Société

Noël dans les orphelinats: entre joie et tristesse…

Noël apporte son lot d’émotions comme dans les familles et dans les orphelinats. Pour les enfants placés en centre d’accueil ou en institution, cette fête est mieux célébrée avec leurs camarades que parmi les membres d’une famille déchirée alors que chez d’autres, cette fête leur ramène les plus précieux des souvenirs. Une visite s’impose. Il est 11 heures lorsque nous nous arrêtons à Albion en face d’une des maisons de l’association ‘Etoile du Berger’. Dans la cour, des enfants délaissent leurs activités et nous lancent un regard curieux. Quelques minutes plus tard, ils poussent des cris de joie, car ils sont heureux d’avoir reçu de la visite, la semaine dernière. En chœur, ils disent un chaleureux ‘Bonjour’. Ils ne sont guère timides, s’approchent, nous examinent de la tête au pied et nous invitent au centre. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5570","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-11718","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"350","height":"622","alt":"No\u00ebl dans les orphelinats"}}]]Ils sont en ce moment occupés à préparer les décorations de Noël. Ici et là, nous pouvons trouver des pins colorés, des guirlandes, des boules de toutes les couleurs et quelques emballages. De l’autre côté, les enfants taquinent leurs responsables. Ces derniers ne les quittent pas des yeux. Ils nous serrent la main, avec une partie de rigolade. Parmi, quelques volontaires sont aussi venus partager et vivre des moments de bonheur avec eux. Gilbert Lebreux, responsable du centre, explique que cette année, de nombreux enfants célébreront la Noël avec les familles qui les accompagnent tandis que d’autres iront partager un repas avec les petits des régions défavorisées. « La Noël, c’st un moment de partage. Nous voulons leur inculquer les valeurs et les traditions. Puis, ils participeront pour réaliser un tableau vivant de la paroisse à cette occasion ». Et pour les cadeaux ? Gilbert explique que les enfants se sont exprimés. « Nous leur demandons ce qu’ils souhaiteraient recevoir pour leur faire plaisir. Cette année, les filles ont demandé une piscine en plastique et des trousses de maquillage alors que les garçons souhaitent recevoir des jeux vidéo et autres accessoires. Ils veulent aussi obtenir des équipements pour la natation. Nous les quittons sur la pointe des pieds. Ils ne remarquent pas notre départ car ils s’adonnent aux préparatifs. Direction un autre centre pour combler les enfants handicapés de bonheur. Jessica les considère comme ses enfants. « Il est triste de voir que très peu de personnes s’intéressent à eux, que leurs parents ne viennent plus ou viennent rarement leur rendre visite. Certaines personnes leur lancent un mauvais regard avec mépris », explique-t-elle. « En cette période de fêtes, on ressent de la tristesse même s’ils ne peuvent pas s’exprimer ».

Des enfants (pas) comme les autres…

Jessica explique que ces enfants font parfois peur, poussent des cris et des hurlements et ils sont parfois violents. Abandonnés par leurs parents ou placés dans des centres par la Child Development Unit (CDU), ils ont été victimes de sévices sexuels, d’autres ont été victimes de maltraitance ou ils sont laissés-pour-compte. La patience et la compréhension sont importantes pour mieux s’occuper d’un enfant handicapé. Lorsqu’ils sont rejetés par leurs parents, qui voudront d’eux ? C’est un constat malheureux, mais une réalité qui incite à réfléchir. De nombreux enfants se retrouvent dans un hôpital psychiatrique où ils sont victimes de violence. Les enfants qui ne sont pas comme les autres doivent avoir les mêmes droits. Ils doivent grandir dans une famille et doivent être protégés de toute violence… et ils ressentent les peines qui leur hantent depuis leur abandon. » Dans chaque orphelinat, les célébrations de la Noël et du Nouvel an vont bon train. Chacun y participe en toute joie et tristesse…  
   

Association ‘Les amis de Don Bosco’: là où règne l’amour

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5571","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-11716","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1000","height":"511","alt":"Association \u2018Les amis de Don Bosco\u2019"}}]] Le foyer de Don Bosco, situé à Baie-du-Tombeau, accueille des enfants qui vivent dans des structures familiales. Roger Rabemananjara, le manager du centre, explique que cette année, les enfants ont reçu pas mal de cadeaux grâce à leurs partenaires. « Nous ne nous pourrons pas tout leur offrir, par exemple, les plus grands ont demandé des portables. Nous avons expliqué que nous pourrons leur faire plaisir mais, avec des petits cadeaux. Nous remercions tous ceux qui nous ont aidés pour l’achat des cadeaux, la préparation du repas et pour les autres dons en cette période de fêtes ». Le responsable explique que pendant les fêtes, c’est une ambiance familiale qui y règnera. « L’accent est mis sur la joie pour les célébrations de Noël et du Nouvel an. Les enfants sont contents de pouvoir participer aux préparatifs. C’est une fête magique. Elle rassemble tous ces enfants de différentes religions et cultures lors d’une célébration en famille ». Il avoue que malgré toutes les initiatives prises pour rendre les enfants joyeux, certains expriment la tristesse ce jour-là. « On retrouve surtout les grands qui sont tristes, ceux qui n’ont vécu, pendant plusieurs années, avec leurs parents biologiques. Ils se remémorent, en cette même période, des moments de joie vécus avec leurs proches. Ce qui les ramène à la réalité et à leur engagement ».  
 

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5572","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-11717","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"266","alt":"Etoile du berger"}}]]Des proches pleurent leurs enfants placés dans les institutions…

Parents, oncles ou tantes, ils pleurent ces enfants placés dans les centres car, en cette période, les visites sont difficiles comme nous raconte Pauline, une grand-mère, dont les petits-enfants célèbreront pour la première fois la Noël dans un orphelinat. « C’est à cause de mon gendre que mes enfants ont été placés dans un centre. Je souhaite les voir. Quand je demande la permission aux autorités concernées, on me dit que ce n’est pas possible. Comment peut-on me priver de les rencontrer pendant quelques minutes en cette période de fête ? On n’a même pas le droit de rendre une visite tandis que les étrangers font la fête avec eux. Les enfants et les proches sont tristes. Je ne fêterai pas la Noël, cette année… »  
   

K.G, orphelin et ex-pensionnaire: « Noël, le jour le plus triste de l’année… »

Il a grandi dans un orphelinat pendant plus de dix ans et revient sur ces années. « Quand j’étais petit, je ne me souviens que j’étais triste car on recevait des cadeaux, on jouait et on allait se promener. A l’âge de 12 ans, on m’a encouragé à aller voir ma mère qui avait d’autres enfants. Ce fut un moment difficile, car je ne m’étais pas habitué à une meilleure vie. Je n’ai aucun souvenir d’avoir vécu dans de telles conditions et, depuis ce jour, chaque Noël est le jour le plus triste de l’année, car en grandissant, les cadeaux avaient moins d’importance. Je ne cessais de penser à ces visages détruits par la misère et je pleurais. C’est le cas aujourd’hui, car ma mère est décédée. Je vis avec cette tristesse de n’avoir jamais pu lui offrir une meilleure fête de Noël ».  

Sheela, volontaire: « Ce n’est pas une visite au zoo… »

  Volontaire dans plusieurs institutions depuis des années, Sheela se désole du spectacle qui s’offre à elle. « Aujourd’hui, certaines institutions refusent des visites. Cela est très mal pris, mais, c’est pour le bien-être des enfants. De nombreux visiteurs y viennent. Je suis très offusquée par leur façon d’agir. Or, ce n’est pas une visite au zoo. Ils ne peuvent pas y venir, offrir de la nourriture, et se mettre debout dans un coin à regarder les enfants manger, et à prendre des photos souvenirs pour les poster sur les réseaux sociaux au lieu de partager ce moment, comme il se doit avec les enfants. Il faut changer la mentalité et encourager les gens à consacrer la plupart de leur temps à choyer ces enfants car ils vont se rappeler de ce moment partagé avec eux comme souvenirs ».
Publicité
Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !