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Nitin Soonarane: « Pas de politique sans stabilité professionnelle »

Y a-t-il une vie après la politique ? Nitin Soonarane, ex-bouillant conseiller municipal des villes sœurs, a repris ses études en hôtellerie, qui l'ont conduit à Chamonix, station balnéaire très reconnue dans l'est de la France. [blockquote]« Depuis que je suis rentré à Maurice, je ne mange plus de riz. Que du pain ! C’est une habitude acquise en France et ce n’est pas plus mal. »[/blockquote] On le connaissait passionné de politique, bouillonnant, un tantinet incertain sur ses choix, un peu enveloppé. Il est revenu de France aminci, calmé, le verbe plus sûr, mais toujours suivant de près l'actualité politique locale… et sans oublier la moto, qu'il préfère à la voiture. « Depuis que je suis rentré à Maurice, je ne mange plus de riz. Que du pain ! C’est une habitude acquise en France et ce n’est pas plus mal », plaisante-t-il. La moto flambant neuf provient de ses économies à Chamonix. Comme les étudiants inscrits dans la filière Hospitality Management à l'école hôtelière Sir Gaetan Duval, à Ébène, il lui fallait passer par le module Workbased Experience pour valider son diplôme. « C’est une pratique de l'école, qui amène les étudiants à rechercher des cours pratiques dans les hôtels ou restaurants, à Maurice ou à l'étranger. Mais l'expérience étrangère est très recherchée dans le domaine de l’hôtellerie ou même sur les croisières ou dans les avions », explique Nitin. Seule ombre au tableau : les frais ne sont pas tous pris en charge par ces entreprises étrangères. Les adresses, dont certaines ont déjà une tradition d’accueil avec Maurice, sont fournies par l’école d'Ébène. Il existe aussi des formules qui sont moins couteuses et qui permettent d'alléger les frais de ces déplacements. « Il arrive qu'un hôtel ou restaurant paie en partie le billet d’avion d'un étudiant. Mes parents m’ont payé le billet d’avion (Rs 28 800), qui était en promotion. J’ai apporté quelque 500 euros comme argent de poche, en sachant que je serai logé, nourri et blanchi et que j'aurai un salaire mensuel de  500 euros », raconte Nitin.
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À Chamonix Mont Blanc

L’ancien conseiller municipal avait fixé son choix sur le Park Hotel Suisse & Spa, un établissement 4-étoiles situé à Chamonix Mont Blanc et dont la réputation n’est plus à faire depuis sa création en 1930. « Avec son spa, ses suites de luxe et ses 60 chambres, c’était l’établissement qui me convenait pour parfaire mes connaissances dans le domaine que j'étudiais », explique Nitin, dont c’était le premier grand voyage à l’étranger. Jusqu’ici, il n’avait effectué qu’un séjour seychellois lors des Jeux des îles de l’océan Indien, à l'époque où il était encore conseiller. De Plaisance à Genève, en passant Heathrow en Angleterre, Nitin n’a pas trimballé beaucoup de vêtements jusqu'à Chamonix. Il ne fallait surtout pas oublier les fiches à être remplies par la directrice de l’hôtel. « À Chamonix, c’était le printemps, c’est-à-dire 8 degrés. On m'a logé dans un ancien palais reconverti en résidence. J’avais une petite chambre, avec coin cuisine et douche. Pendant plusieurs jours, je n’ai mangé que des pâtes, avant d'intégrer l’hôtel ou j’allais effectuer mon stage. Les premiers contacts étaient difficiles, la vie et la nourriture chères. J’ai dû apprendre à manger du pain à la place du riz. »

Ordre et propreté

À l’hôtel, le Mauricien sympathise avec une jeune Roumaine, Iona, elle-même une ex-stagiaire. Elle lui servira de guide. « Un jour, elle est venue frapper à ma porte. Elle savait que j’étais étranger et elle m’a emmené visiter le centre-ville. Ce qui frappe le plus, c’est la sécurité, l’ordre et la propreté. Les rues piétonnes aussi sont nombreuses. » Plus tard, Nitin fera la rencontre d'une famille mauricienne, venant de Goodlands. « Ils m’ont emmené chez eux. Nous avons mangé du briani. Puis, ils m’ont fait parvenir du faratha. » Affecté à la réception-accueil du spa, Nitin intrigue. Est-il Indien? Le voilà obligé de s’expliquer. « Certains clients ne connaissaient même pas l’existence de Maurice. Cependant, quelques-uns étaient déjà venus chez nous. » Entre Suisses, nombreux dans la région, et Français, son cœur penche pour le bleu/blanc/rouge. « Les Suisses ne communiquent pas, ils sont froids. Les Français, eux, sont sympas. » À l’hôtel, où il est logé désormais, son repas est spécial, car il ne mange ni bœuf, ni porc et ni crustacés. Pour s’acclimater dans cette ville située à plus de 1 000 mètres d’altitude, Nitin s’achète deux cartes de transport mensuelles. Durant ses jours de congé, il s’installe dans des zones wifi, où il ‘chat’ avec des parents à Toulon. « Des fois, j’allais flâner dans les parcs ou alors je prenais le train. C’était gratuit. »

Cœur à l’ouvrage

Depuis qu’il est rentré à Maurice, et repris ses cours à l’École hôtelière, il explique avoir « mis tout son cœur à l’ouvrage ». Le 19 février 2016 était son dernier jour à Ébène. « J’attends les résultats, qui devraient tomber en avril. Avec ces cours, reconnus dans les pays du Commonwealth et ceux de l’Union européenne, je ne devrais pas trop me faire de soucis. Surtout qu’ici, j’ai fait des stages au Sofitel So Mauritius, Sugar Beach et La Pirogue. » Même avec son Higher Diploma in Hospitality Management en poche, il va devoir recommencer par le bas, dans les départements de la restauration, le service des étages ou la réception. Ce n’est qu’après qu’il pourra viser plus haut, c’est-à-dire le poste de Resident Manager. Mais outre l’hôtellerie, il pourra aussi postuler pour les bateaux de croisières ou les avions. Mais le plus important, c’est que Nitin Soonarane dit avoir gagné en sérénité. « Quand j’étais conseiller municipal, j’étais comme un cheval fougueux. Je ne m’étais pas rendu compte qu’on ne pouvait faire de la politique sans stabilité professionnelle. Mais je n’ai pas renoncé à la politique active. Je vais y aller avec plus d’assurance maintenant », dit-il.
 

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