Au panthéon de la musique mauricienne, son nom côtoie ceux des grands : Tifrer, Serge Lebrasse, Roger Augustin, Claudio et Kaya. Mais le registre de Bam Cuttayen était celui de l’engagement social, la parole engagée et l’espoir.
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Mercredi, 21 juin, à son siège, à Grande-Rivière Nord-Ouest, le parti Lalit a organisé une petite fête pour célébrer deux événements : la naissance de Bam Cuttayen et la Fête de la Musique, mais aussi une réflexion autour de la chanson Diego, écrite par Bam, à la veille de l’intervention de sir Anerood Jugnauth en faveur du dossier de Chagos à la tribune des Nations Unies.
L’heure était à la fête et à la réflexion, mercredi, dans les locaux de Lalit. La principale pièce des locaux arrivait à peine à contenir une petite foule, qui avait répondu à l’invitation de Komite Diego et Bann Kamarad Bam. Entre les livres, les magazines et les étagères, on tombait dans le désordre, Alain Laridon, le couple Henri et Marie-France Favory, Vinesh Hookoomsing, Michel Ducasse, les sœurs Rajni et Gini Lallah, sans oublier les dirigeants de Lalit.
En maître de cérémonies, Alain Ah-Vee a animé la soirée avec une véritable maîtrise du dossier Chagos, contextualisant la célébration de naissance du chanteur, avec le discours de sir Anerood Jugnauth devant la tribune des Nations Unies le jeudi 22 juin 2017, afin que la Grande-Bretagne réponde de sa décision d’exciser l’archipel Chagos du territoire mauricien devant la Cour internationale de justice.
Le dossier Chagos et la militarisation de Diego Garcia ont toujours figuré en tête des priorités de Lalit depuis sa création. Mercredi, Alain Ah-Vee a, sans effort, démontré le caractère à la fois illégal et inhumain de l’excision de Chagos, le sort des Chagossiens et la transformation de Diego Garcia en une des bases militaires américaines les plus puissantes au monde. Il convient de souligner que cette base a servi de point de départ aux bombardiers B52 durant la Guerre du Golfe en 1990-1991, transformant, de ce fait la région de l’océan Indien, en une zone militaire.
Plus de 40 ans après sa création, la chanson Diego (sur l’album Fler Raket, 1977) prend aussi toute sa résonnance à la lumière de cette actualité, au moment où l’État mauricien a pu gagner le soutien de l’Union africaine sur le dossier Chagos. Chanson prémonitoire ou pur produit d’une période agitée ? Ni l’un ni l’autre, car Bam Cuttayen, militant culturel, était un chanteur engagé politiquement. Les causes sociales et la dénonciation des injustices étaient parmi ses thèmes, dès lors, il était inévitable que le drame des Chagossiens devienne, à ses yeux, une thématique et fasse partie des chansons essentielles de son répertoire. Mais, Bam Cuttayen était aussi un talentueux conteur, capable de restituer des morceaux de la vie quotidienne rurale, à l’instar des frères Ram et Nitish Joganah, les trois ayant appartenu à la même époque au Grup Soley Ruz, le bras musical du MMM (Socialiste et progressiste) une dissidence maoïsante du MMM. Tout ce rend leurs compositions et leur cheminement musical si particulier ont, tour à tour, utilisé le bhojpuri pour restituer les réalités de la vie rurale.
C’est aussi et sans doute un des sens de l’hommage de Lalit, ardent défenseur du Kreol et du bhojpuri, au chanteur, disparu en 1991. En ce faisant, le parti de gauche fait aussi valoir la pertinence de la chanson engagée, dont Bam Cuttayen s’était fait le porte-drapeau, comme le dira avec force Vinesh Hookoomsing.
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