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Négociations de l’alliance PTr/MMM/PMSD : les intérêts de Ramgoolam et Bérenger avant tout

Au tout début, plus d’un an de cela, un mandat de Premier ministre limité à deux ans à Navin Ramgoolam, le leader du PTr, était la condition sine qua non pour reprendre les négociations en vue de conclure l’alliance PTr/MMM/PMSD. Les trois années suivantes devaient revenir à son successeur. Fin 2022, il était question que le leader du MMM, Paul Bérenger, aille à la présidence de la République et que celui du PMSD, Xavier-Luc Duval, soit le Deputy Prime Minister. Or, cette formule n’est plus d’actualité. Une troisième est sur la table des discussions.

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Concession contre contrepartie

Selon nos recoupements, Navin Ramgoolam est parvenu à convaincre Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval qu’il était impératif qu’il se présente comme Premier ministre pour cinq ans afin de ne pas donner un avantage à Pravind Jugnauth dans l’opinion publique. Voire un Premier ministre en voie de retraite contre un Premier ministre qui est là pour durer. D’autant plus que jusqu’ici, Navin Ramgoolam ne se presse pas à désigner son successeur.

Comme dans toute négociation intégrative (Win-Win), une concession énorme est suivie d’une contrepartie du même degré. À son tour, Paul Bérenger troque son choix pour la Présidence contre celui de Premier ministre adjoint et ministre Mentor. Le leader du MMM va plus loin en imposant Reza Uteem comme No 3 d’un gouvernement PTr/MMM/PMSD qui occupera le portefeuille de ministre des Finances. Ces deux contreparties du MMM sont passées comme une lettre à la poste, selon nos renseignements auprès les dirigeants de ces trois partis.

Duval n’ira pas à la Présidence

Face à ce retournement de situation, Xavier-Luc Duval se montre « très conciliant » en optant pour la Présidence. Mais la direction du PMSD ne l’entend pas de cette oreille et lui reproche d’avoir été « beaucoup trop conciliant ». À l’unanimité, les membres du Bureau politique du PMSD ont voté contre la décision de leur leader. Seul contre tous et face à cette résistance hermétique, Xavier-Luc Duval n’a eu d’autres choix que d’abandonner son choix de la Présidence. 

Du coup, une troisième formule vient d’être mise en place. Navin Ramgoolam est pressenti pour être Premier ministre pendant cinq ans, Paul Bérenger (Deputy Prime Minister) et Xavier-Luc Duval (vice-Premier ministre). Selon toute probabilité, Shakeel Mohamed occupera la quatrième place du Front Bench. Reza Uteem gardera le portefeuille de ministre des Finances, mais reculera de quelques places dans la hiérarchie.

Répartition des tickets 35 : 25

Contre tant de changements majeurs, Navin Ramgoolam, apprenons-nous, est resté scotché à la proposition initiale de répartition des tickets : 35 pour le PTr et 25 pour le MMM et le PMSD. Alors que Paul Bérenger avait annoncé aux membres de son bureau politique « pe negosie pou enn repartision pli pros ar 30-30. » Cela sous-entend 32-28. Tout porte à croire que le MMM compte engranger 17 investitures, laissant 8 au PMSD.

À ce stade, les trois leaders ont arrêté un Cabinet de 25 ministres. Dont une répartition équitable de 12 ministres au PTr et 12 au MMM et au PMSD. Sans compter que le poste de Premier ministre reviendra au PTr. Donc, 13 Rouges au Cabinet.

Opinions divergentes

La formule d’un Front Bench Ramgoolam-Bérenger-Duval-Mohamed ne fait pas broncher certains dirigeants des trois partis, mais fait sourciller d’autres. « Les gens en ont marre de Pravind Jugnauth et de son gouvernement. Jamais on n’a eu autant de scandales au haut niveau de l’État que sous ce gouvernement. La population veut un changement drastique. Paul Bérenger a tout à fait raison de dire que l’alliance PTr/MMM/PMSD mettra le MSM dans la poubelle de l’histoire », soutient l’un d’eux. 

De son côté, un ancien ministre abonde dans le même sens : « Croyez-vous que le peuple sera dupe de voter pour un novice Pravind Jugnauth face à un trio d’expérience composé de Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval ? »

Par contre d’autres dirigeants sont sceptiques redoutant une réaction négative de l’électorat rural par rapport à ce Front Bench. « Maurice est ce qu’il est. Très souvent l’irrationnel - pour ne pas dire des considérations obscures - fait de l’ombre à la raison. On se demande si on n’ira pas droit dans le mur et faciliter une deuxième victoire personnelle de Pravind Jugnauth », dit-on.

Quelques politiciens aguerris de l’opposition pensent que Navin Ramgoolam n’a pas encore dit son dernier mot.

 

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