- Deux enfants de 4 mois et 1 an privés de leur mère
- La tante de la victime : « Nous avions accueilli Jonathan au sein de notre famille »
Nancy Merle, âgée de 28 ans, ne verra pas grandir ses deux enfants, sa fille d’un an et son fils de quatre mois. Cette maman, qui ne vivait que pour ses enfants, cachait derrière ses sourires une grande souffrance. Mariée avec Alexandre Jonathan Merle, 33 ans, la jeune femme vivait auprès de lui un véritable calvaire.
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Les coups et les injures étaient devenus son quotidien. Le père de ses deux enfants entretenait également des liaisons extraconjugales. Les violentes disputes ont fini par avoir raison d’elle. Le 2 juin dernier, Alexandre Jonathan Merle a alerté le père de Nancy qu’elle avait été prise de malaise. Arrivés sur place, ses proches l’ont découverte inerte sur un matelas. Son corps était déjà froid.
L’époux de la jeune femme, aussi appelé Nathan, aurait alors insisté pour qu’aucune autopsie ne soit pratiquée. Cependant, l’examen post-mortem devait indiquer qu’elle a succombé à une insuffisance cardiaque, en d’autres mots, qu’elle serait morte de cause naturelle.
Or, cette affaire a connu un développement important. Le père de la victime a porté plainte peu après sa mort. La Criminal Investigation Division (CID) de Flacq, après une enquête minutieuse, a appréhendé Alexandre Jonathan Merle, le lundi 24 juin. Pressé de questions, il a fini par avouer aux enquêteurs avoir étouffé son épouse avec un oreiller. Le mardi 27 juin, il a été inculpé pour avoir tué de sang-froid la mère de ses enfants.
Au dire des proches de Nancy, devant eux, Alexandre Jonathan Merle se comportait en gendre exemplaire, alors qu’avec Nancy, il était un vrai tyran. Nancy avait cru trouver le bonheur avec lui. « Nancy n’a pas connu sa mère biologique. Ses parents se sont séparés lorsqu’elle était enfant. Elle a vécu dans la maison familiale à Argy avec ses grands-parents. C’était une fille douce, calme et c’était un bon vivant », raconte Marie Angel, la tante paternelle de la victime. Par la suite, son père Gérard Catapermal a refait sa vie avec Scheba. « C’est Scheba qui l’a élevée. Nancy la considérait comme sa propre mère », ajoute Marie Angel.
À l’âge de 20 ans, la jeune femme a fait la connaissance d’Alexandre Jonathan Merle. « Elle n’avait connu personne auparavant. C’était une fille pure et elle respirait la joie de vivre. C’est sur Facebook qu’elle a connu Jonathan », précise Marie Angel. Au fil de leurs échanges, des liens étroits se sont liés entre eux et Nancy a fini par succomber au charme de cet habitant de Baie-du-Tombeau.
Les choses se sont rapidement enchaînées. Sûre de ses sentiments pour ce jeune homme à première vue sans histoire, Nancy décide de se mettre en couple avec lui. « La même année qu’ils se sont connus, peu de temps après, ils se sont mariés civilement, puis religieusement », poursuit Marie Angel.
Le couple s’est installé à l’étage de la maison familiale. « Son père et sa belle-mère habitaient au rez-de-chaussée et Nancy s’était installée à l’étage. La famille a accueilli Nathan », dit-elle. Par la suite, souligne Marie Angel, le père et la belle-mère de Nancy se sont installés ailleurs : « Ils leur ont laissé la maison. »
Quelque temps après leur mariage, Nancy, qui était sur un petit nuage, a été rappelée à la dure réalité. « Jonathan était un jeune amical et souriant quand il était avec nous », raconte la tante paternelle de la victime. « Mais ce n’était qu’une facette de sa personnalité, car pour Nancy, qui vivait avec lui au quotidien, c’était un véritable bourreau. »
Alexandre Jonathan Merle entretenait des liaisons extraconjugales. « Lorsque Nancy lui en parlait, il la frappait, la maltraitait. » Marie Angel se rappelle encore des confidences de sa nièce : « Li dir mwa Nathan bat li, zour li, ou pa pou krwar. »
Ce n’est qu’au bout de quelques années que le couple a eu son premier enfant, une fille. Nancy pensait que la naissance de leur enfant améliorerait leur vie de couple. Mais les coups ont continué à pleuvoir. « Le père de Nancy lui a parlé et lui a dit de régler leurs problèmes de couple, en croyant qu’il comprendrait », se désole Marie Angel.
Nancy, elle, n’osait pas se rendre à la police par crainte de représailles. Elle a fini par prendre contact avec Jenssy Sabapathee, de l’association Respecter Nous, qui vient en aide aux femmes victimes de violence domestique. « J’ai connu Nancy, il y a trois ans environ. Elle se confiait à moi et me disait à quel point elle vivait un véritable calvaire auprès de son époux. Ce dernier la maltraitait et l’humiliait. Elle m’a expliqué que son époux lui était infidèle. Et qu’elle n’en pouvait plus. Comme il habitait chez elle, elle lui a dit à maintes reprises de partir. Mais il s’excusait auprès d’elle. Je lui ai dit d’aller voir la police et de faire des démarches pour avoir un Protection Order », raconte-t-elle.
« Elle avait peur »
Nancy se confiait aussi à une amie proche. « À chaque fois qu’elle était battue, elle m’appelait pour pleurer. Je lui disais d’aller voir son père, mais elle refusait et me disait de ne rien faire. Elle avait peur de son époux », nous confie la jeune femme en pleurs, sous le couvert de l’anonymat.
Puis, Nancy est tombée enceinte à nouveau. La venue du petit, âgé de quatre mois aujourd’hui, n’aurait fait qu’attiser la colère de Jonathan, à en croire sa tante. « Il ne voulait pas de cet enfant et avait demandé à ma nièce de se faire avorter, mais elle n’a pas voulu », témoigne Marie Angel, qui dit l’avoir appris bien après.
Ses enfants étaient la prunelle de ses yeux. Nancy voulait en finir avec cette relation toxique pour ses enfants. Mais le 2 juin dernier, tout a basculé pour la jeune maman. Jonathan avait appelé le père de son épouse pour lui dire que Nancy était malade et qu’elle était morte par la suite. Mais cette version n’avait nullement convaincu ce père meurtri par la perte tragique de sa fille. Après les funérailles, il a demandé qu’une enquête approfondie soit menée sur la mort de Nancy.
La CID de Flacq a fini par faire parler Jonathan Merle, qui a avoué le meurtre de son épouse. Mercredi, il a participé à une reconstitution des faits. Ils étaient nombreux dans le quartier à avoir montré leur colère face à son geste horrible.
Résidence Argy révoltée par ce crime atroce
Angelina et sa mère Edwige sont révoltées. Elles habitent à quelques mètres du couple Nancy et Jonathan Merle. « Nancy était une très bonne amie. Son époux passait à chaque fois, mais rien ne laissait paraître qu’il était aussi violent. Il nous saluait. On aurait dit un ange, mais il dissimulait bien son jeu face aux gens », lance Angelina.
« Lorsque Nancy est morte, je suis allée dans sa maison. J’ai trouvé étrange la façon dont était disposée sa chambre. Son époux disait qu’elle venait de mourir, mais à la voir, son décès semblait remonter à beaucoup plus tôt », ajoute-t-elle.
Il nous a menti pendant tout ce temps, s’indigne Angelina. « Aux obsèques de son épouse, il a fait semblant d’être pris de malaise. Cependant, il ne paraissait pas plus affecté que cela par la mort de Nancy », affirme-t-elle.
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