
Entre bureau et champ, Nilesh et Karishma Dahari ont choisi la terre. Dix arpents, du travail quotidien, et la conviction d’avoir trouvé leur place au rythme des saisons et de leurs enfants.
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Lui a étudié l’ingénierie automobile. Elle, la comptabilité. Sur le papier, Nilesh et Karishma Dahari avaient tout pour mener une vie stable, derrière un écran, à l’abri du soleil. Mais depuis quelques années, ils ont pris un autre chemin. À La Marie, sur dix arpents de champs verdoyants, le couple cultive carottes, choux-fleurs, oignons, pommes de terre ou calebasses. Et, plus discrètement, la conviction d’avoir trouvé sa place.
Avant l’aube, Nilesh, 31 ans, est déjà dehors. À 4 heures du matin, il quitte la maison, direction la plantation. « C’est à cette heure-là que la terre respire encore la fraîcheur de la nuit », dit-il, le sourire tranquille de celui qui connaît le rythme des saisons. Son épouse Karishma, 28 ans, le rejoint plus tard, après avoir déposé leurs deux enfants de 4 et 5 ans à la garderie. Ensemble, ils travaillent jusqu’en fin d’après-midi, souvent les mains dans la boue, parfois sous une chaleur lourde.
« Chaque plante a son rythme, sa façon de pousser, son besoin d’eau et de soin. C’est comme élever des enfants », explique Karishma, le regard posé sur les sillons. À chaque récolte, ils ne comptent pas seulement les légumes, mais aussi les heures d’effort et d’attention.
La terre est un travail noble, vivant et porteur d’avenir»
Rien, pourtant, ne les prédestinait à ce métier. Nilesh s’était orienté vers la technologie. « J’ai toujours aimé comprendre comment les choses fonctionnent, démonter, réparer, améliorer », raconte-t-il. Mais une autre passion a peu à peu germé : celle de la nature. « Je venais souvent aider mon grand-père dans ses plantations quand j’étais petit. L’odeur de la terre mouillée, le vent du matin, ça ne m’a jamais quitté. »
En 2015, Nilesh commence seul, sur deux arpents. « J’ai commencé petit, juste pour tester. Mais quand j’ai vu les premiers légumes sortir de terre, j’ai su que j’étais à ma place. » Karishma, diplômée en ACCA, se voyait un temps derrière un bureau. « Quand j’ai vu la passion de Nilesh pour la terre, j’ai compris que c’était plus qu’un métier pour lui, c’était une vocation. Et petit à petit, j’ai commencé à l’accompagner, puis à y prendre goût. » Quatre ans plus tard, Karishma quitte son emploi pour le rejoindre à plein temps. « Ce n’était pas facile, mais c’était notre projet de vie. »
Lorsque le couple a annoncé sa décision de se lancer dans l’agriculture, la nouvelle a dérouté leurs proches. « Pour nos parents, c’était un choc », se souvient Karishma. « Ils avaient investi dans nos études, ils rêvaient de nous voir dans des postes stables, dans des bureaux climatisés. »
Leur entourage a fini par comprendre. « Ils voient notre bonheur, notre épanouissement. Ils comprennent que le succès ne se mesure pas seulement en diplômes ou en bureaux, mais en passion et en satisfaction », dit Karishma.
Mariés depuis 2019, ils ont trouvé un équilibre dans cette vie exigeante. « La terre, c’est notre vie. Elle nous apprend la patience, la persévérance et le respect », résume Nilesh. Les journées des Dahari sont longues. À l’aube, Nilesh prépare le sol, vérifie l’irrigation, observe les plants. « Chaque matin, je fais le tour des champs. Je vérifie la croissance, les feuilles, la terre. C’est un travail de précision. »
Karishma, elle, partage son temps entre la gestion administrative et le travail sur le terrain. « Je ne reste jamais à l’écart. J’aime être sur le terrain, sentir la terre dans mes mains. »
Je venais souvent aider mon grand-père dans ses plantations quand j’étais petit. L’odeur de la terre mouillée, le vent du matin, ça ne m’a jamais quitté»
Le couple emploie trois travailleurs. Ensemble, ils affrontent les caprices du climat, les insectes, les périodes de sécheresse. « Il y a des jours plus durs que d’autres, mais on garde toujours le moral », confie Nilesh. « Quand on aime ce qu’on fait, la fatigue devient une fierté. »
Même les jours de pluie, ils trouvent à faire. « On dit souvent que la pluie, c’est la bénédiction du ciel », sourit Karishma. « Alors on en profite pour planifier, nettoyer, organiser les ventes. »
Le couple vend ses produits sur les marchés et à quelques distributeurs fidèles. « Nos légumes sont 100 % locaux, cultivés avec soin, sans excès de produits chimiques. On privilégie la qualité », précise Nilesh. Avec le temps, ils ont affiné leurs techniques, investi dans des équipements, diversifié les cultures. « Nous avons appris sur le tas, en observant, en discutant avec d’autres planteurs, en nous formant aussi », explique-t-il.
Les résultats suivent. « En termes de revenus, on vit très bien de ce métier », affirme Karishma. « C’est une activité exigeante, mais quand on la pratique avec rigueur, elle peut être aussi rentable qu’un emploi dans le secteur privé. »
Nilesh insiste : « Beaucoup de jeunes pensent que la terre, c’est un travail vieux jeu, sale ou trop dur. Mais c’est faux. C’est noble, c’est vivant, et c’est porteur d’avenir. »
Entre le travail et la vie de famille, les Dahari ont trouvé leur rythme. Leurs enfants grandissent au milieu des champs. « Ils adorent venir au champ le week-end », raconte Karishma. « Ils jouent dans la terre, arrosent les plantes, cueillent les légumes. On veut qu’ils apprennent tôt la valeur du travail et le respect de la nature. »
Le soir, la famille se retrouve autour d’un repas simple, souvent préparé avec les produits du champ. « Rien ne vaut le goût d’une carotte qu’on a plantée soi-même », sourit Nilesh.

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