Faits Divers

Mutinerie à la prison de Beau-Bassin : 17 gardiens blessés, des dossiers brûlés et une évasion massive évitée

Des éléments des commandos du GIPM déployés.
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C’est du jamais vu à la prison. Une mutinerie a éclaté à la prison de Beau-Bassin, dans la journée du jeudi 19 mars faisant 17 blessés parmi les gardiens. Des détenus en colère, menés par cinq « ring leaders » s’en sont pris aux gardiens pour manifester leurs craintes après l’annonce des trois cas positifs du Covid-19, répertoriés dans le pays. 

Les détenus étaient en colère du fait que leurs procès devant les tribunaux sont renvoyés régulièrement et de ce fait leur détention est prolongée. À l’heure du déjeuner, ils ont jeté leurs repas et ont mis le feu dans le « Record Office », et d’autres lieux de la prison centrale. Les gardiens ont eu fort à faire pour rétablir l’ordre.  Dix-sept gardiens ont été blessés et l’un d’eux a été admis en traitement à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo. 

L’intervention des unités policières spécialisées a été presqu’immédiate, avec le support du Deputy Commissionner of Police (DCP) Rashid Bheekun, avance le commissaire des prisons Vinod Appadoo, après le retour au calme. Après l’éclatement de la mutinerie, une première tentative de discussion a eu lieu avec les détenus mais en vain. C’est alors que les moyens forts, notamment le ‘gaz lacrymogène’, ont été utilisés pour calmer les esprits. Mais les détenus devaient réagir avec plus de violence et mettre le feu à un bureau. Des dossiers et documents ont brulé. 

Beau-Bassin
Les mutins ont mis le feu au « Records Office » après avoir jeté leurs repas.

A un moment donné ils avaient pris le contrôle de la prison. Mais les fauteurs des troubles ont été maitrisés, avec le support des commandos du GIPM, des éléments de la SSU et de la SMF, ainsi que les unités locales au sein de la prison. Les documents de « Records » ont été réduits en cendres et la salle de télévision incendiée. Des Welfare Officers et un infirmier se sont retrouvés piégés, et se sont enfermés dans une pièce. « Ils craignaient d’être pris à partie par les détenus hostiles », soutient Vinod Appadoo. Il affirme que la situation a alors dégénéré et les détenus s’en sont pris aux gardiens de prison et les ont agressés. 

Vinod Appadoo a tenu à remercier le haut-gradé des casernes centrales pour son support. 

« Cinq ring-leaders identifiés »

Cinq des 1018 détenus ont été placés en isolement. Ils sont soupçonnés d’être mêlés à la mutinerie. Identifiés comme des ‘ring leaders’ ils seraient les auteurs des foyers d’incendie dans divers endroits de la prison. 

L’enquête préliminaire sur ces incidents indiquent que les auteurs de ces désordres seraient des prisonniers placés On Remand à la New Wing Prison de Beau-Bassin où sont détenus quelque 70 suspects.

Vinod Appadoo : « Ce n’était pas un acte planifié, on l’aurait su » 

vinod
Le Commissaire des prisons souligne qu’aucun détenu n’a pu s’échapper.

Vinod Appadoo, le Commissaire des prisons, a tenu à s’expliquer sur les violents évènements dans l’après-midi du jeudi 19 mars 2020.  « Ce n’était pas un acte planifié, autrement les équipes de renseignements l’auraient su », souligne-t-il. Il a confirmé qu’il n’y a pas eu d’évasion lors des échauffourées. Il a précisé qu’il n’y a pas eu de coup de feu.  « Nous avons utilisé uniquement du gaz lacrymogène » a-t-il affirmé. 

Vinod Appadoo explique qu’un évènement semblable avait eu lieu en 1979, « mais cette fois-ci, la situation a été maitrisée plus facilement grâce aux déploiements de la police.» La situation a dégénéré à l’heure du déjeuner. Deux groupes ont commencé à protester, réclamant leur liberté.  C’est alors que certains en ont profité pour faire une tentative d’évasion. Sauf qu’au moment-même de l’agissement, les gardiens ont renforcé la sécurité au niveau de la tour de contrôle, où des gaz lacrymogènes ont été lancés afin d’éloigner les détenus. 

Vinod Appadoo dit qu’il ne s’attendait pas à un tel soulèvement des détenus. « C’est une vraie mutinerie ! Un évènement à prendre très au sérieux », souligne le Commissaire des prisons. Selon ces explications, les détenus voulaient être libérés et rentrer chez eux. Cependant, ils rassurent les familles des détenus qu’aucun n’a pu s’échapper. 

Il a tenu à remercier toutes les équipes policières, qui se sont regroupées pour prêter main forte et faire échec à la mutinerie, « en particulier le DCP Rashid Bheekun, qui a déployé un arsenal, ainsi que la Special Mobile Force (SMF), le GIPM, la SSU, l’équipe de l’Helicopter Squadron, les gardiens et les éléments de la Mauritius Fire and Rescue Service ». 

L’enquête a été confiée aux hommes du surintendant de police (SP) Daniel Monvoisin et ceux du SP Sam Bansoodeb, de la Western Division.

 

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