43 ans de loyaux services. C’est l’exploit réalisé par Neezam Kaderbaccus, un employé de l’hôtel Casuarina, âgé de 60 ans, qui prend sa retraite. Il a commencé comme jardinier mais a rapidement gravi les échelons. Son maître mot : la persévérance. Rencontre avec un homme d’exception…
Du haut de ses 1 mètre 56, Neezam Kaderbaccus ne fait pas son âge. Mis à part ses cheveux grisonnants, il ne semble pas être un homme écrasé par la fatigue ou par des années pénibles de travail. Au contraire, il est en pleine forme, il a gardé la ligne et il respire la joie de vivre. Lorsqu’on entend parler, pour la première fois, de cet employé modèle, on s’attend à voir un homme grand et costaud, mais tel n’est pas le cas. On aurait pu croire qu’il n’a jamais été jardinier. Mais ses mains trahissent ses longues années de dur labeur à ce poste. Et c’est vrai que Neezam n’a pas chômé. Il s’est toujours donné corps et âme dans le travail.
Un parfait élève de l’école de la vie
Il se rappelle les difficultés qu’il a rencontrées lorsqu’il a quitté l’école dans les années’ 70. « En 1972, quand j’ai quitté l’école, il n’y avait pas autant de développement qu’aujourd’hui. Lavi ti dir ! Je me souviens avoir toujours voulu devenir mécanicien. En ces temps-là, toutefois, il n’y avait pas d’école technique. Nous devions travailler dur pour survivre. Comme j’avais une tondeuse à la maison, j’ai proposé de travailler comme jardinier chez plusieurs personnes. » C’est en 1973 qu’il a fait la connaissance du propriétaire de Noël construction qui l’a, par la suite, présenté à Claude Berthier, le propriétaire de l’hôtel Casuarina. S’il est vrai qu’il n’a pas collectionné des qualifications académiques, il n’en demeure pas moins une personne éduquée. Respectueux et fidèle à la vie professionnelle comme aux valeurs familiales, il est apprécié pour son honnêteté. « Je ne me laisse pas tenter par tout ce qu’il y a autour de moi, car je sais que cela ne m’appartient pas. Tout ce que j’ai obtenu dans la vie, j’ai travaillé dur pour le mériter. » De plus, ajoute le sexagénaire, « j’ai appris de mes parents à qui je rends hommage. Ce qu’ils m’ont enseigné ne s’apprend pas à l’école. J’ai aussi énormément appris des autres. J’ai eu l’occasion de faire la connaissance de personnes formidables, d’ouvriers d’expérience avec lesquels j’ai appris plusieurs métiers sur le tas ». Il n’oublie pas de remercier la direction de l’hôtel. « Ils ont placé toute leur confiance en moi. Je ne peux que leur remercier ! »Soutien inconditionnel de son épouse
Neezam n’oublie pas non plus qu’il a bénéficié du soutien inconditionnel de son épouse : « Je pouvais m’absenter de la maison pendant 24 heures ou me rendre au travail au beau milieu de la nuit, elle ne m’en voulait pas. Elle a toujours compris que le travail doit parfois passer avant la famille. Elle s’est occupée de nos enfants avec beaucoup d’amour et en mon absence elle a toujours su tenir les rênes comme un chef. » Neezam,père de quatre enfants, confie que ses deux fils ont aujourd’hui choisi le domaine de l’hôtellerie : « Ils travaillent la plupart du temps à l’étranger. Je suis fier d’avoir pu les intéresser à ce domaine. Aujourd’hui tous les parents veulent que leurs enfants deviennent manager après de longues études universitaires. Les travaux manuels ne sont pas assez valorisés. Pourtant, ce sont des métiers d’avenir. » Neezam va à la retraite. Quand il en parle, on a l’impression qu’il a le cœur serré. Celui qui n’est ni un fan de foot, ni un adepte du sport passera ses quelques années de retraite avec sa famille mais surtout à… travailler ! Effectivement, il construit, en ce moment, un bâtiment commercial pour s’y consacrer durant son temps libre. Il ajoute, cependant, qu’il va aussi se consacrer à ses loisirs, comme regarder la télé, les documentaires et écouter de la bonne musique et ses chansons préférées, de bonnes vieilles chansons indiennes…Claude Berthier, propriétaire de l’hôtel Casuarina: « J’ai beaucoup d’admiration pour cet homme »
Il ne compte pas laisser partir l’employé sans l’avoir remercié. C’est pour cela que mercredi prochain, l’hôtel organise un Farewell Party en l’honneur de Neezam Kaderbaccus. Claude Berthier veut lui faire part de toute sa gratitude et montrer sa reconnaissance envers l’homme qui a été à ses côtés depuis la construction de l’hôtel : « Je venais d’acheter le terrain à Trou-aux-Biches quand j’ai rencontré Neezam. Il venait de quitter l’école. Depuis, il n’a pas cessé de donner le meilleur de lui-même. J’ai beaucoup d’admiration et de respect pour lui. Il a un sens d’appartenance très rare. Il s’identifie à cet hôtel et considère que c’est le sien. » Claude Berthier se rappelle des efforts fournis par Neezam, en 1999, lors de la rénovation de l’hôtel : « Il venait sur place à 2 heures ou 3 heures du matin sans qu’on ne lui demande d’en faire autant. C’est important pour moi de récompenser un employé comme lui. L’avantage c’est que nous sommes une entreprise moyenne qui peut se permettre d’attacher beaucoup plus d’importance à l’individu. Je dois lui rendre hommage. »Dr. Tulsidas Narraidoo, ‘Group Human Resources Director’: « Il est un exemple pour les jeunes »
« De toute ma carrière, je n’ai jamais rencontré une personne comptant 43 années de service dans le même hôtel », avance le directeur des ressources humaines. Il est content que le travail de Neezam Kaderbaccus soit aujourd’hui reconnu. « Neezam est un exemple pour les jeunes et pour les autres employés. En tant que responsable d’équipe, il n’avait pas à donner d’ordres. Il montrait tout simplement l’exemple à suivre et tout le monde faisait comme lui. Il ne donnait pas beaucoup de directives. Au contraire, il n’hésitait pas à se salir les mains pour participer activement aux travaux. » Le responsable des ressources humaines se rappelle d’avoir demandé plusieurs fois à Neezam pourquoi il venait travailler les jours fériés : « Même si c’était un jour de fête, il venait faire un tour pour s’assurer que tout allait bien. Tout employeur serait ravi d’avoir un homme de confiance comme lui, qui fait toujours preuve de discipline. »Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !