Noé Reddy, 26 ans : «ANFEN m’a montré que même un enfant en échec scolaire a un avenir»

« Jusque l’âge de 9-10 ans, je ne savais ni lire ni écrire. » Aujourd’hui, ce même enfant, qui avait échoué deux fois au Certificate of Primary Education (CPE), est architecte d’intérieur en Australie. Après une licence à l’University of Technology (Fashion and Design Institute), Noé Reddy, âgé de 26 ans, poursuit actuellement un « Advanced diploma in Civil Construction » à Perth pour concrétiser son rêve d’aller plus loin dans le domaine du design dans la construction.

Noé Reddy ne le nie pas : se forger un avenir a été un véritable parcours du combattant. Il a dû ramer contre vents et marées pour se construire un meilleur avenir. Analphabète, « je ne voulais plus aller à l’école. Je restais à la maison pour regarder ma bande dessinée préférée à la télé. De plus, j’en avais ras-le-bol des conflits répétés avec mes parents », se remémore-t-il. 

Après ses deux échecs au CPE, ses parents l’inscrivent dans une école pré-vocationnelle pendant six mois, mais il peine à s’y adapter. Admis, ensuite, à l’école de la Fraternité Nord-Sud, il rencontre feu Frère Julien Lourdes. Cette rencontre, affirme-t-il, a changé sa vie. 

« Julien m’a beaucoup aidé. Il m’a appris à lire, à écrire et à dessiner. Son apprentissage était différent. Je me plaisais et il me laissait faire les choses à mon rythme. C’était un immense réconfort », relate Noé Reddy dont la mère gagnait sa vie avec le nettoyage et le père, lui, est maçon. « En m’aidant, Julien avait un but. Il voulait que je refasse mon CPE. Il croyait en moi. Mon seul regret, c’est que j’ai perdu beaucoup de temps au primaire. »

En 2012, Noé Reddy met le cap sur l’école d’alphabétisation de Fatima, à Triolet, membre du réseau ANFEN, pour faire son niveau A, soit l’équivalent du CPE. « Je me suis appliqué et j’ai redoublé d’efforts. » Ainsi, ce même enfant qui jadis ne voulait plus aller à l’école, décroche 21 unités aux examens de CPE. 

Cependant, en raison de son âge avancé, il est contraint d’opter pour des cours de préparation à la vie professionnelle (PVP) basés sur les métiers en hôtellerie. Mais être admis dans un collège était la meilleure option pour lui. « C’est avec le cœur gros que j’ai quitté mes amis de l’école Fatima pour rejoindre le secondaire, au collège BPS Fatima à Goodlands où j’ai été admis directement en Form II. » S’il a pu y poursuivre ses études jusqu’à la Form V, il n’a toutefois pas été autorisé à faire le Higher School Certificate (HSC), étant trop âgé.

« Je voulais aller plus loin dans mes études, et je me suis tourné vers Julien, mon confident de toujours. Même gravement malade, il a multiplié les démarches pour me trouver un collège qui me permettrait de terminer mon HSC », relate Noé Reddy. Frère Julien Lourdes lui donne aussi des numéros de téléphone et l’encourage à se débrouiller seul. « Je perdais espoir de trouver un collège, mais Julien m’a mis en contact avec le responsable d’ANFEN pour un conseil et une recherche de financement. J’ai aussi entamé d’autres démarches. » 

Noé Reddy contacte deux écoles privées, mais les frais d’inscription sont onéreux. « Mes parents n’avaient pas les moyens de payer Rs 14 000 pour m’inscrire dans un collège privé. Je perdais espoir. » Ses prières seront toutefois entendues. La Fondation Joseph Lagesse d’IBL accepte de collaborer avec ANFEN pour le soutenir. « J’étais aux anges car on avait accepté de financer une année d’études et éventuellement la prochaine, dépendant de ma performance », dit-il.  

Admis dans un collège privé à Port-Louis, Noé Reddy s’accroche et fait de son mieux pour obtenir de bons résultats. « Je n’avais pas droit à l’erreur. » Aujourd’hui, ce musicien, philanthrope et skateur est diplômé, et poursuit des études supérieures en Australie. Sa priorité n’a pas changé et se construire un bel avenir reste son objectif : « Je remercie Julien Lourdes, ANFEN et tout ceux qui ont croisé mon chemin pour m’aider à devenir ce que je suis aujourd’hui, malgré mes échecs scolaires au primaire. »