Du Mouvement militant mauricien socialiste progressiste au Parti travailliste (PTr) en passant par le Mouvement socialiste militant (MSM), Dan Callikan était très apprécié de ses alliés pour ses qualités de stratège et beaucoup moins par ses adversaires politiques. L’ancien directeur général de la MBC est décédé vendredi à l’île de la Réunion. Il était âgé de 75 ans.
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Fin stratège, intellectuel et homme de culture… Ce sont les termes qui reviennent le plus souvent lorsqu’on évoque le parcours de Dan Callikan. Dev Virahsawmy, linguiste et ami intime de ce dernier, le décrit comme un homme extrêmement intelligent. « Il a été lauréat et a poursuivi ses études en France. Ce qui est vraiment intéressant dans son parcours, c’est qu’il a été l’un des tout premiers à avoir étudié Jean Ferrat. C’était une approche révolutionnaire, car à cette époque, la plupart des étudiants se ruaient sur des écrivains comme Molière et Shakespeare », indique l’ex-député.
C’est surtout avec l’émergence du Mouvement militant mauricien socialiste progressiste (MMMSP) que Dan Callikan commence à se faire un nom. Il s’agit en fait d’une aile d’extrême gauche du Mouvement militant mauricien (MMM) créée après que certains membres du MMM avaient exprimé leur désaccord avec l’orientation politique des mauves. « Lorsque j’ai rejoint le MMM, Dan m’avait fait comprendre qu’il n’était pas intéressé à rejoindre le parti. Toutefois, en apprenant la création du MMMSP, il avait exprimé son intérêt à rejoindre ce mouvement », ajoute le linguiste. Par la suite, Dan Callikan se rapproche de sir Anerood Jugnauth (SAJ) après les élections de 1982.
« Je me souviens d’une fois où nous regardions la télévision ensemble et nous avions vu Paul Bérenger, ministre des Finances d’alors, arracher le micro à sir Anerood Jugnauth en direct. Nous nous sommes regardés et avons très vite compris qu’Anerood Jugnauth était en difficulté et qu’il fallait aller lui prêter main forte », confie Dev Virahsawmy.
À la MBC, il a énormément œuvré dans l’intérêt de la langue créole. Il était persuadé que c’était à travers le créole que la communication à Maurice pouvait mieux passer»
Après les élections de 1983, Dan Callikan est nommé directeur général de la Mauritus Broadcasting Corporation (MBC). « À la MBC, il a énormément œuvré dans l’intérêt de la langue créole. Il était persuadé que c’était à travers le créole que la communication à Maurice pouvait mieux passer. Il m’avait alors chargé d’assurer la formation des journalistes de la MBC pour leur apprendre à lire et à écrire le créole », avance-t-il.
« En dehors du fait qu’il a travaillé pendant plusieurs années dans des organes de l’État mauricien, il a aussi toujours cherché à être indépendant professionnellement. C’est pour cela qu’il a aussi fait des études en droit », souligne Dev Virahsawmy.
Dan Callikan a fini par prendre ses distances du MSM, qui était alors arrivé à une fin de règne en 1995. Cependant, il s’est à nouveau rapproché de la politique en 2002 en allant prêter main forte au Parti travailliste (PTr). Pour le président du PTr, Patrick Assirvaden, Dan Callikan a incarné le renouveau des rouges dans les années 2000. « Il a d’ailleurs contribué à la reconquête du pouvoir du PTr en 2005 », déclare-t-il. « Ses conseils et sa faculté d’analyse faisaient de lui un stratège hors pair », ajoute le député de la circonscription no15 (La Caverne/Phoenix).
Nommé dans un premier temps Senior Advisor au Prime Minister’s Office, il a été de nouveau propulsé à la tête de la MBC en 2009, jusqu’en 2014. Si ses alliés voyaient en lui plusieurs qualités, le passage de Dan Callikan à la tête de la MBC avait été sévèrement critiqué par l’opposition d’alors, essentiellement menée par le MMM. Les membres de ce parti prenaient régulièrement Dan Callikan pour cible, l’accusant d’avoir politisé la MBC dans le but de servir les intérêts du PTr et de son leader, Navin Ramgoolam.
Le règne de Dan Callikan à la tête de la MBC a également été marqué par un bras de fer l’opposant à l’ex-syndicaliste Rehana Ameer. La suspension ordonnée par Dan Callikan de cette ancienne employée de la MBC avait obligé le ministère du Travail à la soutenir ouvertement. Cela avait fini par une défaite de la MBC devant la cour industrielle.
Au fil de son parcours, Dan Callikan aura rarement laissé indifférents ses contemporains. Il s’est éteint le vendredi 7 avril à l’île de la Réunion, où il s’était rendu pour assister à un symposium.
Le Défi Media Group présente ses sympathies à la famille endeuillée.
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