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Noël sans eux…

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Entre souffrance, tristesse et nostalgie, ils cherchent à garder le lien avec les disparus. Mais la réalité les rattrape, surtout aux moments de joie. Comment vivre sans ceux qui faisaient leur bonheur ?

Anthony Rosalba tué dans un accident à Ripailles 

Samantha, sa soeur : « Kan mo mank li mo al lor so tomb »

anthony

Samantha n’arrive pas à se faire à l’idée que son frère Anthony Rosalba, 31 ans, est parti à jamais. Ce jeune habitant de Bois-Marchand est décédé après que la voiture dans laquelle il se trouvait est entré en collision avec un véhicule stationné, avant de prendre feu. L’accident s’est produit à Ripailles, dans la soirée du 3 juillet. L’ami du jeune homme, Ismaël Zemira, a également péri. 

Samantha confie que Noël ne sera pas célébrée comme à l’accoutumée, avec la disparition subite de son frère de qui elle était très proche. La famille, raconte-t-elle, a également été affligée par la disparition de sa grand-mère, survenue quelques jours avant le décès d’Anthony. « Ma grand-mère avait l’habitude d’inviter tout le monde pour Noël. Cette fois-ci, il n’y aura pas ça… »

Bien que ses enfants soient encore petits, Samantha souligne qu’ils sont affectés par la situation. « Quand ils cherchent leur oncle, je leur dis qu’il est au ciel, alors ils regardent là-haut et me disent qu’ils ne le trouvent pas… »

Samantha dit vouloir passer un message à son défunt frère : « Tu me manques beaucoup. Malgré nos petits différends, tu me manques vraiment. » Depuis, elle révèle qu’elle ne rate pas une occasion de se rendre sur la tombe de son frère, vu qu’elle habite non loin du cimetière de Bois-Marchand : « Kan mo mank li, mo al lor so tomb, mo koz ek li. » 

« Ce n’est pas facile, mais la vie doit continuer », dit la jeune femme, résignée.

Sa sœur victime d’un meurtre

Smita : « So bann zanfan ena drwa viv enn moman Nwel »

shabneezDepuis le meurtre de sa sœur, Shabneez Ebrahim Dawood, c’est Smita qui s’occupe de ses enfants, trois fils âgés de 4, 10 et 13 ans. Mais l’absence de Shabneez, aussi appelée Swapna, pèse lourd, surtout en cette période de fêtes. 

« Se vre zot mank zot mama, me nou fer zot bliye sa pou zot grandi dan enn fason normal », confie Smita. Et de révéler que les enfants célèbreront Noël pour quasiment la première fois, cette année. Les pratiques religieuses du père faisaient qu’ils ne pouvaient le faire. 

Mais cette fois-ci, Smita assure qu’elle veillera à ce que les enfants aient chacun un cadeau pour Noël. « So bann zanfan zot ena drwa viv enn moman Nwel. »

Elle est néanmoins consciente que les rassemblements familiaux pour le Nouvel an ne seront plus les mêmes, avec la tragique disparition de sa sœur. « Touletan pou lane, nou ti pe ansam, fer dine. » Aujourd’hui, Smita regrette que plus rien ne sera pareil. « Nous avons perdu un membre de la famille, li pa fasil… »

Shabneez Ebrahim Dawood a été tuée en octobre dernier par son époux Burkut Ally. Il ne pouvait accepter leur séparation. Son cadavre a été retrouvé dans un champ de canne, enveloppé dans un drap à Grand-Baie, le jeudi 5 octobre. Burkut Ally a avoué avoir agi par jalousie, après avoir appris que Swapna envisageait de refaire sa vie avec quelqu’un d’autre. Burkut Ally est incarcéré depuis, dans l’attente d’un procès. 

Un accident lui arrache son épouse et leur fils d’un an

Denis Pierre : « Mo pou al depoz enn zwe pou mo zanfan sa plas aksidan-la »

anishka
Anishka Pierre a laissé derrière elle deux enfants de 8 et 10 ans. L’accident n’a laissé aucune chance au nourrisson. Denis Pierre a connu la douleur de devoir enterrer son épouse et leur fils d’un an.

Presque cinq mois se sont écoulés depuis la disparition d’Anishka Pierre, 27 ans, et de son fils Léon, âgé d’un an, dans un accident survenu sur l’autoroute de Pailles, aux petites heures du dimanche 13 août. Mère et fils étaient à bord d’un minibus qui a fait une sortie de route après qu’un pneu a crevé, alors qu’ils se rendaient à une soirée Jam-Inn à Petite-Rivière, en famille. 

Pour Denis Pierre, l’époux et le père des victimes, cette période festive ne sera plus pareille. Il compte aller sur les lieux du drame pour y déposer un jouet comme cadeau pour son fils. « Mo pou al depoz enn zwe pou mo zanfan plaz kot aksidan, en hommage », confie Denis à Le Dimanche/L’Hebdo. 

Il dit n’avoir d’autre choix que d’avancer dans la vie, surtout pour ses deux enfants, âgés aujourd’hui de 8 et 10 ans. Denis Pierre partage qu’il ne peut oublier ce drame, même s’il fait de son mieux pour éviter ce tragique souvenir autant que possible à ses deux enfants. 

« Quand ils demandent, je leur dis que même si leur mère et leur frère sont au ciel, ils sont toujours avec nous. » 

C’est avec le cœur lourd que Denis Pierre passera Noël et le réveillon du Nouvel an, en compagnie de ses deux enfants. « Nous étions cinq, aujourd’hui il ne reste que nous trois… »

Entre tristesse et joie feinte

Nous avons sollicité une psychologue pour nous éclairer sur l’état d’esprit d’une personne endeuillée en cette période festive. Sous le couvert de l’anonymat, elle évoque des émotions telles que la tristesse, la peur, la colère, au lieu de la joie et de la gaieté qui émanent dans l’entourage et dans le grand public.  « Cette situation est parfois difficilement gérée par certains, qui éprouvent alors un agacement ou une gêne lors des rassemblements et des moments de bonheur des autres », fait-elle comprendre. « Il est difficile d’accepter de trouver la joie quand nous sommes dans la tristesse et la souffrance », ajoute-t-elle.

Certes, certains jouent le jeu pour ne pas affecter leur entourage. « Dans une famille, un membre peut être plus affecté que les autres après la mort d’un des leurs. Donc, il tente de faire comme si de rien n’était et affiche les sourires pour ce moment de gaieté et de joie, afin de ne pas gâcher l’ambiance. Mais en réalité, la personne souffre dans son for intérieur », souligne la psychologue.

 

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