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National Wage Consultative Council : quel salaire minimal en octobre ?

salaire Des employées réclamant un meilleur salaire.

Le taux de salaire minimal sera connu d'ici octobre prochain.

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C’est ce qu’a  annoncé Beejaye Coomar Appanah, président du National Wage Consultative Council. La question est : d’ici là, trouvera-t-il un chiffre qui apportera un consentement mutuel entre le patronat et les représentants des travailleurs ?

Le salaire minimal est la rémunération minimale qu'un employeur doit accorder à ses employés pour un travail. Ce sujet était à l’agenda de la campagne électorale de l'Alliance Lepep  et de l'alliance PTR-MMM. D'ailleurs, l'ancien ministre du Travail, des Relations industrielles et de l'Emploi avait cité l’étude du professeur Eyrault dont l'une des recommandations est la création d'un National Wage Consultative Council.

Si le patronat et les syndicats sont d'accord sur la nécessité d'introduire un salaire minimal, toutefois, leur point de vue diverge sur le quantum et les composants. D'ailleurs, pas plus tard que mercredi dernier, les représentants syndicaux  qui siègent au sein du National Wage Consultative Council ont rejeté avec force une proposition du patronat, notamment celle d'inclure tous les bonis perçus actuellement par les salariés dans le salaire minimal.

Quel taux pour le salaire minimal ? Du côté du patronat, on prône la prudence. S'il est en faveur d'un salaire minimal, il estime, néanmoins, qu'il faut revoir les structures salariales à Maurice. « On ne peut introduire  un salaire minimal tout en maintenant le National Remuneration Board, le Pay Research Bureau et les négociations tripartites annuelles qui sont des instances de révisions salariales », soutient l’un d’eux. Il avance également qu'il faut s'assurer à ce que les entreprises puissent soutenir le paiement d'un salaire minimal. « Nous ne préconisons pas un salaire minimal de misère, mais on veille aussi aux intérêts des entreprises qui font face à une rude concurrence sur le marché international », dit-il.

Barème gradué

Que pense-t-on du côté syndical ?  Conscient que les entreprises du secteur privé ne pourront faire face, du jour au lendemain, à un salaire minimal trop élevé, le président de  la Fédération des syndicats du secteur public, Rashid Imrith, est en faveur d'un barème gradué pour arriver à un salaire minimal national  tournant autour de  Rs 19 000 par mois. Ce calcul a été fait en se basant sur  80 % de Rs 24 000, qui est le salaire médian dans la fonction publique.

Pour le dirigeant syndical, le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a déjà fait le premier pas en introduisant la Negative Income Tax pour les salaires de moins de Rs 10 000 par mois et qu'il faut maintenant faire des ajustements  pour que le salaire minimal soit de Rs 19 000.  

De son côté, le président du  Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, souhaite que le salaire minimal soit calculé sur le Household Budget Survey publié par Statistics Mauritius.  Il préconise un salaire minimal de Rs 10 000 par mois pour un salarié qui n'a pas de charge familial et Rs 15 000 pour  un salarié qui a deux enfants sous sa responsabilité. Il estime que les membres du National Wage Consultative Council Committee doivent descendre sur le terrain pour  connaître la dure réalité des  salariés qui touchent moins de Rs 5 000 par mois.

Il attire l'attention sur le fait qu'environ 20 000 employés à plein temps touchent moins de Rs 3 500 par mois. La même proportion gagne moins de Rs 5 000 et plus de 100 000 autres salariés  touchent moins de Rs 8 000 par mois. Notre interlocuteur explique que ce sont ceux se trouvant au plus bas de l'échelle qui sont les plus touchés par la hausse des prix des articles de premières nécessités. Il estime qu'un salaire minimal doit  rétablir la justice sociale.

À noter qu’il a démissionné du National Wage Consultative Council en guise de protestation. Il soutenait alors que les représentants des travailleurs sont en minorité au sein de ce conseil considérant que le gouvernement est aussi un représentant des employeurs, car la fonction publique est sous sa responsabilité. Il avance également qu'il n'est pas sur la même longueur d'ondes avec certaines positions de Beejaye Coomar Appanah.

Le point de vue d'un économiste

Pramode Jaddoo : « Le salaire minimal doit se situer entre Rs 10 000 et Rs 15 000 »

L'économiste Pramode Jaddoo  est en faveur de l'introduction d'un salaire minimal. «  Depuis plus de 20 ans, je lutte pour  qu'il y ait un salaire minimal à Maurice pour alléger le fardeau des plus démunis de la société  », dit-il.  Si dans le temps, il prônait un salaire minimal situant dans la fourchette de Rs 8 000 à Rs 10 000, il estime maintenant qu'elle doit être entre Rs 10 000 et Rs 15 000 par mois.    

Il justifie ce montant du fait que les salariés sont de plus en plus écrasés par les hausses de prix.  «  Ce sont surtout les petits salariés qui sont les plus touchés par la cherté de la vie. Et pour y faire face, ils achètent le plus souvent à crédit et se trouvent  engouffrés dans la spirale de la dette  », dit-il.  Il estime que contrairement à ce qu'on laisse accroire, un salaire minimal qui se situe dans cette fourchette n'affectera pas la compétitivité des entreprises.

«  Au contraire, elle va stimuler la productivité et accroître les profits, car les employés seront plus motivés  », dit-il.     Pramode Jaddoo attire l'attention que des hauts cadres dans le secteur privé ont des salaires de Rs 200 000 à monter sans que cela n'affecte la profitabilité des entreprises concernées. Il estime qu'il faut que les travailleurs aient un salaire décent, car ils ont contribué à produire la richesse du pays.

  • defimoteur

     

 

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