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Naufrage du remorqueur Sir-Gaëtan : quand des rapports critiquent la MPA

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Le rapport de la Court of Investigation sur le naufrage du remorqueur Sir-Gaëtan, le 31 août 2020, n’a pas été rendu public. Pourtant, il a été envoyé en mars dernier au ministère de l’Économie bleue, des Ressources marines, de la Pêche et du Transport maritime. Quatre employés de la Mauritius Ports Authority (MPA) qui étaient à bord du remorqueur sont morts. Et d’autres rapports ont relevé d’importantes failles.

Le 7 février 2020, en vue de l’achat d’un « floating craft » pour la MPA, un rapport avait été commandé au consultant Keel Marine. Une étude technique détaillée sur l’état des bateaux de la MPA, sur sa politique de maintenance et sur ses employés, entre autres, avait été réclamée.

Un « Draft Technical Audit Report » avait été soumis le 1er mai 2020, trois mois avant le drame. Keel Marine avait recommandé que la MPA se débarrasse des bateaux-remorqueurs Sir-Gaëtan, Mahé-de-Labourdonnais, Talipot, Ochna, Dombeya et Kestrel après la livraison des nouveaux remorqueurs. La firme avait aussi recommandé que la flotte existante soit réparée, en attendant l’arrivée des nouveaux remorqueurs.  Keel Marine avait également réclamé l’affrètement « immédiat » d’un gros remorqueur.

Risque inacceptable

Après la vérification des neuf navires de la MPA, dont les remorqueurs, « six avaient atteint leur fin de vie », alors que « des modifications devaient être apportées à l’un d’eux afin qu’il réponde aux standards de sécurité ». Les deux seuls remorqueurs considérés comme étant efficients étaient les gros remorqueurs Sir-Édouard et Da-Patten.

Keel Marine, dans le résumé de l’audit technique, effectué du 2 au 9 mars 2020, fait ressortir que le port doit avoir « trois grands et trois petits remorqueurs opérationnels à tout moment ». Au moment de l’audit, deux grands remorqueurs et deux petits remorqueurs étaient en service. Ce qui est considéré comme « un niveau de risque inacceptable ». Car si un grand remorqueur tombe en panne, il pourrait provoquer la fermeture du port jusqu’à ce qu’il soit à nouveau opérationnel.

Keel Marine a constaté qu’il y avait un manque de « key senior personnel ». Il ajoute que le plan de maintenance n’a jamais été mis en place à cause du manque de ressources humaines. Il note aussi un manque de formation, un manque de matériel de rechange, etc.

Il y avait suffisamment de personnes pour travailler sur les remorqueurs. Par contre, Keel Marine n’était pas certain qu’ils étaient qualifiés.

Une partie de ce rapport avait été déposée à l’Assemblée nationale, après une question parlementaire de Reza Uteem, député du Mouvement militant mauricien, le 10 novembre 2020. Mais les passages les plus critiques n’y figuraient pas.

Un autre rapport a été rédigé par Judex Soulange, Chartered Marine Engineer, en 2020, à la demande de la MPA. Il indique que la section marine de la MPA « does not qualify as a proper service ». Parmi les lacunes relevées, « un manque de leadership positif », « pas de maintenance planifiée », « pas de reporting d’inspection de routine ni de suivi » et « l’âge avancé de la plupart des équipements ». Judex Soulange relève aussi que les bateaux-remorqueurs sont dans un mauvais état et manquent de maintenance appropriée et de suivi. Il note un « over burning of the crews who are short of a coordinator ». Il suggère que des actions soient prises immédiatement.

Selon Alain Malherbe, directeur général d’Island Maritime Services, le rapport de la court of investigation doit être « highly damning » pour la MPA et pour le Director of Shipping. Ce serait la raison pour laquelle il n’a pas été rendu public. 

Pour sa part, la MPA explique que plusieurs initiatives ont été prises depuis 2020 pour améliorer le service et la sécurité.

sir gaetan
Un extrait du rapport soumis par le consultant Keel Marine en mai 2020, soit trois mois avant le drame.

 

 

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