Elle n’en démord pas. Marie Simia Ingrid Esther réclame des dommages au ministère de la Santé et à l’État conjointement devant la Cour suprême.
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Rien ne lui rendra sa fille. Keira, 15 mois, a succombé à la Covid-19 l’année dernière. Marie Simia Ingrid Esther se bat aujourd’hui pour obtenir justice. Après leur avoir fait servir une mise en demeure le 24 novembre dernier, cette mère éplorée traîne cette fois-ci le ministère de la Santé et l’État devant la Cour suprême. Dans sa plainte déposée le 14 février 2022, elle leur réclame conjointement des dommages de Rs 25 millions.
Dans sa plainte rédigée par l’avoué Pazhany Rangasamy, Simia Esther revient sur les circonstances de la mort de sa fille, Marie Keirah Lya Thanais Esther, aussi appelée Keira, le 8 septembre 2021, à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, à Port-Louis. Elle raconte que quelques jours plus tôt, soit le 30 août, Keira vomissait et avait dû mal à avaler quoi que ce soit. C’est alors qu’elle l’a emmenée à l’hôpital. Mère et fille sont soumises à un test antigène. Celui de Simia Esther se révèle positif. Le nourrisson est négatif à la Covid-19.
Simia Esther est admise dans la salle d’isolement de l’hôpital avec sa fille. S’y trouvaient environ cinq patients positifs à la Covid-19. La mère indique avoir insisté pour que Keira, qui souffrait seulement de la gastro-entérite, soit transférée dans une autre salle mais elle s’est heurtée au refus des préposés de l’hôpital.
Le 2 septembre, l’état de santé de sa fille se détériore. La petite est placée à la Neonatal Intensive Care Unit. Selon Simia Esther, le médecin traitant l’a informée que Keira était positive à la Covid-19 et souffrait de problèmes respiratoires.
Le 3 septembre, selon la mère, on lui a conseillé de rentrer chez elle bien qu’elle soit positive à la Covid-19 et de s’auto-isoler. Ni son époux ni elle n’ont été autorisés à voir Keira. Le 8 septembre, ils sont informés de son décès…
Le lendemain, poursuit la mère, elle a obtenu un premier certificat de décès indiquant que sa fille a succombé des suites d’une « aspiration pneumonia ». Or le même jour, un second certificat de décès est émis. La cause du décès est cette fois-ci attribuée à la Covid-19. Dans sa plainte, Simia Esther dit avoir exigé qu’une autopsie soit pratiquée. Elle a essuyé un refus.
Elle évoque, d’autre part, qu’on lui a remis le corps de sa fille dans « un sac en plastique noir » et que les funérailles ont eu lieu au cimetière de Bois-Marchand, conformément au protocole en vigueur relatif au décès de patients positifs à la Covid-19. Simia Esther dit être attristée car elle n’a pu voir sa fille une dernière fois.
La mère éplorée n’en démord pas. Il y a eu négligence médicale. D’une part, souligne-t-elle, sa fille a été admise dans la même salle que des patients positifs à la Covid-19. D’autre part, Simia Esther maintient que Keira n’a pas bénéficié des soins appropriés car lorsqu’elle a contracté le nouveau coronavirus, elle n’a pas été transférée à l’hôpital ENT de Vacoas où on aurait pu mieux la soigner. D’où sa plainte en réclamation de dommages devant la Cour suprême.
L’affaire sera appelée pour la première le 3 mars 2022 devant la Master’s Court. Marie Simia Ingrid Esther a retenu les services de Me Roshi Bhadain.
Deux enquêtes ouvertes
Cette affaire a fait grand bruit en septembre dernier. Après que deux actes de décès ont été émis suivant la mort de la petite Keira, deux enquêtes ont été ouvertes. L’une menée par le ministère de la Santé et l’autre au niveau de la police. « Ce n’est pas possible que deux médecins produisent deux certificats médicaux différents pour expliquer le décès de cet enfant », s’était emporté le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal.
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