Avec l’introduction du salaire minimal et le paiement de la compensation salariale, les Mauriciens devraient consommer plus cette année. Telle est la tendance qui se dessine, selon Nicolas Kan Wah. Le manager de London Way évoque aussi ses craintes sur le changement de rapport de force dans le secteur de la grande distribution.
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Dans la grande distribution, on s’attend à plus de ventes en cette fin d’année, comparativement à la même période en 2017. Quels sont les facteurs qui contribuent à cette tendance ?
Le paiement de la compensation salariale en janvier, ainsi que l’introduction du salaire minimal peuvent contribuer à améliorer les ventes. On ne le saura vraiment qu’à la fin de l’année. Il faudra aussi prendre en considération la date à laquelle tomberont les jours de fêtes. Le fait que les 23 et 30 décembre tombent un dimanche n’est pas très bon pour le chiffre d’affaires. Les gens ont, en effet, tendance à faire autre chose les dimanches, même si les grandes surfaces ouvriront plus tard que d’habitude ces jours-là. Est-ce qu’on va rattraper ces ventes lundi ? C’est à voir !
Le secteur change de configuration cette année avec la reprise des activités de Shoprite par Winner’s qui ouvre, d’ailleurs, son premier hypermarché cette semaine. Les associations des consommateurs craignent une situation de monopole. Leurs craintes sont-elles justifiées ?
Il faudra surveiller la situation de près. En tant que commerçants, nous nous posons la question sur ce que seront le comportement et la stratégie de Winner’s, non seulement à court terme, mais aussi dans les moyen et long termes. Si la compagnie se retrouve dans une situation de monopole confirmée, il faudra être vigilant. Les commerçants sont habitués à la concurrence. Jusqu’ici, nous sommes tous sur un pied d’égalité. Avec des rapports de force plus ou moins similaires, nous pouvons nous battre à armes égales. La question qu’on se pose tous est : est-ce que Winner’s sera sur le même pied d’égalité que nous, surtout que la compagnie est à la fois fournisseur et distributeur ? D’où la crainte des associations des consommateurs, mais également des commerçants.
De manière générale, les augmentations sur les denrées de base ont été modérées cette année. D’où le taux d’inflation raisonnable prévue en 2018.»
À voir les multiples brochures publiées chaque mois, les grandes surfaces semblent de nos jours ne jurer que par les promotions pour attirer la clientèle. Vos commentaires ?
De par le fait qu’ils sont excentrés, les hypermarchés doivent miser sur les promotions pour faire venir les gens. Quant aux supermarchés de moyennes et grandes tailles, ils doivent se concentrer davantage sur le service-clientèle, la régularité et la disponibilité des produits, surtout de base, vu qu’ils sont basés dans des quartiers habitables.
Vous notez aussi que les consommateurs consacrent plus de revenus sur les dépenses liées au téléphone, à la technologie et les loisirs que sur l’alimentation…
Les gens accordent plus de budget à la technologie (Smartphone, l'Internet, etc.). Il y a aussi le phénomène de « dining out » où les gens prennent leur repas dans des fastfoods et des restaurants tout en faisant du shopping. Ce changement dans les habitudes de consommation a un impact sur nos ventes. Toutefois, ce n’est pas forcément négatif. Aujourd’hui, certains produits sont plus prisés que d’autres, tels que le prêt-à-cuire ou encore les légumes et les viandes découpés.Ce phénomène nous a poussés à nous adapter et à proposer un mixte de produits en ligne avec ce changement d’habitude.
L’achat en ligne devient de plus en plus populaire. Ce qui a poussé certaines grandes surfaces et compagnies à proposer des produits de consommation en ligne. Se dirige-t-on vers ce nouveau mode de consommation ?
Il est plus facile pour un commerce/une compagnie de livrer des white goods (électroménagers, produits électroniques, vêtements, équipements, produits cosmétiques, etc.), des produits de niches ou premium que des denrées de base. Il y a toujours cette barrière de coût. Le stockage, la logistique et la livraison de ces produits restent un challenge. Ce créneau nécessite des infrastructures énormes, ainsi que des camions de livraison dédiés. Par ailleurs, la marge de profits sur ces commodités est moindre. Dès au départ, ceux qui se lancent dans ce genre de service sont désavantagés par rapport à d’autres produits. Mais, quoi qu’il en soit, le groupe ou la compagnie qui pourra optimiser ces facteurs et maîtriser ses coûts deviendra le leader dans ce segment.
La compensation salariale domine l’actualité ces jours-ci. Les syndicats réclament une compensation de Rs 550 au minimum pour compenser la perte du pouvoir d’achat. Comment ont donc évolué les prix cette année, ainsi que le pouvoir d’achat des consommateurs ?
Certains prix ont augmenté avec des produits plus affectés que d’autres. Mais, de manière générale, les augmentations sur les denrées de base ont été modérées. D’où le taux d’inflation prévue pour cette année. Un taux qui reste raisonnable, comparativement à certaines années où il était nettement plus élevé.
Doit-on s’attendre à de grandes fluctuations des prix en 2019 ?
Tout va dépendre de deux facteurs : le prix du pétrole et l’évolution du dollar. Si le baril du pétrole augmente, les coûts de fabrication vont augmenter. Si le dollar devient plus cher, on aura une inflation plus importante, car la plupart de nos importations se font en dollar.
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