Interview

Nicolas Maigrot, Managing Director de Terra Mauricia: «Il faut pouvoir attirer plus d’investissement direct étranger»

Le nouveau patron du conglomérat Terra Mauricia se livre sur ses attentes par rapport au Budget et à l’économie. Nicolas Maigrot passe en revue les activités du groupe, hors immobilier.

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Quelle est votre analyse de l’environnement économique à Maurice ? Le pays a enregistré une croissance de 3,1 % en 2015. Nous pouvons toujours affirmer que c’est insuffisant. Il y a beaucoup de pays (...) qui n’ont pas atteint ce niveau. Par rapport au monde, c’est satisfaisant. Dans les prochaines années, la priorité est de savoir comment développer et trouver d’autres secteurs à mettre en orbite. Nous attendons un Budget qui soutiendra l’investissement local et étranger. Cet investissement pourra créer des emplois. L’économie sera relancée. En 2016, la croissance est estimée à 3,9 %. Est-ce réalisable ? Est-ce que tout dépendra du Budget 2016-2017 ? Il existe un momentum important à Maurice. Cet élan a toujours été là. Aujourd’hui, une nouvelle impulsion est nécessaire. Il faudra pouvoir attirer plus d’investissement direct étranger et se positionner comme une plateforme financière plus importante. Le Brexit (NdlR : retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne) et la situation vis-à-vis des banques européennes peuvent présenter Maurice comme une place de choix. Nous aurons des défis à relever avec le nouvel accord avec l’Inde. Il ne faudrait pas se décourager. Il faut mettre l’accent sur le développement de ce pilier essentiel. Comment l’investissement étranger aidera-t-il l’économie mauricienne ? L’investissement direct étranger est important pour développer d’autres secteurs. À moyen terme, il apportera des rentrées d’argent au gouvernement sous forme de taxes, permettant à l’État d’investir dans des projets d’infrastructures. J’attends un Budget d’ouverture, un Budget qui nous permettrait de vraiment attirer des investissements et de nous donner les moyens pour aller plus loin. La croissance et l’investissement passent-ils forcément par l’immobilier ? Je ne le crois pas. Maurice dispose de plusieurs cartes à jouer. Si l’investissement étranger s’améliore, d’autres secteurs en profiteront, dont l’immobilier. Terra Mauricia est le premier producteur de sucres spéciaux au monde. Comment se présente le secteur sucrier en 2016 ? Le prix augmente sur le marché mondial. À Rs 15 000 la tonne, c’est une bonne nouvelle. En 2017, Maurice fera face à plus de compétition, surtout sur les marchés du Nord de l’Europe, pour ce qui est du sucre raffiné (avec la fin des quotas). Les betteraviers sont en train de se préparer. Il faudra trouver d’autres façons de combler ce vide. Comment y parvenir ? Une façon plus logique serait d’aller plus loin dans les sucres spéciaux. Il y a encore des marchés à prendre. Les sucres spéciaux représentent un produit sophistiqué. Le marché grandira. C’est important d’être plus présent sur le plan du marketing. Au niveau de Terra Mauricia, nous poussons le Syndicat des sucres à s’y investir davantage et à se positionner sur les marchés extérieurs, à mieux faire connaître le sucre mauricien aussi. Terra contribue à hauteur de 15 % à la production énergétique à Maurice. Avez-vous l’ambition d’augmenter votre capacité et d’investir dans une nouvelle centrale ? Nous avons la capacité de faire de l’énergie parce que nous avons de la bagasse. Aujourd’hui, nous produisons de l’électricité à un coût très bas, soit Rs 2,45/kilowatt. Le gouvernement ira davantage vers plus d’énergie verte. Cela dit, notre but est d’augmenter la biomasse. Nous continuerons à nous diversifier et amener d’autres biomasses plus compétitives à Maurice, d’où le projet ayant trait à la paille. Le groupe Terra Mauricia est présent dans de multiples secteurs à travers des participations dans d’autres groupes. Il est actionnaire majoritaire au sein des groupes Swan et United Investments Limited. Vous avez fait mention d’un recentrage des activités. Pourriez-vous faire le point ? Les deux investissements dont vous avez fait mention sont d’ordre stratégique. Chez Swan, nous avons près d’une trentaine d’investissements. L’objectif est de se dire comment rationaliser ces investissements et dans le futur, comment mieux se concentrer sur les activités stratégiques. Il y aura probablement des désengagements. Pas sur les sociétés spécifiques que vous avez nommées. Mais il y aura définitivement des recentrages dans le futur, dépendant de là où nous voulons être et sur quoi nous voulons nous concentrer. Ce processus de recentrage est-il déjà en cours ? Il y a une réflexion qui est faite en ce moment. Nous allons nous recentrer sur une activité plus restreinte dans le futur. Terra a de la place pour quatre ou cinq clusters dans le futur. Je ne pense pas que Terra ait de la place pour 30 clusters. Le focus est important. Il nous reste encore à déterminer quelles sont les opportunités pour développer un nouveau cluster, dans l’hôtellerie ou les services financiers peut être. Si nous sommes au sein de United Investments Limited, c’est pour avoir accès à l’hôtellerie, aux finances. À travers la Swan, ce sont les services financiers.

 

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