle n’est pas disqualifiée. C’est vrai qu’elle est mon avouée mais Désiré Basset est mon avocat. Dev Gowreea, qui est membre de la commission, est le beau-frère de Satish Faugoo qui est politicien. Nargis Bundhun, qui est aussi membre de cette commission, est le frère de Raouf Bundhun qui était dans la politique. Mais je ne suis pas en train de dire que ces personnes sont disqualifiées », a souligné Pravind Jugnauth.
Le chef du gouvernement a indiqué que si Shamila Sonah-Ori est apparentée à lui par alliance, cela ne signifie pas pour autant qu’elle est disqualifiée. « Personnellement, je regarde ce que la loi dit. La loi ne dit pas qu’elle est disqualifiée. Elle est très claire. L’opposition a donné son point de vue. Légalement, il n’y a rien qui la disqualifie », a conclu Pravind Jugnauth.
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