Nawaz Noorbux aux élèves de la Sir Abdul Razack Mohamed SSS : «Votre collège peut mettre en place une Web Radio et une Web/TV»

Invité d’honneur à la cérémonie de remise de prix aux élèves de la sir Abdul Razack Mohamed SSS, Port-Louis, ayant brillamment réussi aux derniers examens scolaires, Nawaz Noorbux, rédacteur en chef de Radio Plus, a exhorté les élèves de faire preuve d’initiative et de rester loin des mauvaises tentations. Voici de larges extraits de son intervention.

On éprouve toujours un sentiment de joie, de fierté et du devoir accompli, lorsque la réussite est au bout de l’effort et après avoir consenti des sacrifices. La persévérance est un facteur indispensable à la réussite, quel que soit le domaine. Notre système éducatif a produit de grands professionnels au fil des années. Mais le défi désormais, c’est de pouvoir s’adapter aux nouvelles exigences, aux nouvelles réalités du monde du travail.

Depuis quelques années, on se plaint de l’inadéquation (“mismatch”) entre les diplômes et les aptitudes requises par les employeurs. Le diplôme n’est pas forcément synonyme de compétence.

Dans le journalisme par exemple, je constate ces manquements lorsqu’on recrute des jeunes gradués. Malheureusement, on n’a pas une École de journalisme à Maurice.

Contrairement à certains pays avancés comme les États-Unis, que j’ai eu la chance de visiter et où on enseigne le journalisme audiovisuel dès l’âge de 14 ans, c’est-à-dire au niveau secondaire. J’ai visité une école publique en Californie et j’ai été impressionné par les infrastructures et les équipements qu’ils ont pour enseigner l’audiovisuel.

À Maurice, je considère que le système éducatif est trop académique. C’est pour cette raison que beaucoup de jeunes éprouvent des difficultés lorsqu’ils intègrent le monde du travail. La formation professionnelle est là pour pallier cette lacune, mais j’estime que certaines notions doivent être apprises à un jeune âge. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont donné une nouvelle dimension à l’apprentissage. Il faut savoir les utiliser à bon escient.

Les jeunes peuvent tenter de nouvelles expériences avec le soutien des ainés. J’ai vu sur Facebook que vous avez pris quelques initiatives et je vous en félicite. Vous pouvez aussi franchir un autre palier. Par exemple, votre collège peut mettre en place une Web Radio et une Web/TV. Toutes les activités du collège, comme celle que vous avez organisée ce matin, peuvent être sur le site avec des reportages audio et vidéo.

Des enseignants et des élèves peuvent participer à des forums de discussion, des blogs, sur des sujets pertinents pour les jeunes, le social et l’éducation. Cela aiderait au développement intégral des élèves ; améliorant du coup leur connaissance générale et leur vocabulaire, tout en leur permettant de développer leur personnalité et une culture de débats.

Parents

Les parents sont sans doute conscients du problème de chômage parmi les jeunes. J’espère que vous réalisez que le secteur public ne pourra absorber ces milliers de jeunes qui débarquent sur le marché du travail chaque année. D’autant plus que l’âge de la retraite a été reporté à 65 ans. Je pense que les jeunes doivent développer le sens de l’entrepreneuriat.

Et le numérique stimule cela chez les jeunes. Ceux qui savent innover aujourd’hui domineront le marché demain. Le numérique comporte pas mal de risques, comme le piratage des données informatiques, mais cela ne devrait pas freiner l’entreprise. Je souhaite que les autorités arrivent à créer l’environnement propice et à mettre en place le cadre nécessaire pour aider les jeunes dans leur Start-up.

Focalisez sur les possibilités et ignorez les mauvaises tentations comme la drogue de synthèse qui compromettra votre avenir. Si vous suivez l’actualité à Maurice et dans le monde, vous allez remarquer qu’il y a de plus en plus un effritement de valeurs. Des valeurs comme l’honnêteté, l’intégrité s’apprennent à la maison, à l’école.

La course à l’argent facile a gangrené le système et les institutions. Nous sommes tous responsables et pas uniquement les politiques. Nous les jeunes, vous les professionnels et les leaders de demain peuvent et doivent œuvrer pour essayer de changer le système et non le perpétuer.

Il faut combattre le communalisme et promouvoir la méritocratie, les chances égales et la transparence. On n’est pas obligé de se lancer dans l’arène politique. Vous pouvez le faire à travers le travail social, le volontariat. Il faut redynamiser la société civile. 

C’est un fait indéniable : il y a une fracture sociale à Maurice. Que faire ? Quelle solution ? Il faut commencer à remettre en cause un certain nombre de choses. Il faut un renouveau, pas superficiel en introduisant seulement quelques nouveaux visages. Ce renouveau doit s’opérer dans le système éducatif, dans les mentalités et dans la gestion des affaires du pays.

Il faut commencer quelque part. L’année prochaine, cela fera un demi-siècle depuis que le pays est indépendant. Le prochain demi-siècle vous appartient. À vous de décider comment vous voulez façonner la République de demain. Bonne chance.