La révocation de Vikram Hurdoyal comme ministre de l’Agro-industrie, suivi de sa démission comme député, ainsi que la possibilité qu’une élection partielle ait lieu au n° 10 ont été les principaux sujets commentés par l’alliance entre le Parti travailliste (PTr), le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD), lors d’une conférence de presse le jeudi 15 février.
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Vikram Hurdoyal
« Pravind Jugnauth a le devoir d’expliquer à la population pourquoi il a révoqué un ministre », a déclaré Navin Ramgoolam, en réagissant une fois de plus à la révocation de Vikram Hurdoyal en tant que ministre de l’Agro-industrie.
Le leader du PTr a affirmé qu’en refusant de communiquer les raisons de la révocation du ministre, Pravind Jugnauth donne l’impression que le pays est sa propriété privée. Selon lui, ce manque de transparence ouvre la voie à de nombreuses spéculations.
« ‘Kan li tchoup tchap, sa les plas a spekilasion’. Qu’est-ce qu’il a fait ? Il a commis quelle fraude ? », a indiqué Navin Ramgoolam en parlant de l’ex-ministre. Il a précisé que la réunion entre Vikram Hurdoyal et la Premier ministre lundi donne l’impression que ce dernier a fait du chantage à son ancien ministre : « Pravind Jugnauth est un blackmailer. Nous avons un blackmailer comme Premier ministre. La population doit savoir quelle faute Vikram Hurdoyal a commise. »
Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, qui a aussi discuté du cas de l’ex-ministre, a, quant à lui, souligné que la rentrée parlementaire programmée pour le 26 mars prochain sera l’occasion rêvée d’élucider, à l’Assemblée nationale, le mystère de la révocation de Hurdoyal. « Dan parlman pa pou kapav sape », a-t-il dit.
Il pense que Vikram Hurdoyal n’est lui-même pas au courant des raisons derrière sa révocation. « Nous devons réclamer la transparence sur ce dossier qui est extrêmement sérieux. Nous devons élucider le mystère de cette révocation brutale. Rien ne va plus au pays. »
Paul Bérenger a abondé dans son sens. Il a qualifié la façon dont Vikram Hurdoyal a été révoqué de simplement « inacceptable, brutale et grossière ». Selon le leader du MMM, c’est la manière même de traiter la démocratie qui est inacceptable.
Participation de Ramgoolam à une partielle au n° 10
Interrogé par des journalistes sur sa participation éventuelle à une élection partielle dans la circonscription n° 10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est), Navin Ramgoolam est resté extrêmement vague sur le sujet. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a récemment répété à plusieurs reprises qu’il s’attend à ce que le leader des rouges se porte candidat à cette élection partielle, qu’il a promis de tenir.
Cependant, Navin Ramgoolam est d’avis que cette partielle n’aura pas lieu. Il a expliqué qu’en 2019, à la suite de la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo en tant que ministre des Affaires étrangères, l’élection partielle n’avait pas eu lieu, et ce malgré l’annonce du Nomination Day faite par le gouvernement.
Cette situation pousse le leader du PTr à dire que Pravind Jugnauth ne contrôle plus le calendrier électoral. Il a fait ressortir que le Premier ministre ne pourra pas poursuivre son mandat jusqu’en 2025. « C’est une image de fin de règne », déclare-t-il.
Navin Ramgoolam s’est également insurgé contre ce qu’il qualifie « d’obsession » que Pravind Jugnauth a envers lui. « Il dit que je dois être candidat. C’est grâce au Parti travailliste que Pravind Jugnauth avait pu faire son retour à l’Assemblée nationale. Mais pourquoi n’a-t-il pas organisé les élections municipales ? Pourquoi n’en parle-t-il pas ? C’est parce qu’il sait qu’il aurait eu une raclée. Il me lance maintenant un défi. ‘Mo dir li okip so prop zonion’. »
Le leader du PTr est aussi d’avis que la population n’a nullement besoin d’une élection partielle. « Ce qui est nécessaire, ce sont des élections générales. C’est ce que nous demandons afin de sortir de ce climat d’instabilité. Personne n’est intéressé par une partielle. Nous savons qu’il ne fera pas de partielle. Il lancera les procédures. Si Pravind Jugnauth veut assumer ses responsabilités, il doit retourner le pouvoir au peuple mauricien », a-t-il indiqué.
Interrogé davantage sur sa participation à une élection partielle, Navin Ramgoolam a lancé ceci : « Dir li pa traka, dan eleksion zeneral li pou teste mo lafors. Dir li aret obsede ek mwa. »
Silver Bank
La mise en administration de la Silver Bank par la Banque de Maurice a également été commentée par Navin Ramgoolam. Selon lui, il s’agit d’un autre scandale similaire à celui d’Alvaro Sobrinho en Angola. « Avant 2021, la presse internationale, comme le Financial Times et le Wall Street Journal, parlait d’une fraude de 577 millions de dollars, ce qui représentait alors Rs 26 milliards, et les Gupta étaient déjà dans le viseur des autorités indiennes », a expliqué Navin Ramgoolam.
Il a ensuite ajouté ceci : « C’est Madame Gupta qui a créé la Silver Bank en achetant BanyanTree Bank Limited, en prenant 75 % des parts. Madame Gupta ne connaît rien aux opérations bancaires et la Banque de Maurice lui a délivré une licence pour ouvrir cette banque à Maurice. Comment cela a-t-il été possible ? Il aurait dû y avoir une vérification minutieuse avant cela. »
Le leader des rouges a précisé que malgré l’appel déposé par Mme Gupta, la Cour de Londres a maintenu le gel de ses avoirs. Cependant, il a noté que les autorités mauriciennes lui ont accordé diverses facilités. Il a mis en lumière le fait que plusieurs institutions de Maurice ont injecté un montant totalisant Rs 3 milliards dans la Silver Bank.
Intelligence artificielle et réenregistrement des cartes SIM
Navin Ramgoolam a réitéré sa mise en garde contre l’utilisation de l’intelligence artificielle aux prochaines élections. Selon lui, le Mouvement socialiste militant (MSM) aurait déjà approché une société originaire de Dubaï pour exploiter l’intelligence artificielle contre lui et l’opposition aux prochaines élections.
Le leader des rouges a cité en exemple des interviews fictives qu’il aurait supposément accordées à certains journalistes, prétendant qu’il donnait des conseils sur les moyens de devenir millionnaire. « À travers l’intelligence artificielle, on peut également cloner des voix. C’est pourquoi je soutiens que la tenue rapide des élections générales serait plus bénéfique au pays », a-t-il dit, soulignant que les Mauriciens ont tendance à croire ce qu’ils voient.
Le leader des mauves, qui a également commenté les procédures entourant le réenregistrement des cartes SIM ainsi que l’introduction de la nouvelle carte d’identité, a fait ressortir qu’il existe une méfiance généralisée à l’égard du gouvernement. C’est pourquoi, selon lui, il est nécessaire de « renvoyer tout cela après les prochaines élections générales et laisser le prochain gouvernement décider de tout cela ».
Dengue
Par rapport à la situation de la dengue, Xavier-Luc Duval, qui a commenté les quelques 530 cas actifs à Maurice, est d’avis que ces chiffres sont erronés. « Il y en a en réalité le double, avec un nombre de cas non signalés », a-t-il dit.
Il a rappelé que ce n’est pas la première fois que des cas de dengue sont enregistrés à Maurice. « Lorsque nous étions au gouvernement entre 2008 et 2013, nous avions également des cas. Mais nous avions réussi à les contenir grâce à des actions décisives impliquant la Special Mobile Force, l’agriculture, les compagnies sucrières et le gouvernement travaillant ensemble pour empêcher la propagation de la maladie dans tout le pays. »
Arrivées touristiques et bilan mensuel de la BoM
Xavier-Luc Duval a déploré l’opacité des autorités en premier lieu en ce qui concerne les chiffres sur les arrivées touristiques mais également sur le bilan mensuel de la Banque de Maurice (BoM). Il a souligné qu’il y a eu un silence total de la part des autorités sur les arrivées touristiques enregistrées en décembre et janvier.
Il estime qu’il y a eu une baisse conséquente des arrivées touristiques de 6 %, ce qui est extrêmement rare. Il est ainsi d’avis que le gouvernement devra prendre des mesures fortes afin de redorer le blason de ce secteur.
Dans le cas de la BoM, il a déploré un manque de transparence au niveau de la publication mensuelle des bilans de la Banque centrale. Ce qui signifie, selon lui, que la population ignore le montant des réserves de même que le niveau des emprunts et des passifs.
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