Devenir parents, c’est avant tout un désir et une histoire d’amour. Toutefois, la naissance de triplés ou de quadruplés devient une aventure riche en bouleversements. Le défi est énorme. Toutefois, voir ses enfants grandir apporte du baume au cœur et les parents oublient souvent les inconvénients.
Le couple Appalsawmy : «Un cadeau de Dieu»
Nouvelles responsabilités, nouvelle vie… La naissance d’un ou de plusieurs enfants bouleverse inévitablement la vie du couple. Ce n’est pas Rajendra et Hema Appalsawmy qui diront le contraire. Après six ans de mariage, ces deux enseignants de Piton ont appris avec beaucoup de joie qu’ils deviendront parents, car ils attendaient ce moment avec beaucoup d’impatience.
Nous sommes en 2006 et le couple Appalsawmy prépare la venue de son bébé avec beaucoup d’enthousiasme. Son bonheur s’accentue quand le gynécologue lui annonce qu’il attend pas un, mais trois enfants. « Apprendre que nous allions avoir trois enfants n’a pas été un problème. Si vous avez de l’amour pour les enfants, le nombre importe peu. Mais il faut un moral de fer », raconte le père de famille.
Se discipliner
La naissance de leurs deux fils Omkaar et Shreekar, et de leur fille Jaahnavi, nés à une minute d’intervalle, a non seulement solidifié leur couple, mais leur a également permis de se discipliner. « Avoir trois enfants d’un seul coup n’est pas quelque chose de facile, mais c’est une bonne expérience. Au fil du temps, nous devenons plus appliqués, disciplinés et apprenons à mieux gérer notre temps pour mieux nous occuper de nos enfants. Avec le temps, élever des triplés est devenu normal », renchérit l’enseignante.
Mais cela n’a pas toujours été facile pour le couple Appalsawmy. Hema se souvient qu’il n’était pas évident de gérer la situation, à chaque fois que les trois enfants tombaient malades ensemble. « Cela devenait chaotique de gérer la situation. Heureusement, nous avons pu surmonter ces épreuves et nous en sommes sortis grandis », explique-t-elle fièrement.
Elle relate qu’après son accouchement, elle a eu le soutien de sa famille et de ses beaux-parents. Et quand elle a dû reprendre le chemin du travail, sa fille Jaahnavi a beaucoup pleuré son absence le premier jour. Cependant, son époux et elle ont eu la chance de pouvoir employer deux nounous pour s’occuper des triplés. « Elles étaient gentilles et aimantes », dit-elle. Dans leur environnement, les enfants étaient à l’aise.
Toutefois, notre interlocutrice avoue que cela n’a pas été facile de laisser les enfants sortir du cocon familial pour aller à l’école. À la maison, ils avaient tous le confort. « Les enseignantes ont fait preuve de patience. Surtout mon époux, qui était très papa poule et qui appelait souvent à l’école pour prendre des nouvelles des enfants », ajoute-t-elle.
Vigilance et sécurité
Aujourd’hui, les triplés Appalsawmy sont âgés de 13 ans. Rajendra concède qu’il a fallu beaucoup de vigilance, de patience, de sécurité et surtout d’amour. « Nous étions un jeune couple avec trois bouts d’choux. Nous avons tout de même réussi. Je ne comprends pas les parents qui se plaignent de ne pas pouvoir élever leurs enfants. » Le couple Appalsawmy ne s’est jamais senti dépassé par la naissance de ses triplés.
Le couple ne manque pas de souligner que l’encadrement de la famille et de son mouvement socioreligieux lui a grandement été bénéfique. Il est fier de ses triplés qui sont « responsables ». « Au niveau des études ou du social, il n’y a pas de souci. Il y a des règles que nous avons établies et cela a porté ses fruits. Même s’ils commencent à faire leur crise d’adolescence, ils sont toujours sous contrôle. Ils savent que nous les aimons et que nous faisons de notre mieux pour répondre à leurs besoins », explique le père.
Cependant, Hema et Rajendra ne cachent pas qu’élever trois enfants du même âge a un coût financier. Surtout que les triplés grandissent et qu’ils ont une préférence pour les marques. « Pendant des années, nous avons acheté du lait, des couches et payé deux nourrices. Quand ils étaient en primaire, nous étions un peu allégés. Et maintenant, nous avons un peu de répit en attendant la fin de leur scolarité secondaire. »
Les Appalsawmy se désolent que le temps passe tellement vite et que leurs trois enfants aussi grandissent. Cela leur manque de ne pas pouvoir les cajoler, les dorloter et les prendre dans leurs bras, comme lorsqu’ils étaient encore bébés. « Ils grandissent et nous grandissons avec eux. Nos enfants sont notre cadeau de Dieu. Nous sommes des parents comblés et complets », lance le père.
Priska Booluck : «Mes filles, ma fierté»
Elles ont soufflé leur huitième bougie le 1er juillet. Perline, Penina et Pelicia sont trois boules d’énergie qui font la fierté de leur maman courage, Priska Booluck. Même s’il y a eu un chambardement dans sa vie, elle est une maman comblée, qui aspire à ce qu’il y a de meilleur pour ses triplées.
Quelle aventure que d’être parent. Priska l’aura appris après la naissance de ses trois poupons. Changer les couches, préparer les biberons, donner le bain aux bébés, être là dans les moments de joie et de tristesse… Cette habitante des hautes Plaines-Wilhems ne s’en plaint pas pour autant.
« Élever trois enfants requiert beaucoup d’amour et de patience. Avec le temps, c’est une routine qui s’installe », explique la jeune mère. Priska peut cependant compter sur le soutien de son époux qui est fonctionnaire et de sa mère qui l’épaulait dans ses tâches quand ses triplées étaient encore petites.
Après quatre ans et demi de mariage, Priska et son époux cajolent le rêve d’être parents. Entre-temps, ils construisent leur nid d’amour. « Je suis tombée enceinte et au bout de quatre mois, le médecin nous a dit que nous attendions des triplées. J’ai eu une grossesse sans complication et j’en remercie le ciel », poursuit Priska.
Les premières années après la naissance de ses filles n’ont pas été de tout repos. « Des fois, je suis la maman aussi bien que le papa, mon époux qui travaille est souvent absent. Je dois donc m’assurer que les filles ont l’amour et l’attention nécessaires. Même si je suis super fatiguée, je suis joyeuse », confie-t-elle. Ses enfants sont ce qu’il y a de plus précieux.
Néanmoins, ce n’est pas facile d’être parent aujourd’hui. Il faut réussir à combiner vie professionnelle performante et éducation irréprochable des enfants. C’est un peu pour cela qu’elle n’a pas hésité à mettre sa carrière entre parenthèses pour se consacrer uniquement à ses triplées. « Je voulais être là, les voir grandir et m’assurer qu’elles ne manquent de rien. Les faire manger, leur donner leur douche, etc. prend du temps », fait-elle observer.
Maintenant que Perline, Penina et Pelicia sont plus autonomes, Priska a recommencé à travailler. « Élever trois enfants, de surcroit des filles, coûte cher. Je veux aider mon époux avec les dépenses », explique-t-elle. À la naissance des filles, c’était encore plus difficile, car le couple avait contracté un emprunt pour la construction de sa maison.
« On a eu de la chance qu’à chaque fois Dieu a mis sur notre chemin des personnes qui nous ont aidés », déclare l’habitante des hautes Plaines-Wilhems, reconnaissante. Même maintenant que les triplées sont grandes et débrouillardes, elle fait de son mieux pour gérer sa vie professionnelle et familiale. Le matin, c’est une course contre la montre pour préparer les filles pour l’école. Le soir, c’est une tout autre paire de manches, entre la préparation du dîner et aider les enfants avec les devoirs.
Elle est consciente de sa chance d’être la maman de trois formidables filles. « Mes filles sont ma fierté. Après une dure journée au travail, les voir sourire me réchauffe le cœur. Certes, il y a des phases difficiles, mais rien n’est permanent. Au fur et à mesure que les filles grandissent, on est soulagé quelque part », avance-t-elle.
La jeune maman ajoute que ses triplées aiment chanter, regarder la télé et pratiquer la natation. Sinon, le week-end est toujours le moment idéal pour être en famille et surtout de consolider les liens. Elle souligne aussi que, de nos jours, les enfants sont plus avertis. « À huit ans, les filles sont très développées et intelligentes. Elles ont des aspirations et des rêves. Je ferai de mon mieux pour qu’ils se réalisent », dit-elle.
Devina Bhoyjonauth : «Je voulais un enfant, Dieu m’en a donné quatre»
Elle est engagée dans un tourbillon d’émotions. Pourtant, pour rien au monde, elle n’abandonnerait son rôle de maman pour un autre. À 22 ans, Devina Bhoyjonauth est l’une des rares femmes mauriciennes à avoir donné naissance à des quadruplés. Malgré la fatigue, elle est une mère épanouie et heureuse.
C’était son rêve le plus cher d’être maman. Son vœu s’est réalisé le 28 février, quand elle a donné naissance à ses fils Alagen et Aluven, et ses filles Ivani et Arushi. Depuis, c’est un bonheur inouï qui l’anime. Elle l’a échappé belle en faisant une grossesse extra-utérine, qui aurait pu lui coûter la vie.
« Je voulais un enfant, mais Dieu m’en a donné quatre », relate-t-elle. C’est au bout de trois mois de grossesse qu’elle apprend qu’elle accouchera de cinq enfants. Toutefois, un des bébés n’a pas survécu. Elle a fait le va-et-vient à l’hôpital à cause de sa santé.
Ses quadruplés auront bientôt cinq mois. Devina note qu’ils grandissent vite et jouissent d’une bonne santé. Ils sont hyperactifs et ne veulent pas rester au lit. « Je suis la seule à m’occuper de mes enfants, car mon époux travaille. De temps en temps, ma mère m’aide. Ce n’est pas toujours facile de prendre soin de quatre bébés à la fois », fait-elle ressortir.
Toutefois, elle commence à s’y habituer. Pour leur donner leur bain, elle a développé une technique qui porte ses fruits. Elle s’en charge un par un. « Je les mets au lit pour qu’ils puissent jouer. Je prends un bébé, je le déshabille, le douche et le rhabille. Et je recommence pour les autres », raconte cette habitante de Surinam.
Que fait-elle lorsqu’ils ont tous soif en même temps. « Je dois les caler avec des coussins et leur donner leur biberon », poursuit-elle. Pas toujours évident. Mais heureusement, dit-elle, ce n’est pas souvent qu’elle se retrouve dans des situations difficiles. « Ils doivent être toujours sous surveillance. Je n’ai pas un moment de répit. Au fil du temps, je gère mieux. »
En hiver, les enfants sont parfois malades. « Heureusement, tous les quatre ne sont pas malades. Il se peut que deux soient malades. J’espère qu’ils ne tomberont pas tous malades ensemble. » Elle ne cache pas le fait qu’elle est fatiguée de ses journées, mais elle garde le sourire.
Outre ses enfants, la jeune femme doit aussi s’occuper de la maison et se charge de la préparation du dîner. « Encore une fois, ce n’est pas une tâche facile. Je profite de ce que les enfants dorment pour préparer le dîner. Des fois, ils sont éveillés et ne sont pas d’humeur à coopérer. Je dois les prendre, essayer de les calmer et en même temps m’assurer que le repas est préparé. »
Le soir, elle peut toutefois compter sur le soutien de son compagnon Viren Rungen, qui travaille comme maçon. Ce dernier ne cache pas sa joie d’être papa de quadruplés. « Quand nous avons perdu un bébé, nous étions découragés, mais Dieu est grand. Nous avons de la chance », poursuit le père.
Cependant, il précise que la vie n’est pas toujours facile, vu qu’il n’a pas d’emploi stable. « Même s’il faut manger “dilo diri”, je le ferai. Je veux que mes enfants ne manquent de rien. Je fais beaucoup d’efforts et travaille encore plus », avance-t-il. Compte tenu de son emploi précaire, il espère bénéficier d’un soutien des autorités, comme l’a promis le gouvernement. Pour l’heure, il dit compter sur l’aide de ses proches seulement.
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