Face à des rivaux déjà positionnés sur ce marché, Elon Musk veut reprendre la main avec le lancement, jeudi, du premier pick-up électrique de Tesla, objet futuriste qui tranche dans le paysage automobile.
Quatre ans après avoir présenté les premières images de son Cybertruck, l'entrepreneur dévoilera ce véhicule tout en angles lors d'un événement organisé au siège de l'entreprise, à Austin (Texas), à 20H00 GMT, qui marquera la livraison du premier exemplaire.
L'auto se veut un croisement entre un modèle du film "Blade Runner" (1982) et la "Wet Nellie", véhicule amphibie inspiré de la Lotus Esprit, vue dans "L'espion qui m'aimait" (1977), selon Elon Musk.
"C'est un nouveau moment historique pour Tesla et Musk", selon Dan Ives, analyste de Wedbush Securities. "Ce lancement est important pour alimenter la vision d'un groupe en croissance."
Souvent considéré comme pionnier, le constructeur arrive sur un marché des pick-up électriques déjà occupé, notamment par son rival Rivian, mais aussi General Motors ou Ford.
Ce dernier a ainsi lancé, il y a plus de 18 mois, le F-150 Lightning, version électrique de son modèle le plus vendu aux Etats-Unis.
Très prisé de la clientèle américaine, les pick-up sont des voitures sur lesquelles les constructeurs réalisent les marges parmi les plus importantes.
Si Tesla n'a pas encore communiqué de prix de vente, beaucoup, notamment Garrett Nelson de CFRA, évoquent le chiffre de 50.000 dollars pour la version de base, soit un tarif équivalent au F-150 Lightning.
Le Cybertruck affiche une autonomie de 400 à 800 km selon les modèles et une capacité de traction de plus de 6 tonnes.
- "Attirer l'attention" -
Pour l'analyste, ce lancement présente "un risque bien plus élevé" que pour les autres voitures du constructeur texan, même s'il reconnaît qu'Elon Musk "a réussi à calmer les attentes" après avoir annoncé son nouveau-né en fanfare.
L'entrepreneur a notamment estimé que les ventes du Cybertruck pourraient être sensiblement plus faibles que celles des autres modèles de la gamme, du fait de son allure atypique, même si le carnet de commandes a déjà dépassé le million.
Elon Musk prévoit d'atteindre une production de 250.000 exemplaires en 2025.
"Nous avons creusé notre tombe avec le Cybertruck", a plaisanté le milliardaire, le mois dernier.
"Le Cybertruck est un produit spécial, de ceux qu'on ne voit que rarement et qui sont très difficiles à lancer sur le marché, à vendre en quantité, à faire prospérer", a décrit le quinquagénaire.
La carrosserie du véhicule est composée de plaques d'acier inoxydable, utilisé pour assurer sa solidité.
"Cela a l'air cool, mais c'est extrêmement difficile à construire", selon Art Wheaton, expert dans l'industrie des transports à l'université Cornell.
L'universitaire doute que ce Cybertruck génère jamais des ventes considérables, à cause de son design "clivant".
Mais il y voit la promesse d'un produit de niche, suffisamment différencié pour valoriser l'image de la marque Tesla, citant, en exemple, la Corvette de Chevrolet.
"C'est un moyen d'attirer l'attention", dit-il, pour ses propriétaires mais aussi pour le constructeur texan.
Pour Elon Musk, c'est d'ailleurs là l'occasion de tourner une page après une nouvelle polémique mi-novembre. Le propriétaire de X (anciennement Twitter) avait alors relayé sur la plateforme une théorie complotiste antisémite.
L'homme d'affaires s'est rendu, en début de semaine, en Israël, où il a notamment visité, en compagnie du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le kibboutz Kfar Aza, attaqué le 7 octobre par des combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas.
"Nous ne pensons pas que la marque Tesla ait été impactée négativement", a expliqué Dan Ives à l'AFP, "mais l'équilibre est fragile pour Elon, qui marche sur un fil."
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© Agence France-Presse
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