Un matin, Nazma Moolee est montée dans la pirogue de son mari pour aller pêcher. Les temps étaient difficiles et elle voulait contribuer au budget familial.
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Quinze ans plus tard, elle est devenue une femme-pêcheur respectée dans la communauté des pêcheurs de Pointe-aux-Sables.
La pêche est un métier difficile, surtout pour une femme. Mais pour Nazma, rien n’est impossible pour ceux qui veulent réussir. Albert Einstein n’a-t-il pas dit qu’au milieu de la difficulté repose l’opportunité ?
Les difficultés, elle les connaît bien pour les avoir longtemps côtoyées : se réveiller à 3 heures pour chercher des appâts, affronter les grosses vagues en haute mer, passer parfois toute une journée en mer sans prendre un seul poisson. Mais Nazma trouve sa force dans la persévérance et le profond désir d’assurer l’avenir de sa famille.
En effet, mariée et mère de quatre enfants, elle voyait sa petite famille peinant à joindre les deux bouts. Son mari Alain Moolee, menuisier métallique, était aussi pêcheur à ses heures perdues. Souvent, elle l’accompagnait en mer, jusqu’au jour où elle décida de devenir pêcheur à plein-temps.
Auparavant, elle a travaillé dans une usine de la zone franche. Par la suite, elle s’est convertie en marchande de poissons, qu’elle a pratiquée pendant une quinzaine d’années. C’est après que les poissons sont livrés directement à une compagnie, qu’elle décide de faire équipe avec son mari.
Cartes de pêche
Mais ce métier n’est pas de tout repos. Nazma se réveille à 2 heures le matin pour trouver des appâts, dont des sardines. « Au début ce n’était pas facile, mais on finit par s’habituer », dit-elle avec un large sourire.
Par la suite, elle prend le large pour se rendre en haute mer, près de Pointe-aux-Caves, où se trouvent des bancs de poisson, communément appelé « radeau » par les pêcheurs. Elle explique qu’elle doit garder ses appâts vivants, car les thons, daurades et marlins dédaignent les poissons morts.
Sur une mer sans fond, le moindre accident peut être fatal. « On voit passer des baleines, cachalots et des gros requins ». A-t-elle peur ?
« Non, zotte faire zotte chemin. C’est seulement dans film ki ou trouve poisson vine attaque dimoune lor bateau », dit-elle. À ce jour, sa plus grosse prise est un marlin de 700 kg, dit-elle fièrement. Ses prises, principalement le thon et la daurade, sont livrées directement à une compagnie de distribution.
Pour Nazma, le plus grand souci d’un pêcheur reste la météo. « Le temps capave bon mais éne seul coup ou trouve la mer changé et gros vagues commence levé et ou conné ou bisin retourné », explique-t-elle. Aujourd’hui, elle fait souvent équipe avec Jason, son fils aîné, âgé de 26 ans.
Après quinze ans comme pêcheur, elle n’a toujours pas sa carte professionnelle. « Mo fine faire application depuis 13 ans », dit-elle. Jason, qui a pris la relève, attend lui-aussi cette carte sans laquelle ils sont considérés comme amateurs et privés d’allocation en cas de mauvais temps. Comme les autres pêcheurs, elle souhaite que l’école de pêche, fermée depuis plus d’une dizaine d’années, rouvre ses portes. Ils doivent y passer pour obtenir leurs cartes de pêche professionnelle.
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