Négociations pécuniaires sur Diego Garcia - Jean-Claude de l’Estrac : «Le deal est out»

Les trois invités de l’émission Au Cœur de l’Info animée par Ashna Nuckcheddy_Rabot, vendredi, avaient des avis divers concernant le deal entre Maurice et la Grande-Bretagne, pays qui a fait volte-face en attendant la prise de pouvoir de Donald Trump le 20 janvier prochain. Pour Jean-Claude de l’Estrac, “le deal est out”.

Jean-Claude de l’Estrac et l’ex-vice président de la République, Raouf Bundhun, sont sceptiques que le deal va aboutir avec un Donald Trump aux commandes des USA. En revanche, l’avoué Robin Mardemootoo est lui confiant que malgré tout, Maurice sortira gagnant de ce litige.

D’abord, l’observateur politique Jean-Claude de l’Estrac est catégorique : « L’administration de Joe Biden avait accepté le deal, il fallait signer, mais le nouveau régime a voulu améliorer les conditions de ce deal. Mais avec Donald Trump qui est imprévisible, je pense que le deal est out si l’on comprend l’entourage du nouveau président des USA qui ne veut pas négocier avec Maurice, car ce sont eux qui paieront la location à travers les Britanniques », a-t-il déclaré.

Selon lui, « Donald Trump est obsédé par l’idée que Maurice, avec sa souveraineté sur les Chagos, sauf Diego Garcia, offre les autres îles de l’archipel aux Chinois. Donald Trump pense que Maurice est un satellite de la Chine, ce qui n’a jamais été démenti formellement à travers la diplomatie ». 

Pour Jean-Claude de l’Estrac, estime que faire du lobbying « est un peu tard, car un pays mature se devait une passation de pouvoir et de dossiers entre un gouvernement sortant et un entrant, il n’y a pas eu cela. Car, ce dossier est purement politique, pas juridique même si on envoie l’Attorney General, Gavin Glover Milan Meetarbhan, Me Dhiren Dabee et autres, la bataille est politique. Si on se base uniquement sur une question pécuniaire, on fait fausse route ».

Il insiste pour dire que le PM britannique, Sir  Keir Starmer, « est affaibli dans son propre camp, sans compter les conservateurs qui sont contre que leur pays paie une compensation pour Diego, même si ce sont les USA qui paieront, car ils sont les locataires à travers la Grande-Bretagne ».

Raouf Bundhun n’a pas changé sa position envers les Britanniques : « J’ai toujours dit, ce dans des forums internationaux, que les Britanniques sont des boutiquiers, ils se battent pour un shilling. Ils ont profité de la location des Chagos, plus précisément Diego Garcia, durant plus de 50 ans sans nous donner un shilling et maintenant ils font volte-face. Je ne pense pas que le deal va aboutir, surtout avec l’arrivée de Donald Trump aux affaires aux USA, car il est obsédé par la pensée que Maurice pourrait offrir une base aux Chinois, ce qui va gêner son pays pour la défense de l’Ouest sur Diego ».

Il estime que si nous tombions d’accord sur un éventuel deal « ce ne sont ni les USA ni la Grande-Bretagne qui devraient nous commander sur le renouvellement du bail et à leurs conditions, car nous sommes propriétaires des Chagos et reconnus par la Cour internationale de Justice (CIJ) et d’autres instances internationales ». Pour lui, la situation « est inquiétante avec la volte-face des Britanniques qui marchent aux ordres des USA et de Donald Trump. Nous ne sommes pas des vassales de la Chine, nous sommes toujours en partenariat avec les pays de l’Ouest ».

L’autre intervenant n’est autre que Me Robin Mardemootoo qui connaît bien le dossier des Chagos, lui qui a milité durant 40 ans.

Il est plus qu’optimiste dans son approche : « Déjà, la CIJ a reconnu notre souveraineté sur les Chagos. Ensuite, les Britanniques l’ont fait finalement. Même s’il y a eu quelques hésitations lors des dernières négociations et qu’une équipe de légistes est en Grande-Bretagne, je suis convaincu que nous trouverons un bon deal, même avec l’arrivée de Donald Trump ».

L’avoué est d’avis qu’il est irréaliste de mettre le futur président des USA devant les faits accomplis : « Je ne suis pas surpris de la tournure des choses, que le PM britannique ait remis le dossier aux USA avant de signer tout accord. Je comprends aussi la position de Navin Ramgoolam qui ne savait pas le contenu du deal fait par Pravind Jugnauth et il a voulu tout revoir et je salue cela ».