Kailash Purryag (G.O.S.K.) (G.C.S.K.) est décédé samedi à l’âge de 77 ans. Sa disparition marque la fin d’un chapitre important de l’histoire politique de Maurice. Président de la République de 2012 à 2015, ancien Premier ministre adjoint, figure emblématique du Parti Travailliste, Speaker et ministre à plusieurs reprises, il laisse derrière lui un héritage fondé sur le devoir, l’humilité et la fidélité à ses convictions. Ses funérailles ont lieu ce dimanche.
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Rajkeswur Purryag, plus connu sous le nom de Kailash Purryag, s’est éteint dans la matinée du samedi 21 juin 2025 à l’âge de 77 ans, des suites d’une longue maladie. Avec lui disparaît l’une des grandes figures de la politique mauricienne contemporaine, dont le parcours, étroitement lié à l’histoire de la République, aura marqué plusieurs générations. Ses funérailles sont prévues ce dimanche 22 juin 2025.
Né le 12 décembre 1947 à Camp-Fouquereaux, l’ancien président (de 2012 à 2015) laisse derrière lui un héritage politique exceptionnel. Dès 1973, il entame une carrière d’avoué avant de se consacrer pleinement à la vie politique. La même année, il rejoint le Parti travailliste (PTr), parti au sein duquel il gravira progressivement tous les échelons et auquel il restera fidèle. Son engagement politique, forgé au sein de ce mouvement historique, est constant et profond.
Pendant plus de cinquante années, cet homme de conviction consacrera sa vie à servir son pays. De fait, il occupera des postes stratégiques qui façonneront l’histoire institutionnelle de la nation. De ses débuts au conseil municipal à sa présidence de la République, son parcours incarne la rigueur, l’engagement et la fidélité à ses idéaux.
Au cours de sa carrière distinguée, Kailesh Purryag a reçu plusieurs distinctions, dont celles de Grand Officer of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean (G.O.S.K.) en 1998 et Grand Commander of the Order of the Star and the Key of the Indian Ocean (G.C.S.K.) en 2009.
Une ascension politique remarquable
Kailash Purryag entame sa carrière politique au niveau local, en se faisant élire conseiller municipal de Vacoas/Phœnix en 1974. Deux ans plus tard, soit en 1976, il remporte un siège de député dans la circonscription n° 15 (La Caverne/Phœnix) lors des élections du 20 décembre, marquant son entrée à l’Assemblée nationale.
En janvier 1980, il est nommé ministre de la Sécurité sociale, un poste qu’il occupera jusqu’en juin 1982. Ce premier mandat ministériel lui ouvre la voie à une carrière riche au cours de laquelle il gérera des portefeuilles variés, notamment la Santé, le Plan, le Développement économique et les Affaires étrangères.
De 1997 à 2000, il assume les responsabilités de Premier ministre adjoint. En 2005, il devient Speaker de l’Assemblée nationale, un poste qu’il occupera avec autorité et impartialité jusqu’en 2012.
Comme le souligne Anil Bachoo, ministre actuel de la Santé : « C’est l’un des meilleurs Speakers qu’on a eus. Autant que je m’en souvienne, il n’a jamais expulsé personne. Sa présence, sa personnalité et sa voix suffisaient. » Cette capacité à maintenir l’ordre par son charisme et sa stature a marqué les parlementaires de tous bords.
Le couronnement de sa carrière intervient le 21 juillet 2012, lorsqu’il succède à sir Anerood Jugnauth pour devenir président de la République, un rôle qu’il exercera, avec une certaine discrétion, jusqu’au 29 mai 2015. Anil Bachoo se souvient de lui comme d’un président accessible : « Comme président, il était très proche et si on avait besoin d’un conseil, il était toujours présent. »
Un pilier indéfectible du Parti Travailliste
Kailash Purryag rejoint le Parti Travailliste (PTr) en 1973, l’année durant laquelle il devient avoué. Il restera fidèle à cette formation tout au long de sa vie. Il gravit les échelons du parti, devenant secrétaire général de 1987 à 1991, puis président de 1991 à 1996. Jusqu’à sa mort, il conserve le titre de président d’honneur, participant activement aux réunions du bureau politique.
Patrick Assirvaden, président du PTr, rend hommage à son rôle central : « Kailash Purryag était un des grands tribuns à avoir connu le Parti Travailliste d’avant 1982 avec le Dr Seewoosagur Ramgoolam. Il a connu les deux Premiers ministres que le PTr a donnés au pays. Il était jusqu’à sa mort le président d’honneur du PTr et venait encore aux réunions du bureau politique. Il était la bibliothèque du PTr et connaissait l’histoire du parti. »
Son engagement envers le PTr s’est particulièrement manifesté dans les moments difficiles, notamment après la défaite électorale cuisante de 1982. Anil Bachoo évoque cette période sombre : « En 1982, on a eu à faire face à une cuisante défaite. En 1983, il redevient député et en 1987, il n’avait pas posé. J’ai de très bons souvenirs de lui. » Cette résilience et cette loyauté ont fait de Kailash Purryag une figure tutélaire pour les militants travaillistes.
Un homme de devoir et de convictions
Juriste de formation, Kailash Purryag a mis ses compétences au service de causes nationales et internationales. « De par sa formation de juriste, il a aidé le pays. Je me rappelle qu’en 1980, il avait mené une délégation pour aller à Lancaster House dans le contexte d’une grande manifestation que les Chagossiens avaient fait à Port-Louis, pour voir comment il pouvait régler le problème. »
Sa droiture et son humanité ont également marqué ceux qui l’ont côtoyé. Ritesh Ramful, ministre des Affaires étrangères et gendre de Kailash Purryag, témoigne de son intégrité : « Il m’a toujours montré qu’il fallait être sincère avec le peuple et rester sur le droit chemin. Il était quelqu’un de très franc. »
Ritesh Ramful évoque également le courage de Kailash Purryag face à la maladie. « Il n’était pas bien depuis quelque temps. C’était un long combat depuis deux ans et demi environ. Malheureusement, son état de santé s’est détérioré jusqu’à ce qu’on apprenne la triste nouvelle. » Kailash Purryag restait une source d’inspiration, guidant Ritesh Ramful dans sa propre carrière : « J’ai beaucoup appris avec lui et c’est quelqu’un qui m’a toujours guidé. »
Arvin Boolell, ministre de l’Agro-industrie, insiste sur son accessibilité et sa fidélité : « Il était avant tout un ami. Il était proche de feu sir Satcam Boolell. C’était un politicien de proximité. En tant qu’avoué, il a travaillé sur beaucoup de cas concernant des gens du Parti travailliste. »
Arvin Boolell se souvient de ses interventions passionnées à l’Assemblée nationale : « Quand il parlait au Parlement, ça sortait de ses tripes. Il restera dans la mémoire du PTr. » Il ajoute que les conseils de l’ex-président étaient inestimables : « Ses paroles, ses conseils valaient leur pesant d’or. »
Anil Bachoo, qui a connu Kailash Purryag dès ses débuts en politique en 1978, évoque leur camaraderie et l’engagement commun des jeunes travaillistes à l’époque : « Je le connais depuis mes débuts en politique en 1978. On avait formé un groupe de jeunes travaillistes. Il nous avait beaucoup soutenus. Il a aussi beaucoup soutenu le PTr dans les moments les plus difficiles du parti en 1981/82. »
Anil Bachoo souligne également son rôle de mentor : « C’est une grande perte pour nous, pour le pays et pour le parti. » Alain Laridon rend hommage à son patriotisme : « C’était un bon patriote. C’est triste pour le pays. »
Kailash Purryag a côtoyé les géants de la politique mauricienne, de sir Seewoosagur Ramgoolam à sir Anerood Jugnauth, en passant par sir Gaëtan Duval, tout en laissant un parcours, jalonné de responsabilités ministérielles, parlementaires et présidentielles, témoigne d’une vie dédiée au service public. Comme le souligne Arvin Boolell : « Nous, politiciens, nous sommes tous comme le commun des mortels. C’est notre héritage qui est important. »
Les drapeaux en berne ce dimanche
À la suite du décès de l’ancien président de la République, Kailash Purryag, les drapeaux sont en berne depuis samedi 15 heures et ce, jusqu’au coucher du soleil ce dimanche. Le chef de l’État, Dharam Gokhool, a lancé un appel, samedi, pour que le secteur privé mette également ses drapeaux en berne.
Navin Ramgoolam : « Il a servi le pays avec loyauté »
À l’annonce du décès de Kailash Purryag, ancien président de la République, le leader du Parti travailliste et Premier ministre Navin Ramgoolam a salué la mémoire d’un homme d’État dévoué et fidèle aux idéaux de la nation. « Il était très proche de sir Seewoosagur Ramgoolam. Il était quelqu’un de loyal, qui a servi le pays », a déclaré Navin Ramgoolam, soulignant la relation particulière entre Kailash Purryag et le Père de la nation.
« Je l’ai connu un peu plus quand je suis entré en politique, au Parti travailliste, en 1990. » Navin Ramgoolam a rappelé le parcours remarquable de celui qui fut successivement ministre, vice-Premier ministre, Speaker de l’Assemblée nationale et enfin président de la République. « Il a eu la chance de servir le pays en plusieurs capacités », a-t-il dit, avant d’exprimer son émotion face à cette perte : « L’heure est arrivée qu’il devait partir. Je suis très triste de sa disparition. »
Recueillement et reconnaissance pour un homme d’État hors pair
L’atmosphère était lourde, empreinte d’une tristesse digne et contenue, en cette matinée où la maison de Castel s’est transformée en un lieu de mémoire. Depuis l’annonce du décès de Kailash Purryag, une procession discrète, mais continue d’anciens collègues, de responsables politiques, de figures institutionnelles et de simples citoyens se presse à sa porte. Dans la véranda ouverte, des chaises alignées, des gens assis dans le calme. L’intimité du deuil se mêle à la solennité du respect républicain.
À l’intérieur, son cercueil en verre repose dans une pièce baignée d’une lumière tamisée. La photo de Kailash Purryag, comme pour rappeler l’homme dans toute sa dimension humaine : souriant, calme, réfléchi. Autour du cercueil réfrigéré, des visages connus. Parmi eux, le député Adrien Duval du PMSD. « C’était un Speaker exemplaire », dit-il, avant de souligner la rigueur et la probité qui le caractérisaient. « Il n’hésitait jamais à dire la vérité », ajoute-t-il.
Ce n’est pas un simple hommage. C’est un hommage traversé par la mémoire collective d’un pays. Iqbal Mallam-Hasham, ancien Managing Director de la State Investment Corporation (SIC), le décrit comme un « homme digne », un « véritable institutionnaliste » auprès de qui il a tant appris. Dharam Gokhool, l’actuel président de la République, est venu lui aussi s’incliner. Il parle d’un mentor, d’un modèle, d’une figure incontournable de la République. « Il était un professionnel accompli du droit, un homme politique d’expérience, profondément engagé dans la vie sociale », déclare-t-il.
Au fil de la journée, d’autres figures politiques défilent. Arianne Navarre-Marie, ministre de l’Égalité des genres, évoque un homme « affable et poli, même sous pression », rappelant qu’il avait accompagné la toute première délégation chagossienne à Londres. Un acte symbolique, qui montre combien l’homme, au-delà de ses fonctions, demeurait profondément humain, engagé dans des causes parfois ignorées par les projecteurs.
Barlen Vyapoory, ancien vice-président de la République, parle d’« une figure historique » ayant contribué au développement du pays. Et Rajesh Bhagwan, ministre de l’Environnement, ne mâche pas ses mots. « Les jeunes devraient apprendre de lui... » souligne-t-il avec gravité. Dans ce silence qui traverse la maison et le jardin, on comprend que c’est bien plus qu’un départ. C’est une page qui se tourne, un pilier de la République qui s’efface lentement, mais dont l’empreinte demeure. Dans les lois qu’il a défendues, dans les débats qu’il a arbitrés, dans les hommes et femmes qu’il a inspirés.
Les témoignages convergent tous vers une image forte : celle d’un homme droit, sincère, républicain, discret dans sa grandeur, constant dans son engagement. Ce samedi, le deuil n’avait rien de tapageur. Il était silencieux, pudique, profondément digne.
Sara Luctchman/Haarisah Peerally/Fernando Thomas
Dharam Gokhool, président de la République : «Son engagement a marqué l’histoire de Maurice»
Le président de la République, Dharam Gokhool, a exprimé sa profonde tristesse et salué la mémoire d’un homme d’exception, engagé tout au long de sa vie au service de la nation. « C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Kailash Purryag, G.C.S.K., ancien président de la République et un ami cher », écrit Dharambeer Gokhool dans un communiqué émis ce samedi.
Le président souligne la contribution déterminante de Kailash Purryag au développement démocratique du pays : « Son engagement politique, dès ses débuts, jusqu’à son mandat à la présidence, a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de Maurice. »
Reconnu pour sa loyauté et son dévouement sans faille envers la République, Kailash Purryag « restera dans les mémoires pour son attachement profond à la nation et pour sa constante volonté de servir », poursuit le président.
« Au nom du peuple mauricien et en ma qualité personnelle, j’adresse mes sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à tous ceux qui ont eu l’honneur de collaborer avec lui dans l’intérêt de notre République. »
P. Bérenger : «C’est un vrai sage qui est parti»
Profondément ému par la disparition de Kailash Purryag, le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, a rendu un hommage empreint de respect et de sincérité à celui qu’il considère comme une figure sage et respectée de la vie publique mauricienne.
« J’aimais beaucoup Kailash Purryag. C’est un vrai sage qui est parti », a-t-il déclaré, touché par cette perte. Paul Bérenger a tenu à exprimer sa solidarité avec la famille de l’ancien président : « Je suis très ému. Mon cœur va vers ses proches. »
Joe Lesjongard, leader de l’opposition : «Il a été digne et juste dans ses fonctions»
« C’est avec tristesse que j’ai appris le décès de l’ancien président de la République, Kailash Purryag », affirme le leader de l’opposition Joe Lesjongard. « Il a fait preuve d’une loyauté sans faille envers son parti, le Parti Travailliste. Il a été digne et juste dans ses fonctions de Speaker de l’Assemblée nationale et comme président de la République. Mes pensées vont à ses proches », ajoute-t-il.
Pravind Jugnauth : « Notre République se rappellera toujours de lui »
L’ex-Premier ministre et leader du Mouvement socialiste militant, Pravind Jugnauth, présente ses sincères condoléances à la famille et les proches de Kailash Purryag. « Notre République se rappellera tout le temps de l’ancien président comme une personne qui a marqué la scène politique », a-t-il posté sur sa page Facebook.
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