Interview

Nicolas Frichot: «Les jeunes doivent investir le champ politique»

Nicolas Frichot aux côtés de Neena Ramdenee, de Think Mauritius.
Avec des amis, Nicolas Frichot s’est lancé le défi de mobiliser des jeunes lors d’un rassemblement politique devant la mairie de Quatre-Bornes, le 1er mai. Ancien membre du Parti travailliste, il veut créer une nouvelle force, histoire de redonner ses lettres de noblesse à la politique. Pourquoi un rassemblement des jeunes le 1er mai ? Nous voulons que les jeunes fassent entendre leur voix. Les partis traditionnels ne leur donnent pas la chance de s’exprimer. Aux meetings du 1er-Mai, par exemple, il n’y a que les dirigeants qui prennent la parole. Nous voulons créer une plate-forme où les jeunes auront droit à la parole et pourront prendre position sur divers sujets, mais surtout s’exprimer librement. Ce dimanche, notre rassemblement aura pour thème Enn nuvo politique. Il y aura huit orateurs, sans ordre de passage. Nous voulons vraiment faire les choses autrement, grâce notamment au soutien de plusieurs organismes, dont Think Mauritius.
Et après le 1er mai ? Les choses vont s’activer. Nous voulons créer un parti, avec une structure et une constitution. Nous n’avons pas encore réfléchi au nom, mais notre objectif ultime est de faire un jour partie du gouvernement, afin de mieux pouvoir défendre nos idées. Pour cela, il faut passer par des élections… Nous nous préparons à aligner 60 candidats aux prochaines législatives. Avec quel projet ? Nous prônons les valeurs républicaines que sont la méritocratie, la démocratie, la justice, l’égalité… Certes, c’est bien d’avoir et de défendre des valeurs, mais cela ne sert pas à grand chose, si on ne les vit pas. Nous défendons celles du travail, de l’effort et du mérite.
[blockquote]« Moi, je veux agir et trouver des remèdes aux maux qui rongent notre société. Je veux que mes actions parlent d’elles-mêmes »[/blockquote]
Un tel mouvement n’est pas nouveau. Le problème, c’est que ses dirigeants sont ensuite happés par la même classe politique qu’ils qualifiaient de « dégoutante ». Qu’en sera-t-il du votre ? Je vais être clair sur ce point : nous n’allons rejoindre aucun parti existant. Il n’y aura pas de récupération. Néanmoins, nous sommes ouverts aux mouvements et unions qui partagent les mêmes valeurs que nous. L’union fait la force, dit-on. Nous voulons réellement œuvrer pour créer une nouvelle île Maurice, où chacun pourra avoir son mot à dire. Nous sommes pour une démocratie participative. Pour nous, le dialogue est primordial. Il y a un rejet de la politique actuelle. Le gouvernement a promis tant de choses qui tardent à se concrétiser. Le système de santé est une catastrophe. Le pouvoir semble être déconnecté de la réalité et les politiciens en général ne semblent pas être conscients des soucis du peuple. Il y a une sorte d’inertie. Nos hommes politiques se complaisent dans la médiocrité. Ils n’ont ni éthique, ni sincérité. Croyez-vous pouvoir changer les choses ? Il faut des idées novatrices pour changer un pays. Nous voulons agir. La politique ne doit pas être la chasse gardée d’une clique. Les jeunes doivent investir ce champ. Nous voulons montrer que la politique, ce n’est pas que du blabla. C’est aux palabres que les jeunes n’adhèrent pas. Force est de constater que les partis n’accordent pas beaucoup d’importance à leur aile jeune, alors qu’elle comprend des têtes pensantes. Nous voulons valoriser et donner la chance aux jeunes. Certes, il y a un cheminement et un apprentissage à faire, mais l’expérience s’acquiert à travers le dialogue et la proximité. La politique attire-t-elle toujours les jeunes ? Un grand nombre de jeunes sont engagés dans des mouvements ou des organisations non-gouvernementales. C’est l’une des raisons pour lesquelles il faut libérer la politique de l’emprise d’une clique et lui permettre de redevenir noble. Nous voulons montrer que nous pouvons en faire avec peu d’argent, mais dans la transparence. Nous sommes ouverts aux dons de personnes qui croient dans nos valeurs. Nous voulons mettre un terme au copinage et permettre aux institutions de fonctionner normalement. Le pays et la population doivent retrouver confiance. Avec le soutien de Think Mauritius, nous voulons regrouper toutes les composantes de la société dans un même combat. Pourquoi faire confiance à un ancien membre actif du PTr ? Pourquoi avez-vous claqué la porte du Square Guy Rozement ? J’avais pas mal de responsabilités au sein du Parti travailliste. On ne peut pas dire que j’étais maltraité. C’est l’inaction qui m’a poussé vers la sortie. Il y a aussi le fait que, dans les partis traditionnels, les gens don’t voice out sur certains sujets considérés comme tabous. Moi, je veux agir et trouver des remèdes aux maux qui rongent notre société. Je veux que mes actions parlent d’elles-mêmes. Quid de l’importance des réseaux sociaux dans votre démarche ? Avec les réseaux sociaux, on n’a pas besoin de grands moyens pour faire passer ses messages. Nous avons posté des clips pour inviter les gens à venir à notre rassemblement de ce dimanche. Nous essayons de capter l’attention d’une partie de la population grâce aux réseaux sociaux. Quant au reste, nous travaillons sur d’autres méthodes, dont les traditionnelles banderoles et affiches. Y a-t-il réellement de la place pour les jeunes sur l’échiquier politique ? Définitivement. Les jeunes sont dégoûtés. Nous voulons représenter une alternative pour bâtir une nouvelle île Maurice. Les dernières législatives ont montré qu’être un petit ou un grand parti importe peu. Je lance un appel aux jeunes pour qu’ils s’engagent. Leur avenir est en jeu. Ne craignez-vous pas que les Mauriciens se montrent conservateurs au moment de voter ? L’espoir est là. Nous sommes convaincus de pouvoir changer les choses, amener du nouveau dans l’arène politique. Il y aura des hauts et des bas. Des fois, c’est après avoir touché le fond qu’on arrive réellement à se ressaisir et à briller. Nous sommes des patriotes. C’est ce sentiment qui nous a permis de nous libérer du joug britannique. Nous sommes dans une situation assez similaire.
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