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Muzammil et Yasiirah Aubeeluck, le couple fusionnel

Le couple Aubeeluck.

Les contraires s’attirent, affirme un dicton. Toutefois, Muzammil et Yasiirah Aubeeluck préfèrent parler d’atomes crochus au sein de leur couple. Le premier est un pur produit du collège St Esprit, la seconde, lauréate du Queen Elizabeth College. À eux deux, ils ont monté leur société de télévente de montres et bijoux de leur label, Lux Mauritius.  Pour garder le lien avec l’enseignement, Yasiirah offre aussi des cours en ligne, mais tout en rupture avec la méthode traditionnelle.

À Roches-Brunes où réside le couple Aubeeluck, c’est un grand barbu aux allures nonchalantes et à la voix douce qui nous accueille. L’image est trompeuse, car c’est bien à lui que Yasiirah, 24 ans, s’en remet pour gérer leur site de ventes, car l’informatique et les réseaux sociaux n’ont aucun secret pour Muzammil, 28 ans, Software Engineer, employé chez la société Spoon Consulting. « Il n’y a pas d’épreuves de force ni de concurrence entre nous, tout est dans l’écoute, le dialogue et le partage », disent-ils en chœur. Lorsque Yasiirah a une idée et fonce tête baissée, Muzammil, tel un sage, tempère ses ardeurs. « Nous avons tous deux des énergies et de la conviction qu’il faut juste polir et orienter dans la bonne direction », poursuivent-ils.

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Véritable boule d’énergie, après des études en Finance & Economy en Australie, Yaasirah a enchainé deux emplois, d’abord à la MCB, puis chez Credit Fix où elle a travaillé comme Insolvency Advisor. Mais, à tout juste 24 ans, la voilà lassée du salariat. Mariée avec Muzammil, qu’elle a rencontrée sur le net, elle décide d’un commun accord avec lui de monter leur petite entreprise dans la télévente des montres et bijoux. « Le confinement avait imposé ce mode de commerce. Il y avait un engouement, mais nous avions pris des risques calculés, car nous savions que les tendances sont souvent de courte durée », explique-t-elle.

L’innovation

Aussi pour rendre pérenne leur entreprise, le couple décide de miser résolument sur l’innovation. Mais comment y arriver dans un secteur miné par une concurrence féroce, où durant les mois de fermeture de l’économie, tout le monde veut exploiter la brèche ouverte par la télévente ? « Notre atout est de proposer des bijoux et des montres de notre marque, ciblant les jeunes et qui allient la qualité à des prix accessibles. Il fallait juste trouver la petite lumière qui fait briller », fait valoir Muzammil. 

Alors que tout le monde fait des affaires en Inde et en Chine, le couple explore les offres sud-coréennes, autre tigre asiatique seulement réputé pour ses voitures et portables. « Dans ce pays, nous sommes tombés sur des fabricants véritablement exclusifs, dont les bijoux ne sont pas présents à Maurice », confie Yasiirah. Laquelle concède, néanmoins, qu’il fallait marquer encore la différence sur le marché local.

« Nous sommes partis à contrepied d’une tendance qui veut que ce soit les influenceuses qui incitent à l’achat. Nous avons privilégié des bases plus simples et authentiques, soit la nature locale, avec ses plages, ses bois, ses sous-bois.  Nous ne voulions pas de ces artifices qui parfois phagocytent les produits », explique Muzammil, avant de préciser : « Nous voulions faire ressortir la charge émotionnelle d’un bijou, sa valeur intrinsèque, plutôt que de jouer sur des artifices. Bien sûr, c’était un risque au moment où pour vendre, il faut souvent faire appel à des personnes glamour ». Muni du dernier cri des iPhone, le couple s’est rendu à Albion et à Alexandra Falls pour effectuer des prises. « Nous concilions toujours la nature du bijou avec le décor que nous souhaitons pour le mettre en valeur. Il faut dire que l’ile Maurice abonde en paysages propices pour cela », ajoute, de son côté, Yaziirah

TikTok

Mais, au départ, comme toute nouvelle entreprise, il faudra des mois avant que Lux Mauritius prenne son envol. « Cela aussi, nous l’avions intériorisé, nous savons que la réussite allait prendre du temps. Durant quelques mois, nous n’avions rien vendu, mais nous étions sûrs de nos choix : les jeunes », assure la jeune femme. Aujourd’hui, grâce à la mise en valeur ‘authentique’ de leurs offres, le nombre de followers sur TikTok est près d’atteindre les 13 000, ce qui conforte le couple dans leur choix. « Notre priorité était de mettre à la portée des jeunes et des moins jeunes des objets griffés à des prix accessibles, de Rs 875 à Rs 4 000. Nous avons pris en ligne de compte la réalité financière des jeunes couples depuis la crise économique et c’est ce facteur qui a dicté nos choix », explique Muzammil. Et son épouse de préciser : « Nous suivons de près les tendances, parfois avec l’idée de les anticiper. Avec Muzammil qui lui a conservé son job, nous nous efforçons de suivre les tendances à raison d’une moyenne de deux heures sur les réseaux sociaux ».

La vente sur le terrain

Pour le couple, la vente sur le terrain reste encore ancrée dans les habitudes des Mauriciens. « Des clients viennent prendre livraison de leurs achats chez nous et ils sont ravis de découvrir que nous sommes aussi jeunes qu’eux. Cela aussi crée la confiance et assure notre crédibilité », fait observer Yasiirah. Au mois d’aout, un autre test est venu de Cap Tamarin, où le couple avait participé à une foire et permis à Muzammil de montrer ses talents de communicateur. « Là, nous avons fait des ventes au-delà de nos espoirs. J’ai parlé de nos produits et nous nous sommes montrés crédibles », dit-il.

Aujourd’hui, à moins d’un an d’existence, Muzammil et Yasiira savent plus que jamais que la pérennisation de leur entreprise dépendra aussi de la reprise totale de l’économie. « Mais notre passion de travail et notre conviction sont très fortes et nous restons humbles et authentiques envers les clients. Il nous faut transmettre ces valeurs-là », font-ils ressortir.

Leçons en ligne - Yasiirah Aubeeluck : « L’enseignant doit être davantage un coach »

Engagée depuis peu dans des leçons de General Paper en ligne, Yasiirah Aubeeluck plaide pour que l’enseignant se mue en coach afin qu’il casse son image de supériorité face à ses élèves. « En Australie, où j’ai étudié, c’était cette posture de coach des profs qui m’a séduite et qui a donné des résultats. L’image du prof tout puissant est contre-productive et poussée à son excès, elle ne fait que démotiver certains apprenants », dit-elle, en citant son propre parcours au QEC. « En Form 3, j’étais 20e en classe, pas suffisamment bien classée pour être sur les radars des profs. Mon père était employé dans le secteur de la foresterie, ma mère femme au foyer et il n’y avait aucun lauréat dans ma famille. J’y suis arrivée en puisant en moi-même », confie-t-elle. Mais elle reconnait qu’il n’est pas aisé pour un enseignant de se mettre au niveau de tous ses élèves. « Chaque élève a ses réalités, ses vérités dont les origines sont souvent familiales. Aussi convient-il que les parents fassent leur part. Mais l’enseignant doit faire l’effort de comprendre cela avant de distribuer de mauvaises notes qui peuvent parfois condamner un gosse pour la suite de ses études », dit-elle.

 

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