- Le suspect est actuellement sous observation à l’hôpital Brown Séquard
Ce père est tiraillé entre une profonde douleur et un certain soulagement. Noël Clovis sait enfin que son fils Donovan, 28 ans, porté disparu depuis février 2022, est mort. Les ossements découverts en novembre 2023 (voir encadré) à Trou-aux-Biches, lui appartiennent bel et bien. Après plusieurs mois d’angoisse insoutenable, il se dit prêt à entamer son deuil, tout en espérant que justice soit rendue à son fils.
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Dans le sillage de l’enquête suivant la découverte des ossements, William Sanasee, un ami de Donovan Clovis, a été arrêté, le 18 novembre 2023, par l’équipe de la Crime Intelligence Unit (DCIU), dans la région de La Ferme, Rodrigues, où il s’était enfui après avoir eu vent que la police était sur sa piste. Selon la Major Crime Investigation Team (MCIT) et les informations du Field Intelligence Office (FIO), il aurait tué Donovan Clovis lors d’une dispute à son domicile à Trou-aux-Biches, avant de dissimuler le cadavre sous terre, dans une cour voisine, où les ossements ont été retrouvés.
« Depi koumansman mo ti pe dir William-em dernie dimounn ti ek mo garson », lâche Noël Clovis. Ce dernier, un habitant de Grande Pointe-aux-Piments, explique que Donovan a vécu avec sa mère à Grand-Baie, à la suite de leur séparation. Peu avant le drame, le jeune homme était revenu vivre chez son père. C’est ainsi qu’il aurait fait la connaissance de William Sanasee. Ce dernier, un Franco-Mauricien dont la mère vit actuellement à l’île de la Réunion, s’était installé à Trou-aux-Biches après avoir effectué son service militaire en France. Il s’était alors rapproché des jeunes du quartier, y compris Donovan Clovis.
« Kot William ti koumadir enn nik, tou bann zenes landrwa ti pe ale pou amize », confient des habitants du quartier à Le Dimanche/L’Hebdo. Selon eux, William Sanasee avait un caractère autoritaire et recevait ses « amis » pour des soirées bien arrosées. Des jeunes femmes fréquentaient aussi la maison, malgré son état de délabrement.
À l’époque, même sans connaître personnellement William Sanasee, dont il n’a fait la connaissance qu’après la disparition de son fils, Noël Clovis ne voyait pas d’un bon œil qu’il traîne avec ses nouveaux amis. « Li ti pe al get li fer so bann zafer la plans-a-vwal etc., apre li al kot li. » Il affirme avoir mis en garde Donovan, mais ce dernier n’en faisait qu’à sa tête.
« Dernie dimounn mo garson ti ete an vi sete William, le 22 février 2022. Apre sa, zame mo garson finn retourn lakaz », insiste Noël Clovis. Deux jours après la disparition de Donovan, il a alerté la police le 24 février 2022. Il soutient avoir soupçonné dès le départ que l’ami de son fils était impliqué dans sa disparition. À l’époque, les images des caméras de surveillance d’un hôtel avaient été examinées. On y voyait son fils aux côtés de William Sanasee, peu avant sa disparition.
Interpellé par la Criminal Investigation Division, William Sanasee avait nié toute implication et avait été relâché. Plus de deux ans après, les confirmations scientifiques ont révélé que les ossements retrouvés dans sa cour sont bien ceux de Donovan Clovis, plaçant désormais le Franco-Mauricien dans une position compromettante.
Noel Clovis, lui, n’en démord pas : William Sanasee est impliqué dans la mort de son fils. Il confie avoir toujours eu confiance en la MCIT et en l’équipe du sergent Gopychand. Il raconte que les policiers lui avaient expliqué que son fils disparu pourrait avoir été victime d’un meurtre.
« A lepok ti tann dir ena lezo dan so lakour, kan lapolis ti al gete an Novam, ti gagn lezo. » Noël Clovis dit avoir toujours eu le pressentiment qu’il s’agissait de son fils, et aujourd’hui, il en a la confirmation. Cependant, il ne comprend pas le motif d’un tel acte. Seule certitude pour ce père, c’est que « mo garson inn perdi lavi dan enn fason bien vilin ».
De nouvelles auditions prévues
Depuis le début de la semaine, la MCIT a entamé les procédures pour de nouvelles auditions de William Sanasee. Ce dernier, qui est en détention, a été placé à l’hôpital psychiatrique Brown Séquard, à Beau-Bassin, sous observation.
La mère de William Sanasee : « Je souhaite que mon fils puisse guérir »
William Sanasee souffrirait de graves troubles psychiatriques, selon Nathalie Groh, sa mère. « Il buvait et fumait du zamal, tout cela n’a fait qu’amplifier ses démons », a-t-elle déclaré lors d’un entretien avec Le Défi Media Group cette semaine. Bien qu’elle souhaite qu’il prenne conscience du mal qu’il a causé, elle a également plaidé pour que son fils reçoive un traitement psychiatrique approprié afin qu’il puisse se rétablir et qu’elle puisse enfin « le connaître vraiment ». « Je veux connaître vraiment mon fils. Là, ce n’est pas lui », a-t-elle déclaré.
lle a lancé un appel aux autorités : « Que mon fils purge sa peine à la Réunion s’il est reconnu coupable, afin qu’il bénéficie du suivi psychologique nécessaire pour sa santé mentale. » Toutefois, les autorités mauriciennes ne semblent pas prêtes à envisager le transfert de William Sanasee vers l’île de la Réunion. De son côté, Noël Clovis refuse cette éventualité, insistant pour que le meurtrier de son fils soit jugé à Maurice. « Linn fer kitsoz-la isi, aster pou al zize la Réunion ? Lazistis bizin fer dan Moris », martèle-t-il.
Les ossements découverts grâce à un lanceur d’alerte
C’est un détenu, incarcéré pour une affaire de vol, qui a mis les enquêteurs sur la piste de William Sanasee. Lors d’une audition, il a expliqué au sergent Gopychand du FIO que le jour de sa disparition, Donovan Clovis aurait accompagné William Sanasee à son domicile, avec une tierce personne, pour une soirée arrosée. Sur place, la situation aurait cependant dégénéré, selon le témoin en question.
À la suite de ce témoignage, une équipe de la DCIU, accompagnée d’éléments de la police scientifique, a procédé à une descente à Trou-aux-Biches le 18 novembre 2023. Ce qui a mené à la découverte des ossements. Par la suite, une opération a été menée pour retrouver William Sanasee à Rodrigues.
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