Construit pour offrir des soins oto-rhino-laryngologie (ORL) à la pointe de la technologie, le New ENT Hospital s’est trouvé une nouvelle vocation avec l’avènement de la COVID-19. L’établissement accueille, depuis, les patients infectés par le coronavirus qui nécessitent une hospitalisation. Incursion dans l’antre du centre national de traitement des patients positifs à la COVID-19.
Àl’entrée de l’imposant bâtiment, construit sur l’emplacement même de la vielle bâtisse en bois qui abritait jadis l’hôpital ENT, il faut montrer patte blanche pour avoir accès. Le lieu est une « Restricted Area », car il accueille les patients positifs à la COVID-19 depuis maintenant un peu plus de deux ans. Une fois à l’intérieur, on se sent coupé du reste du monde, l’atmosphère y est tellement paisible.
Avec le directeur de l’établissement, le Dr Soobaraj Sok Appadu, nous avons pu bénéficier d’une visite guidée du complexe, de la cave au grenier, pour aller à la rencontre d’un personnel dévoué à la tâche et qui travaille dans des conditions difficiles parfois, dépendant du département.
Une fois n’est pas coutume, c’est dans sa tenue verte de médecin que nous rencontrons le Dr Sok Appadu. Homme affable, il est souvent au four et au moulin pour s’occuper des patients, mais aussi de l’administration du service hospitalier.
Direction, le service de laboratoire où travaillent Naazleen Nabee et Percy Lafrésière. Les deux laborantins sont responsables de toutes les analyses de biochimie et d’hématologie qui doivent être effectuées pour déterminer le traitement des patients.
Puis, nous nous dirigeons vers le centre névralgique de l’établissement, la High Dependency Unit (HDU) et l’Intensive Care Unit (ICU). Là, le personnel travaille côte à côte pour assurer la bonne prise en charge des patients.
Après le calme apparent que nous avons connu jusqu’ici, l’atmosphère y est plus animée. Tout le monde doit communiquer pour le suivi d’un dossier ou les instructions à suivre.
Tout au long de la visite, le New ENT Hospital dévoile ses atouts qui ont de quoi effacer l’image stéréotype « d’abattoir » qu’on lui a collé l’année dernière quand la COVID-19 faisait de nombreuses victimes en raison du variant Delta. Devenu centre de traitement national de la COVID-19, l’établissement est en fait un véritable bijou en termes d’infrastructures et dispose de tous les équipements et matériels nécessaires pour la prise en charge des patients positifs à la COVID-19 peu importe les autres pathologies qui les affectent. L’hôpital dispose également d’une équipe médicale et paramédicale dévouée qui fait tout son possible pour assurer la bonne prise en charge des patients, mais aussi le bon fonctionnement des différents services.
Sous le label de centre national de traitement de patients positifs à la COVID-19, le New ENT Hospital accueille des patients nécessitant une hospitalisation peu importe les pathologies. L’établissement a accueilli plusieurs femmes enceintes qui y ont accouché avec succès. L’hôpital reçoit une quinzaine de nouveaux patients chaque jour, alors que presque autant de personnes remises peuvent rentrer chez elles. Ce qui fait que l’établissement compte une moyenne de 40 patients.
Chaque membre du personnel est considéré comme un pilier, « comme ces colonnes qui soutiennent le bâtiment ». « Ce serait difficile de gérer seul cet établissement. Je dois compter sur le dévouement de tout le monde », dit le Dr Sok Appadu qui ne souhaite pas être considéré comme étant « indispensable ». Il s’assure que d’autres puissent faire le même travail que lui. « Je dois créer un espace pour que la relève puisse être assurée », dit-il.
La Rapid Response Team à la rescousse
Au cours de notre visite, nous avons pu assister à l’arrivée d’une ambulance de la Rapid Response Team (RRT) en provenance de l’hôpital Dr Bruno Cheong, à Flacq, pour l’admission d’une patiente. Son état de santé nécessitant une radiographie, elle a été d’abord soumise à un CT-Scan avant d’être conduite au premier étage pour son hospitalisation.
Un protocole strict est observé pour chaque admission et le personnel doit suivre un parcours bien défini pour pouvoir procéder à l’hospitalisation de la patiente. Le Dr Steven Murden explique que cette dernière a été testée positive à l’hôpital de Flacq. Des arrangements ont ainsi été effectués afin de la conduire au New ENT Hospital, selon les instructions de la RRT.
« L’établissement doit être informé au préalable afin que toutes les dispositions puissent être prises pour assurer sa prise en charge. Le spécialiste de garde et les médecins en service doivent aussi être informés du cas et des pathologies dont souffre le patient et ses traitements. Le nécessaire est alors fait pour l’accommoder à l’hôpital », dit-il. Une fois le « handing over » effectué, c’est le personnel du New ENT Hospital qui a la charge du patient jusqu’à son rétablissement. La RRT est alors de nouveau sollicitée pour son retour à l’hôpital régional ou à son domicile s’il est complètement guéri.
Selon le Dr Murden, avec le nombre de cas qui a augmenté, la RRT a de nombreuses requêtes pour le transfert des patients. Des 40 à 60 cas positifs recensés par jour dans les hôpitaux, une demi-douzaine de patients nécessitent une hospitalisation ou doivent être transférés au New ENT. Les patients stables sont envoyés à la maison où ils sont placés en auto-isolement et suivre leur traitement à domicile, dit-il.
Une «One-stop Shop»
Inauguré en octobre 2019, le New ENT Hospital est un établissement de santé moderne et fonctionnel construit avec le soutien du gouvernement indien. Il devait être à base un hôpital spécialisé moderne pour le traitement oto-rhino-laryngologie (ORL). La COVID-19 est hélas passée par là, ce qui fait que l’hôpital a très peu été utilisé pour sa vocation première.
Cependant, il est d’une grande aide pour le traitement des patients positifs à la COVID-19, disposant d’équipements modernes. Des aménagements ont aussi été effectués pour l’adapter aux besoins et dispositions nécessaires pour le traitement de la COVID-19.
L’établissement de Vacoas dispose de son système de générateur d’oxygène médical avec des compresseurs d’adsorption modulée en pression (PSA), de sa propre blanchisserie et d’un laboratoire où 90 % des analyses sont effectuées. Le New ENT Hospital se positionne ainsi comme une « One-stop Shop ».
Selon le Dr Sok Appadu, l’établissement est bien situé et peut accueillir facilement les patients venant des cinq hôpitaux régionaux qui ont besoin d’une hospitalisation après avoir été testés positifs à la COVID-19. « L’ouverture de cet établissement est venue à point nommé pour le traitement des patients de la COVID-19. Sinon, les choses auraient été plus difficiles », estime-t-il.
Le New ENT Hospital compte une équipe d’une cinquantaine d’infirmiers, tous grades confondus, pour gérer les patients et s’assurer du bon déroulement du service. L’établissement a deux équipes de médecins et anesthésistes et une équipe médicale avec six généralistes et des spécialistes en cardiologie et en psychiatrie, entre autres, qui y effectuent des visites en fonction des patients présents.
Service de laboratoire informatisé
Naazleen Nabee et Percy Lafrésière occupent une place importante dans le traitement des patients. Ils s’occupent des analyses de biochimie et d’hématologie, entre autres, sur lesquelles dépendent les traitements à être administrés aux patients. Seule la culture des cellules et l’analyse des urines se font au Central Health Laboratory de Candos, alors que 90 % des tests des patients se font au New ENT Hospital.
Tout le service est informatisé et les résultats des analyses sont transmis par réseau au service concerné. Un contrôle de qualité est effectué selon une base de référence avant de valider les résultats obtenus.
Service de cuisine dynamique
Les repas sont aussi importants que les médicaments. Ils sont complémentaires aux traitements et contribuent au rétablissement des patients, soutient Ameeta Chummun. Avec son équipe, elle est aux fourneaux tous les jours pour s’occuper des repas des patients, selon leur diète et choix culinaire : végétarien ou non-végétarien. L’équipe s’assure que tous les patients puissent avoir un repas peu importe l’heure de son hospitalisation.
Service de blanchisserie et de stérilisation des équipements
Le New ENT Hospital est le seul établissement du service hospitalier public à avoir un service de blanchisserie. Le lavage, le séchage et le pressage se font ainsi sur place par un personnel dédié à cette tâche. Pour les autres hôpitaux régionaux, le service est assuré par une entreprise du privé.
À côté de ce service au sous-sol du bâtiment il y a également le Central Sterilised Department (CSD) qui aseptise tous les équipements dont l’hôpital a besoin pour son fonctionnement quotidien.
Sas de sécurité
Tous les membres du personnel doivent passer par un sas de sécurité avant de pouvoir accéder aux salles. Le personnel doit obligatoirement se vêtir de son équipement de protection personnel (PPE) pour pouvoir y avoir accès. En visite à l’hôpital pour sa tournée médicale, le Dr Pouranan Veeraragoo explique que ce protocole doit être observé avant de pouvoir se rendre auprès des malades. « Le plus important, c’est de s’équiper d’un PPE complet en se couvrant de la tête au pied », dit-il.
Pour sortir, une autre porte est utilisée. Le personnel doit alors enlever son PPE dans un ordre précis avant de le placer dans différentes poubelles catégorisées par couleurs. Ce protocole sanitaire doit être respecté afin de limiter le risque de transmission du virus des patients aux membres du personnel. Ce dispositif n’est pas disponible dans tous les hôpitaux et a été conçu selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé et selon les dispositions de l’Infection Prevention Control.
Départements spécialisés
Le New ENT Hospital dispose d’une High Dependency Unit (HDU) et d’une Intensive Care Unit (ICU) pour assurer la bonne prise en charge des patients en cas de détérioration de leur état de santé. L’établissement compte une cinquantaine de respirateurs conventionnels et avec compresseur, tous prêts à être utilisés en cas d’urgence.
Une deuxième ICU accueille les patients négatifs qui ont besoin d’être ventilés et intubés avec des appareils de dernière génération. Certains ont un circuit pédiatrique.
Des appareils de dialyse ont aussi été installés ainsi qu’un centre de traitement d’eau. L’hôpital dispose également d’une « nursery » et d’une petite ICU pour les enfants avec un incubateur et un appareil de photothérapie pour les bébés qui ont la jaunisse. « Tout cela est important pour soigner les bébés nés de mères positives à la COVID-19 ou qui ont aussi été infectés », explique le Dr Vishan Jhugroo, pédiatre.
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