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Musique fusion: Subhash Dhunoohchand, à la conquête de l’île Maurice profonde

Le vendredi 22 janvier 2016, à la salle Super Unic, Quatre-Bornes, un extraordinaire concert réunissait des artistes locaux de musique classique indienne autour de Subhash Dhunoohchand. Il avait invité le célèbre sitariste Jayeraz Santokee et l’un des plus grands chanteurs hindoustani de Maurice, Ramma Kisnah. Accompagnés d’Abed Lallmohamed et de Nireyen Veerapen au tabla, de Ravi Bhagoban à l’harmonium et des élèves de sitar, les artistes ont tissé une incandescente mosaïque de ragas dans un univers électronique. Deux mondes qui paraissent opposés, mais que Subhash Dhunoohchand maîtrise à la perfection : « Ma formation de musique classique indienne est mon pilier lorsque je crée ma musique électronique », dit-il. Cette nouvelle année ne pouvait mieux commencer pour Subhash Dhunoohchand, dont la réputation de meilleur  tabliste mauricien n’est pas usurpée. Le virtuose des percussions indiennes s’est fait une promesse qu’il tenait à cœur : sillonner l’île Maurice, de Baie-du-Cap à Triolet, en passant par Surinam, Bramsthan, Flacq, « là où, dit-il, les gens n’ont pas l’habitude de voir des concerts fusion et de rencontrer des artistes ». Bref, nouer un dialogue empreint de simplicité et d’authenticité avec un pan de la population mauricienne qui n’est pas forcément sensible à la musique fusion. Le projet s’intitule « Tablatronic-Universal Rhythm & Melody Project » et qui s’étendra avec la collaboration d’autres musiciens comme le guitariste suédois Anatholi Bilkin, le percussionniste anglais Nandkumar et de l’Australie, Rajesh, au dholak et naal. Au programme, des concerts au mois de septembre à La Réunion, en Australie, en Europe et, retour à Maurice. Lorsqu’on interroge le Mauricien sur son étonnante carrière qui avait pourtant pris racine dans le terreau classique indien, il se fend d’un grand sourire : « Si quelqu’un m’avait dit, lors de mes études avec mon maître du tabla, le pandit Sudhir Kumar Saxena en Inde, qu’un jour je ferai de la musique ‘Electro-world’, j’aurais éclaté de rire ! »

Tabliste à part entière

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"10233","attributes":{"class":"media-image wp-image-17122 alignright","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"350","height":"450","alt":"Subhash Dhunoohchand"}}]] Et pourtant, c’est bien avec son projet de musique fusion ‘electro-world Tablatronic’ que Subhash Dhunoohchand sillonne aujourd’hui le monde. De la Colombie jusqu’aux Philippines, en passant par le Kenya et l’Ouganda, le Mauricien a déjà porté sa musique sur des terres multiples et variées. Natif de Quatre-Bornes et installé à La Réunion depuis près de 30 ans, c’est souvent au détour d’une tournée internationale que l’artiste revient sur sa terre natale, le temps d’un concert et de nouvelles expériences. Les mélopées indiennes se distillent au son des sitars qui ouvrent le concert. Puis, le raga Bhatiyaar se déploie talentueusement grâce à la voix du chanteur mauricien Ramma Kisnah. Subhash, quant à lui,  commence sa représentation avec un solo de tabla dans un cycle rythmique de 16 temps (Teentaal). L’audience reste sans voix. La savante mathématique des rythmiques indiennes s’étend à l’infini dans le jeu de l’artiste. Un vibrant hommage qu’il tenait à rendre à deux amis musiciens Soudama Jankee, grand chanteur de ghazal et Naden Veerapen, professeur de tabla au Mahatma Gandhi Institute. Commence alors la partie électro, l’arrivée des programmations ‘electro-world’ et le public s’envole. La musique nous transporte de continent en continent, l’Europe, l’Asie, l’Afrique, l’Inde... Grandiose ! Subhash Dhunoohchand est un tabliste à part entière. Il a côtoyé de nombreux artistes de cultures diverses et variées. Des artistes célèbres mais aussi d’autres, peu connus du public, mais tout aussi doués. L’influence de ces rencontres se retrouve dans la musique de Subhash. « En Inde, beaucoup de gens pensent que ma manière de jouer du tabla est typique du style jazz. C’est cette différence qu’ils apprécient particulièrement », dit-il. Subhash produit et mixe des sons avec son tabla comme aucun autre artiste ne peut le faire. Avec le temps, il a développé ses propres techniques et des phares rythmiques, qui diffèrent complètement de la manière traditionnelle de jouer du tabla. « En côtoyant des musiciens de jazz en Suède et à Londres, j’ai découvert une manière de m’exprimer avec mon instrument de prédilection. J’ai compris que si je voulais ne pas simplement jouer mais réellement communiquer avec le public, il me fallait impérativement étendre mes capacités avec mon tabla. J’ai donc commencé à travailler sur un projet de musique ‘electro-world’. Aujourd’hui, cela fait plus d’une quinzaine d’années que je travaille dessus. C’est très intense, il y a un nombre infini de possibilités, chaque concert est différent de l’autre, c’est une vraie passion. » La tournée de Tablatronic a débuté à Maurice au mois de décembre 2015 et s’est poursuivie en Inde au Unwind Centre et au Radisson Hôtel de Chennai, à la MS University de Baroda, au Samved à Borivali et au Krishna Mandir de Juhu à Andheri, Mumbai.
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