Actualités

Nando Bodha sur les expulsions et démolitions de vendredi : «La politisation a tout gâché»

Entre deux rencontres avec les familles qui doivent être déplacées pour faire place au Metro Express, le ministre des Infrastructures publiques nous a reçus samedi. Il s’explique sur les événements dramatiques de vendredi. La mantra du jour est qu’il a tout fait pour qu’on n’en arrive pas à l’expulsion de force et aux démolitions. Il met sur le dos de la politisation à outrance le drame qui s’est joué vendredi.

Publicité

Qu’avez-vous à dire sur la manière dont les choses se sont passées à La Butte et  à Résidence Barkly, vendredi ?
C’est triste. Nous ne voulions pas en arriver là. Ce qu’on appelle la section 22 [NdLR : la section 22 de la State Land Act, Eviction of squatters], où l’on donne 48 heures aux personnes qui empiètent, squattent ou qui sont en situation d’acquisition forcée, c’est un dernier recours. Le trajet a toujours été le même durant les dix dernières années. Ceux qui empiètent, à Résidence Barkly il y en a 21, ceux qui squattent, il y en a 15 à La Butte, ceux qui sont sur des terres acquises par le gouvernement, il y en a 32, ce sont les mêmes qu’en 2014. Pour les 21 cas de Barkly, il y en a cinq dont l’empiètement concerne des pièces d’habitation. Mais cela fait trois mois qu’on leur en parle.

La communication a-t-elle été assurée de manière constante ?
Des officiers sont allés sur les lieux, les personnes concernées sont venues ici. Il y a eu des réunions présidées par Showkutally Soodhun et moi-même. On a été mettre des repères visuels sur les maisons. Ce n’est qu’en dernier recours qu’on leur a envoyé la notice pour les déloger. S’il y a une injonction et qu’on ne libère pas l’alignement pour Larsen & Toubro, il y a une pénalité que le gouvernement doit payer pour chaque jour qu’elle tarde à donner le terrain.

Cette pénalité est de combien ?
Je n’ai pas les chiffres sous la main, c’est dans le contrat. En fait, il y a une pénalité dans les deux sens : si Larsen &Toubro tarde à livrer le projet, l’entreprise nous paie, mais si nous tardons à libérer le tracé, c’est nous qui payons.

C’était donc cela l’urgence de les faire évacuer vendredi ?
C’est pour cela qu’il y a urgence pour qu’on libère l’alignement début septembre. Maintenant,  les 15 cas de squatteurs à La Butte. Il y a deux cas Rujubali. Le premier concerne les héritiers de Mme Mansoor Rujubali. Ce bail a expiré en 2013 et on leur a donné une compensation de Rs 1,5 million.

Dans le cas d’Azam Rujubali, le bail était sous le nom de M. Potaren, qui est décédé en 2005. M. Rujubali jure un affidavit pour dire que M. Potaren l’avait autorisé à occuper ce terrain, mais il n’a pas été régularisé. Il est donc en totale illégalité. Nous lui avons écrit le 9 août pour lui demander d’aller devant le notaire pour toucher sa compensation. S’il n’était pas d’accord avec la compensation, il pouvait toujours aller devant le Board of Assessment. Il a refusé et a demandé deux fois plus.

Le 17 août, nous lui avons servi une notice sous la Section 22. Au lieu des 48 heures prévues, nous lui avons donné 14 jours. Dommage ce qui ce soit passé, nous ne voulions pas cela. Je vous ai parlé du cas de Résidence Barkly. Les familles concernées sont venues ici. Mardi après-midi, elles nous disent qu’elles sont d’accord pour partir. Mais, mercredi, des députés vont les voir. Ils reviennent et quatre parmi ont signé une lettre où ils nous disent ce qu’ils veulent. C’est-à-dire qu’on trouve une solution. Ensuite, l’un des quatre va jurer un affidavit pour une injonction jeudi. Le problème, c’est cette façon de dire oui un jour et non le lendemain. Nous avons des maisons prêtes à Chebel, car nous avions envisagé ce scénario.

Si l’État a besoin de cette terre pour un projet d’intérêt national, il peut l’utiliser»

Entre-temps, vous leur avez proposé quoi ?
Nous leur avons demandé de chercher une maison.

Ont-ils obtenu du soutien pour chercher une maison adéquate ?
Il y avait des maisons de la MHC et la NHDC. Puis, il y avait les maisons de Chebel, qu’ils trouvaient correctes parce que ce n’était pas très loin. Maintenant, il y a cette injonction. Mais, dans un bail sur les terres de l’État, il y a une clause de sortie. Si l’État a besoin de cette terre pour un projet d’intérêt national, il peut quand même l’utiliser.

Que va-t-il se passer maintenant ?
On attend le jugement. La compensation est toujours là. Ils peuvent encore la toucher. Je viens de parler à Azam Rujubali. J’étais chez Top FM, il m’attendait à la sortie. Je lui ai expliqué que nous ne souhaitions pas en arriver là. Je lui ai expliqué qu’il pouvait toujours toucher sa compensation et dire qu’il n’était pas d’accord. Laissons la cour faire son travail. Nous sommes toujours ouverts au dialogue. Nous comprenons que c’est un drame humain.

Les habitants disent qu’un officier de votre ministère leur a assuré qu’ils passeraient le week-end tranquille pour les fêtes...
Il est là [il nous indique un officier présent dans la pièce durant l’entretien. Ce dernier fait non de la tête]. C’est faux.

Même s’il s’agit de squat-teurs, la manière dont les choses se sont passées vendredi…
[Il interrompt] Non, non. Il y a une chose qu’il faut savoir : c’est la politisation qui a fait qu’un jour des camarades disent : ok, trouvons une solution et, le lendemain, ils mettent une injonction. C’est cette politisation qui a tout gâché. Nous savons qu’il s’agit d’un drame humain.

Vous n’estimez pas que le gouvernement aurait pu mieux gérer cela, ne serait-ce qu’en termes de communication ?
C’est la raison et l’État de droit par rapport à l’émotion. C’est ce qui s’est passé. Personne ne voulait en arriver là.

S’il y a eu ce dialogue constant, comme vous dites, comment se fait-il que ces personnes aient été prises de court ?
Il y a eu un dialogue constant jusqu’à ce qu’il paraisse que, dans un certain nombre de cas, il n’y aura pas le résultat escompté.

Y compris le cas Rujubali ?
On a essayé. Sur 68 cas, il n’y a qu’un maximum de sept ou huit cas difficiles. Par exemple, on a trouvé une parcelle de terre pour qu’un propriétaire de garage puisse le construire ailleurs. On doit couper 400 pieds carrés de la maison d’une femme et j’ai envoyé des ingénieurs et architectes pour voir comment on allait le faire pour ne pas compromettre la structure et, à côté, on lui a donné la possibilité de reconstruire.

Vous avez pu trouver un lieu pas très éloigné pour reloger tout le monde ?
Chebel, à partir de janvier, c’est une bonne solution. Pour La Butte, il y a des squatteurs qui sont partis à Pointe-aux-Sables, où ils ont été régularisés.

Vendredi, quand des journalistes vous ont sollicité à la sortie du Conseil des ministres pour une réaction, vous avez déclaré : « Monn fini travay. Les mo al lakaz ». Ce n’était pas une bourde, ce manque d’empathie ?
[Il sourit] Ce que j’ai voulu dire, c’est que j’ai fait tout ce que je pouvais, j’avais fait mon travail. Ceux qui me connaissent ont compris ce que je voulais dire. Mes officiers ont compris.

  • salon

     

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !