Navin Ramgoolam: «Paul Bérenger veut diviser le PTr»

Mise à jour

C’est un Navin Ramgoolam des grands jours qui s’est adressé 70 minutes durant à ses partisans. Requinqué par une foule débordant d’enthousiasme, Navin Ramgoolam s’est laissé aller à un discours unitaire à l’intention de ses partisans. Pas question, affirme Navin Ramgoolam, qu’il cède le leadership du PTr ; en dépit des tentatives répétées de la part du MMM et du MSM de semer la zizanie parmi les dirigeants et partisans travaillistes. Navin Ramgoolam ne ménage pas l’actuel gouvernement, et affirme que « ce sont de dangereux amateurs qui sont à la tête du pays. “Zot pe pass zot letan detrir nou bann institision. Zot pe rod fini moi, me pa fasil sa […] Tan ki pou ena Ram ek Shiva, mo pa pou disparet ! » L’actuel gouvernement est caractérisé, selon Navin Ramgoolam, par un manque de leadership, de vision, de sens de direction : « C’est un bateau sans gouvernail dans lequel le capitaine se repose. C’est une embarcation qui se dirige vers les récifs et les précipices. » Pour Navin Ramgoolam « banla pou fini sa pei la pou garde ». C’est pourquoi, dit-il, il reste le sauveur : « Jamais je ne vous abandonnerai à un tel sort. Le PTr a construit ce pays “blok par blok” ; c’est pourquoi nous sommes indestructibles. Nous allons reconquérir le pouvoir pour redresser la barre. » La priorité de Navin Ramgoolam, outre la reconquête du pouvoir, reste la restructuration de fond en comble du PTr.

« Mwa ki leader »

« C’est moi le leader et je le resterai. Il faut que tout le monde comprenne que les élections se jouent sur le terrain et non pas au sein du parti », précise Navin Ramgoolam. Navin Ramgoolam dénonce les « tentatives répétées » de Paul Bérenger pour diviser sa troupe et en prendre le contrôle : « Be ki arive ? Li ki swazir leader aster ? Dir li al guet ki pe pase dan so parti avan […] Paul Bérenger veut diviser le PTr pour ses propres intérêts. “Me nou dir li : ar nou non !” » Ses adversaires, dit Navin Ramgoolam, manipulent l’opinion publique : « Me moi zame mo pa pou zet zarm. Zot kapav pran seki zot oule avek moi mai zame zot pa pou gayn mo kouraz. » Faisant une fois de plus son mea culpa, Navin Ramgoolam dit qu’il assume ses responsabilités pour la dernière défaite électorale : « J’ai fait des erreurs de jugement. Je ne vais pas m’engager dans un “blame game”. L’adversité n’a jamais eu raison de moi, bien au contraire. »

Restructuration du PTr

Le PTr, soutient Navin Ramgoolam, va vers une refonte complète de sa structure : « Je suis conscient de mes responsabilités en tant que leader. Je ne peux laisser la situation se détériorer. Nous devons rester unis. C’est pourquoi je reconstruirai l’équipe, à commencer par la structure même du PTr. » Navin Ramgoolam annonce aussi la réorganisation des Constituency Labour Party (CLP), des amendements à la constitution du parti, la mise sur pied des commissions pour des dossiers importants et d’intérêt national, des sous-comités pour suivre certains ministères clés, la préparation des Policy Papers sur des sujets brûlants et aussi un « think tank » qui comprendra aussi les femmes et les jeunes pour faire des analyses sur des sujets d’actualité. Dans sa reconquête du pouvoir, Navin Ramgoolam n’oublie pas l’importance des médias ; annonçant ainsi la relance du défunt journal Advance, qui sera un journal en ligne sur internet, mais des copies seront aussi imprimées dépendant des évènements. Navin Ramgoolam a aussi un message à ceux qui ont choisi de quitter le PTr pour n’avoir pas eu ce qu’ils estiment être leur dû : « Mo dir zot ki dan bis ena plas asize ek plas dibout. Bizin aksepte si pena plas, pena plas. » Navin Ramgoolam énumère une liste des réalisations du PTr depuis sa création : droit de vote, indépendance de l’île Maurice, institution de l’État providence, transport gratuit… Avant de Navin Ramgoolam de conclure : « Il faut sauver le pays des abus de pouvoir. “Zot finn anter PTr tro boner”. Le PTr est l’âme de ce pays, ses racines sont bien ancrées ! »

Ambiance survoltée et surchauffée

L’ambiance à Réduit était pour le moins électrique. L’auditorium Octave Wiehé avait été pris d’assaut très tôt, si tant qu’à 9 heures il ne restait plus de places assises à l’intérieur et dans le foyer où quelques centaines de chaises et des écrans géants avaient été installés afin de permettre à tous ceux qui avaient fait le déplacement de voir et d’entendre ce qu’il se passait à l’intérieur. Navin Ramgoolam a fait son entrée en fanfare à 10 h 15 devant la foule déchaînée restée à l’extérieur par manque de places. Ses fidèles lieutenants l’attendaient à son arrivée – Anil Bachoo, Rajesh Jeetah, Dhiraj Khamajeet, pour ne citer que ceux-là. À l'intérieur, les premières travées étaient déjà occupées par les anciens ministres et députés, et aussi par les VIP dont Sunita Joypaul, sœur de Navin Ramgoolam. La chaleur étouffante, la climatisation inexistante et le manque de places ne décourageaient pas les partisans qui insistaient pour être à l’intérieur. S’il y a une personne qui a été au four et au moulin, c’est bien le président PTr Patrick Assirvaden, heureux de la foule mais quand même un peu pris de court par certains débordements.

Kailash Purryag et les autres

S’il y a un proche des travaillistes qui n’est pas passé inaperçu, c’est bien l’ex-président de la République Kailash Purryag. C’est une de ses premières sorties politiques depuis sa démission de la State House en juin 2015. Parmi les autres présents : Dev Virahsawmy qui vient d’adhérer au PTr, Rama Valayden, Yatin Varma, Satish Faugoo, le Dr Abu Kasenally, Suren Dayal, Lormus Bundhoo, Mireille Martin, Prateebah Bholah, Shakeel Mohamed, Tassarajen Pillay Chedumbrum, Michael Sik Yuen, Cader Sayed-Hossen, Mookhesswur Choonee et Lucien Finette pour ne citer que ceux-là.

Indiscipline

Ils étaient nombreux dans la salle à ne pas s’être montrés attentifs aux instructions des organisateurs. Beaucoup persistaient à faire du bruit, à se mettre debout et crier lors de l’intervention de Navin Ramgoolam. Les organisateurs ont eu fort à faire pour les calmer.

Clip sur les réalisations du PTr

Ceux présents ont eu droit à un clip d’une vingtaine de minutes sur les réalisations du PTr quand il était au pouvoir. Tous les secteurs étaient couverts et dans certaines photos, l’on pouvait même voir la présence de Pravind Jugnauth, notamment en 2008 lors de son élection à la partielle au no 8 [Quartier-Militaire-Moka].

Reconnaissance

Quatre fidèles de la vieille garde du PTr, notamment l’incontournable Comra Singaravelloo, Guy Narainsamy, Mahmoud Tally et le chanteur Gowry, auteur de la chanson « Donn to lame, pran mo lame », ont eu un souvenir des mains de Navin Ramgoolam pour leur loyauté et engagement envers le PTr.  

Compte-rendu Sanjana Bhagmal-Cadervaloo

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