Noël derrière les barreaux : célébrations chaleureuses en prison pour les détenues et leurs tout-petits

Noël est traditionnellement une période de joie, de partage et de célébration en famille. Cependant, pour les détenues qui passent les fêtes derrière les barreaux, cela peut être particulièrement difficile. La direction carcérale explique que des initiatives offrent un semblant de chaleur et d’espoir aux détenues et à leurs jeunes enfants.

Dans un contexte où la réinsertion sociale est au coeur des préoccupations, la prison des femmes de Beau-Bassin met en place des programmes spéciaux pour permettre aux mères détenues de célébrer Noël avec leurs enfants en bas âge. Ces initiatives visent à humaniser l’environnement carcéral et à renforcer les liens familiaux, souvent mis à rude épreuve par l’incarcération.

Des décorations festives ont été installées dans les espaces communs, créant ainsi une atmosphère chaleureuse dans tous les centres pénitenciers à travers le pays (NdlR : l’Eastern High Security Prison de Melrose, la prison de Phoenix, la prison centrale de Beau-Bassin, la prison des femmes, la prison de GRNO, la prison ouverte de Richelieu et la prison de Petit-Verger). Les détenues, fait-on comprendre, sont encouragées à participer à la décoration de leur espace de vie, contribuant ainsi à l’esprit communautaire.

Les services religieux prennent une importance particulière pendant cette période, offrant aux détenus l’occasion de réfléchir, de trouver du réconfort spirituel et de renouer avec l’espoir. Une messe est également prévue dans les diverses prisons à travers le pays au matin du 25 décembre. Les détenus(es) de toutes les confessions pourront y assister. « Nous voulons donner un cachet national aux célébrations de Noël. Il est impossible d’ignorer les défis émotionnels auxquels les détenus sont confrontés pendant la saison des fêtes. La séparation d’avec la famille et la privation de liberté sont exacerbées en cette période de célébrations, faisant ressortir davantage la dureté de la réalité carcérale.

Certains détenus peuvent ressentir un sentiment d’isolement accru, mettant à l’épreuve leur résilience émotionnelle. Un prisonnier peu importe le délit qu’il a commis reste avant tout un être humain. La prison est, certes, faite pour les durs, mais ceux qui se prétendent être des durs à cuire sont en fait des moutons derrière les barreaux, car ils sont dépourvus non seulement de leur liberté, mais surtout de leurs proches. C’est pour cela que nous faisons de notre mieux afin de leur permettre de passer de belles fêtes tout en étant emprisonnés », précise le commissaire des prisons par intérim, Jagadisen Rungadoo.

Visites

L’un des aspects les plus significatifs de ces célébrations en prison est la possibilité de recevoir des visites familiales. Les moments partagés avec les proches, même dans un cadre restreint, prennent une importance exceptionnelle pendant les fêtes.

« Des détenues ont la chance de voir leurs enfants, à travers des ‘contact visit’, le jour de Noël », dit-il. Y a-t-il des échanges de cadeaux entre détenues ou entre détenues et gardiennes ? « Non. Il n’y a aucun échange de cadeaux en prison. Maintenant, il se pourrait qu’une détenue veuille puiser de ses ‘earnings’ afin d’offrir un présent à sa codétenue », souligne le commissaire des prisons p.i.

Quatre enfants en bas âge

Jagadisen Rungadoo indique par ailleurs qu’il y a actuellement quatre enfants en bas âge qui vivent en prison en compagnie de leur maman. Si certains, précise notre intervenant, sont encore nourrissons d’autres sont un peu plus grand. Il explique qu’un enfant peut demeurer auprès de sa mère en prison jusqu’à l’âge de 4 ans. Cela, en vertu de la loi. « À la prison des femmes de Beau-Bassin, il y a une unité ‘Mother Care’. Elle a été conçue pour permettre aux mamans de rester avec leurs enfants.

Une fois que l’enfant a atteint l’âge de 4 ans, il est admis en maternelle. La maternelle, qui se situe dans l’enceinte de la prison des femmes, est gérée par l’ONG Terre de Paix », explique le commissaire des prisons p.i. Ce dernier précise également que les sapins ont déjà été installés dans toutes les prisons à travers le pays. Jagadisen Rungadoo précise également que le département pénitentiaire va une fois de plus récidiver avec le projet ‘Angel Tree’ qui consiste à récolter des jouets pour ensuite les remettre aux enfants des détenues le jour de Noël.

Privilèges

« Les détenues étrangères (dont la plupart sont d’origines africaines) pourront également communiquer avec leurs proches, ainsi que leurs enfants, à travers des appels vidéo. Elles bénéficieront d’un appel vidéo additionnelle en raison de la période festive », rappelle le commissaire des prisons p.i. Quid de la nourriture qui sera distribuée ? Le département pénitentiaire régale les prisonniers à Noël, pour le nouvel An et pour la fête nationale. Le but ?

Accorder un traitement humain aux prisonniers (ères) en ces jours spéciaux. Les détenus(es) ont ainsi droit à un plat spécial (‘special diet’). Jagadisen Rungadoo indique que toute la population carcérale aura droit à un kalia de poulet à Noël. Un menu végétarien sera aussi servi pour l’occasion.

On ne peut pas évoquer les détenues sans parler des gardiennes. Selon des éléments recueillis auprès de l’administration carcérale, un planning (‘roster’) spécial a été établi pour les officiers des prisons pour Noël et le nouvel An. « Tous nos éléments doivent être mobilisés durant cette période spécifique.

Les jours de fêtes sont considérés comme étant un jour de travail normal. Il y aura cependant quelques petits arrangements. Par exemple, les officiers qui travailleront le 24 décembre ne travailleront pas le 25. Ceux qui seront présents le 1er janvier, prendront leur jour de repos le 2 janvier. Il est d’une importance capitale de penser au bien-être des officiers », fait ressortir le commissaire des prisons p.i.