Nathan Iyer: «Une Smart City, c’est d’abord les gens qui la fréquentent»

Nathan Iyer

Un facteur clé dans la promotion des Smart Cities est la mise en évidence du principe des partenariats et la contribution de toutes les parties prenantes. C’est ce qu’estime l’urbaniste principal de Moka Smart City.

Quelle est la pertinence des Smart Cities dans une petite île comme Maurice ? Le concept des Smart Cities est très pertinent à Maurice, étant donné que la terre est une ressource rare dans le pays et qu’il est nécessaire de réduire l’expansion urbaine et son impact sur l’environnement. Ajoutons à cela le formidable défi du changement climatique, les incertitudes caractérisant l’économie mondiale et la crise énergétique qui sont autant de défis auxquels tous les pays de la planète sont confrontés. La réussite d’un pays face à ces défis dépend de sa façon de les gérer et de réagir aux opportunités qu’ils peuvent aussi représenter. Le concept des Smart Cities est un levier important pour relever ces challenges dans la mesure où il est fondé sur la facilitation d’un développement urbain équilibré et durable.

[blockquote]« Ce ne sont pas des ‘resorts’. Les villes intelligentes sont des espaces de vie citadine »[/blockquote]

Quelles sont les caractéristiques d’une Smart City ? À la base, le projet des Smart Cities est de concevoir et d’exécuter les différentes facettes du développement urbain en faisant en sorte qu’elles se soutiennent mutuellement et qu’elles contribuent chacune à un ensemble équilibré et durable. Au fil des années, il y a eu plusieurs avancées dans les technologies et les systèmes intelligents. Tout cela est bien évidemment nécessaire, mais il ne suffit pas de mettre en place des technologies dites ‘smart’ pour qu’une ville devienne intelligente. Une Smart City, c’est d’abord les personnes qui l’habitent et qui la fréquentent. Maurice devra veiller à ce que sa stratégie pour les Smart Cities intègre une politique globale d’amélioration des villes et villages existants, tant sur le plan social qu’économique. Pour notre part, nous travaillons actuellement sur la Smart City de Moka, une initiative du groupe ENL, et nous veillons à ne pas perdre de vue cet impératif d’intégration de la Smart City, avec son environnement socio-économique. Quel est l’avantage concurrentiel des projets ENL que vous avez conçus par rapport aux autres ? La Smart City de Moka est stratégiquement située sur les réseaux urbains nationaux et non loin d’importants centres d’activités. Mais ce qui la différencie, c’est qu’elle est construite sur la base d’une ville existante, qui est en construction depuis plusieurs années avec le développement de lieux de vie tels Les Allées d’Helvétia, Vivéa Business Park, le centre commercial Kendra et Bagatelle, qui offrent la possibilité de vivre, travailler, apprendre et faire du shopping. La Smart City de Moka ne part pas de zéro. C’est une ville en évolution. Un trait distinctif de Moka est que l’accent est mis sur la qualité de l’environnement et l’espace public comme bases essentielles de l’urbanisme. Comment Maurice peut-elle promouvoir le projet des Smart Cities auprès des investisseurs ? Les projets qui ont une réelle base urbaine et qui sont capables de démontrer qu’ils reposent sur les principes fondamentaux d’une urbanisation durable et équilibré seront les meilleurs candidats pour un investissement potentiel. Les Smart Cities ne sont pas des resorts. Ce sont des espaces de vie citadine qui doivent mettre en évidence des éléments urbains solides. Je pense que l’un des facteurs clés dans la promotion des Smart Cities est de mettre en évidence le principe des partenariats et la contribution de toutes les parties prenantes. C’est vital, d’un côté, pour renforcer la confiance auprès des investisseurs internationaux et, de l’autre, pour assurer que les gains socio-économiques parviennent à ceux qui en ont le plus besoin.