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Nando Bodha : «Ce sera très probablement mon dernier combat…»

Nando Bodha, co-leader de Linion Moris, parle de son ambition de devenir Premier ministre et de sa foi en la population qui osera voter pour ce qu’il affirme être un vrai changement, en adoptant Linion Moris. Il condamne sévèrement l’interpellation des membres de Rann Nou Later et critique le rapprochement « à reculons » du PMSD avec le MSM, mais aussi celui de Rezistans ek Alternativ avec le MMM.

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La semaine a été marquée par l’interpellation brutale de plusieurs membres du mouvement Rann Nou Later et du légiste Rajen Narsinghen, mardi. Votre réaction ?
C’est le dernier acte d’un régime en détresse, réprimant quelques pauvres manifestants. Le pays s’enfonce rapidement dans un tourbillon de décadence : drogue, endettement, affairisme mafieux, népotisme avec un régime qui veut sauver sa peau et qui croit que chaque Mauricien a un prix. C’est le bilan d’un système mafieux politique avec Pravind Jugnauth. 

Nous le disons encore haut et fort : c’est un gouvernement dictateur qui dirige ce pays. La liberté d’expression et de parole est piétinée et bafouée. La brutalité avec laquelle les policiers ont sévi est impardonnable et doit être sévèrement condamnée. Affirmer que cette démonstration était une menace pour les 3 000 personnes qui se trouvaient à un événement est ridicule ! Ceci montre bien les qualités des hommes qui nous gouvernent. 

À Linion Moris, nous savons ce qu’est la répression dans la rue. Huit membres de Linion Pep Morisien (LPM) avaient été arrêtés le 3 mars 2023 en face des Casernes centrales pour avoir manifesté contre le commissaire de police dans l’affaire de Dip-the-Kid. Lors de l’incident de cette semaine, Me Rama Valayden et Me Mahen Saulick étaient là avec les manifestants. Nous avons fait une déclaration solennelle : la solidarité sans faille avec tous ceux qui mènent ce combat, l’engagement pour rendre le terrain en question à la Fédération tamoule et la demande à Pravind Jugnauth de ne pas allouer ce terrain à un quelconque projet.

Nous demandons à la population de comprendre la valeur, le poids de son vote sacré. C’est la plus grande des armes dans une démocratie»

On a vu le député du Muvman Liberater, qui est aussi Deputy Speaker, Zahid Nazurally, prendre position. Il a dénoncé un « abus d’autorité ». Ce n’est pas la première fois qu’il réagit de manière différente des autres élus de la majorité. Êtes-vous de ceux qui pensent qu’il devrait, une fois pour toutes, clarifier sa position et choisir son camp ? Sa place est-elle dans l’opposition ?
Le Deputy Speaker a fait un bon travail au Parlement. Il ne faut pas oublier le scandale Phokeer, qui a démissionné le 19 juillet dernier de son poste de Speaker. Zahid Nazurally a toujours eu un langage digne. Il a été humilié par le Leader of the House. 

Il n’a pas souvent eu la possibilité de présider les travaux. Après les débats sur le Budget cette année, c’est le Deputy Chairman of Committees, et non Nazurally, qui a présidé. À ma connaissance, il n’est jamais parti en mission. 

Je tiens à vous dire que Zahid Nazurally a fait ses premières armes en 2014 dans ma circonscription à Vacoas. C’est quelqu’un qui a un bel avenir politique, mais je ne crois pas que ce soit avec Pravind Jugnauth et le régime actuel.

Si sa place est dans l’opposition, ce serait dans quelle opposition ?
Une opposition dans laquelle nous partageons les mêmes valeurs, les mêmes principes et le même combat contre un gouvernement qui a tristement détruit notre pays. Aujourd’hui, c’est Linion Moris qui incarne ces valeurs de renouveau.

Une réaction par rapport à ce qui semble être une intégration de Rezistans ek Alternativ (ReA) au sein de l’alliance PTr-MMM-ND ?
ReA a pris une décision au nom de la pragmatique mathématique électorale. Sincèrement, je ne comprends pas comment ReA peut être sur une estrade et demander à la population de voter Navin Ramgoolam comme Premier ministre, en sachant ce que représente Navin Ramgoolam au pouvoir, c’est-à-dire sa culture, ses coffres et ses scandales. De même, demander de voter pour Paul Bérenger, quand ReA a toujours voulu reprendre son combat pour les travailleurs, est incompréhensible. 

Faisons un parallèle : j’ai fait de la politique pendant des années et j’ai toujours gardé une ligne droite. Je vais toujours garder cette ligne pure et dure. J’ai dit non à SAJ, que je respecte, à Pravind Jugnauth, à Navin Ramgoolam, à Paul Bérenger et à Xavier-Luc Duval sur une question de principe. Si ReA, au nom de la mathématique électorale, abandonne ses valeurs et ses principes, c’est une perte pour la démocratie. Mo pa manz sa boul-la. 

Maintenant, si le programme est le BLD de Pravind Jugnauth, ce n’est pas suffisant. Que fait-on après ? Si le programme est le BLD de Pravind Jugnauth et la mise en place d’un changement profond comme le veut le peuple, c’est notre devoir de le faire. Le peuple est admirable et intelligent, il faut lui donner différentes possibilités. C’est à Linion Moris de présenter cette alternative… avec des grandes actions de changement après 50 ans d’un cycle qu’il faut briser. Je l’ai dit dans un message à la nation sur Facebook cette semaine. 

ReA a fait une longue bataille pour un changement de Constitution non « communale », pour abolir la déclaration ethnique et le système de Best loser… Je constate que ReA fait une alliance sans ces points primordiaux. On ne peut pas imposer Ramgoolam à la population.

Le PMSD est en train de s’avancer vers le MSM à reculons comme un camaron. On parle souvent du canard laqué, mais cette fois-ci, c’est le coq laqué…»

Ashok Subron, de ReA, a plusieurs fois appelé à une grande coalition de l’opposition pour un gouvernement de transition. Quelle est la position de Linion Moris à ce sujet, à quelques mois, voire quelques semaines, des élections générales ?
Moi, j’ai dit que j’étais favorable à une telle proposition. La question est : qui va diriger ce gouvernement, et qui est le Premier ministre qui respectera sa parole pour mettre en place le programme de transition, et partira ensuite ? Pas Ramgoolam ! Je n’ai aucune confiance en lui. Si nous, Linion Moris, dirigeons cette coalition, je peux, comme Premier ministre, faire le serment que nous allons respecter le contrat avec le peuple.

Qu’en est-il du Reform Party de Roshi Bhadain ?
Linion Moris continue de rassembler. Mon message est clair : toute alliance doit être bâtie sur le respect, le partage et l’esprit d’équipe, et pas sur une question de personne. Ce sont les principes fondamentaux pour amener le changement, et nous sommes ouverts au dialogue avec tous ceux qui épousent ces principes.

L’autre « événement » politique du moment est le rapprochement progressif du PMSD avec l’alliance gouvernementale. Que pensez-vous de ce rapprochement ?
Je l’ai dit à Xavier-Luc Duval : Pravind Jugnauth est devenu toxique et doit partir. J’ai ajouté que le PMSD est en train de s’avancer vers le MSM à reculons comme un camaron. On parle souvent du canard laqué, mais cette fois-ci, c’est le coq laqué… Je suis convaincu que le peuple va rejeter cette démarche après les sept ans du PMSD dans l’opposition, les quatre ans de Xavier comme leader de l’opposition et les 140 PNQs critiquant sévèrement le gouvernement et dénonçant les terribles scandales.

Le PMSD, qui a toujours été en alliance avec un grand parti au fil des élections générales, peut-il faire autrement que de s’allier avec le MSM après avoir fermé la porte au PTr et au MMM ? 
Bien sûr ! Le PMSD doit, pour une fois, cesser d’être les cinq sous pour faire la roupie et participer pleinement, comme un grand partenaire, pour amener le grand changement dont on parle après 50 ans. Xavier en avait parlé à un moment. Pourquoi Xavier ne peut-il pas diriger le pays ?

Les récents sondages ne créditent que peu de confiance de la part des Mauriciens dans l’establishment politique. Ils semblent témoigner d’un vœu de changement. Pourtant, dans les faits, les partis émergents, tels que Linion Moris, ne sont pas particulièrement présents dans les avis exprimés par les sondés. Comment expliquer cela ?
Est-ce que les sondés ont déjà eu accès au programme de Linion Moris ? Combien de médias ont publié le programme de Linion Moris afin de le vulgariser auprès des électeurs ? Donnez-nous la visibilité que nous méritons et vous serez témoin des résultats.

Pourquoi Xavier ne peut-il pas diriger le pays ?»

Est-ce que vous pensez vraiment que Linion Moris peut créer la surprise aux élections générales ?
Linion Moris est une alternative progressiste, authentique et crédible. Nous avons le leadership, un programme canon et une belle équipe. Qui aurait cru que la gauche aurait eu le plus d’élus en France aux dernières élections générales qui s’y sont déroulées ? 

Comme vous le dites plus haut, une majorité de Mauriciens ne fait plus confiance à la classe politique. Et si cette majorité votait pour un changement de système plutôt que pour un changement de personne ? Si cette majorité votait pour le progrès ? Pour l’Histoire ? Linion Moris est le seul groupe à avoir rassemblé six partis, et bientôt ce chiffre s’élèvera à sept, voire huit, autour de nos propositions de Sistem Bizin Sanze. 

La force de Linion Moris réside dans son équipe, sa compétence, son expérience, ses idées, ainsi que ses hommes et femmes qui, dans la grande majorité, n’ont pas fait de politique active. Nous sommes pour la transparence, la lutte contre la fraude et la corruption, les réformes électorales, la Freedom of Information, un budget alternatif. Une vision économique – Vision 2050 pour la prochaine génération – et, bien sûr, bizin met prop concernant le terrible fléau de la drogue, la fraude et la corruption, le népotisme et le gaspillage. 

Linion Moris, avec le Dr Neena Ramdenee, est déjà en pole position pour la partielle dans la circonscription n° 10… C’est un signe. Nous sommes très actifs dans le pays. Il y a des messages que seul Linion Moris peut porter : un vrai combat contre la drogue, la méritocratie, la compétence, un programme de changement immédiat, dans les premiers mois, la première année. Nous tenons un grand meeting à La Louise le 15 septembre pour une nouvelle campagne avec des meetings sur le terrain.

Est-ce que Linion Moris alignera trois candidats dans chaque circonscription ?
Bien sûr ! Nous travaillons sur une équipe basée sur la méritocratie et la compétence. Nous avons confirmé déjà plus de deux tiers des candidats, et nous sommes en train de peaufiner la liste finale, tout en gardant une ligne de communication avec les autres courants progressistes. La compétence doit primer avant tout.

Une dose de proportionnelle, une meilleure représentation de la femme et une bonne loi sur le financement des partis politiques sont les conditions pour une nouvelle démocratie»

Le financement d’une élection générale est extrêmement coûteux pour un parti politique et pour les candidats. Comment votre formation politique compte-t-elle s’y prendre ?
Vous avez raison, si on veut faire une campagne avec tout le folklore que l’on connaît. En 2000, 2005, 2014, les partis au pouvoir, malgré tous leurs moyens, ont perdu les élections. Nous aurons les moyens d’un combat fondé sur la sincérité et la volonté d’amener le changement que réclame la population. 

Nous allons lancer un appel à tous ceux qui veulent ce changement pour qu’ils nous soutiennent à tous les niveaux, y compris financièrement. Nous faisons également un appel à la population pour qu’elle prenne conscience de l’enjeu de ces élections : écrire une nouvelle page de notre histoire. 

Nous demandons à la population de comprendre la valeur, le poids de son vote sacré. C’est la plus grande des armes dans une démocratie. Et puis, pourquoi pas le crowdfunding pour mieux engager tous les Mauriciens ?

Où posera Nando Bodha cette fois-ci ? Resterez-vous fidèle à votre circonscription, le n° 16 (Vacoas/Floréal) ou comptez-vous bouger ailleurs ?
Mo nonbril finn atase dan n°16. Ce sera très probablement mon dernier combat, et je veux le mener dans le n° 16. Mais avant tout, je veux donner à Vacoas/Floréal un Premier ministre. Enn zanfan lepep avec mes camarades de Linion Moris. Et dans la circonscription n° 19, avec Rama Valayden dans la foulée. 

Vacoas/Floréal est une circonscription que j’aime et que j’ai eu l’honneur de servir pendant si longtemps. Je suis tellement reconnaissant pour la confiance que mes mandants ont placée en moi et mes colistiers pendant cinq campagnes. Cette fois-ci, j’aurai Patrick Philogène avec moi, un homme de combat. Il est directeur de compagnie résidant à Floréal. Un troisième collègue viendra nous rejoindre.

Il n’est un secret pour personne que le système de first-past-the-post est surtout à l’avantage des grandes formations politiques, au détriment des petits partis. Est-ce que vous pensez qu’une dose de proportionnelle aurait renforcé notre démocratie, dans la mesure où c’est le pourcentage de voix au niveau national qui est pris en compte pour pouvoir entrer au Parlement via une liste proportionnelle ?
On peut contourner le first-past-the-post. Et gagner. L’alliance dirigée par Pravind Jugnauth a remporté une dizaine de sièges en 2019 avec moins de quelques centaines de voix dans plusieurs circonscriptions ; cette fois-ci, il va sûrement les perdre dans une véritable bataille. 

J’ai travaillé sur la réforme pendant 25 ans. Une dose de proportionnelle, une meilleure représentation de la femme et une bonne loi sur le financement des partis politiques sont les conditions pour une nouvelle démocratie. Linion Moris veut réaliser tout cela, et surtout le faire pour les jeunes et une nouvelle génération de leaders.

 

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