Muntasir Koodruth: des mathématiques aux beaux-arts

Muntasir Koodruth est l’un des artistes mauriciens les plus prometteurs de sa génération. Ses tableaux, qu’il qualifie de « semi-réalistes », frappent par leur originalité. Ses œuvres plongent dans un monde où se mêlent onirisme et réalité. Âgé de 29 ans, c’est un jeune talent à suivre. « C’est à travers mes tableaux que j’extériorise mes émotions les plus profondes », confie l’artiste. « J’affectionne particulièrement le contraste entre le réel et l’irréel. Ma technique combine le collage et l’acrylique. Les thèmes qui sont traités dans mes œuvres sont très variés. Je m’inspire souvent de l’actualité. J’avoue avoir un faible pour la mode et cela se voit dans certaines de mes compositions ». Muntasir Koodruth partage l’essentiel de son temps entre ses créations artistiques et son autre passion, l’enseignement. Ce jeune diplômé en beaux-arts du Mahatma Gandhi Institute (MGI) et titulaire du Post Graduate Certificate in Education, est actuellement professeur dans un collège privé. Cependant, son parcours académique a de quoi surprendre. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"13418","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-22169","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"250","alt":"Muntasir Koodruth"}}]]« Je suis issu d’une famille très modeste et j’ai perdu mon père très jeune. Malgré ma passion pour l’art, je voulais absolument faire plaisir à mes proches en choisissant une filière dite sérieuse. J’ai donc dans un premier temps opté pour les mathématiques à l’université de Maurice. Cependant, je ressentais le besoin de vivre pleinement de mon art. Je me sentais malheureux et frustré ». Il correspond par courriel avec le graphiste d’animation Jalil Sadool, artiste mauricien très connu et qui fait une grande carrière internationale. C’est sur les conseils de celui-ci qu’il renonce, après un an, à ses études en mathématiques. « J’ai pu convaincre ma mère qu’il fallait impérativement que j’intègre le MGI. Je dois d’ailleurs avouer que l’une de mes plus grandes joies, je l’ai ressentie quand j’ai reçu mon diplôme. J’ai pu voir ce jour-là, dans le regard de ma mère, du bonheur et de la fierté. Cela m’a profondément ému ». Depuis l’obtention de son BA (Hons) Fine Arts with specialization in painting du MGI, Muntasir Khoodruth a participé à quelques expositions collectives. On notera notamment des œuvres présentées avec succès aux Salons de mai 2014 et 2015, et à l’Imago Mundi Project de Benetton. En décembre, il a apporté sa contribution au festival Porlwi by night avec sa création Think about something else, qui faisait partie de l’exposition Evazion. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"13419","attributes":{"class":"media-image wp-image-22170 alignright","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"416","alt":"Muntasir Koodruth"}}]]« Je souhaite continuer à exposer régulièrement avec d’autres artistes. Je suis d’ailleurs à la fois très admiratif et reconnaissant envers le travail qu’accomplit Krishna Luchoomun pour propager l’art et aider les jeunes artistes à faire connaître leur travail ». L’artiste ne souhaite cependant pas faire une exposition en solo dans un proche avenir et préfère continuer ses collaborations avec d’autres plasticiens. « Je ne veux pas faire d’exposition en solo juste pour me targuer de l’avoir fait. Il faut que je me sente prêt. Je ne suis pas un artiste né. Par cela, je veux dire que j’ai travaillé avec beaucoup d’acharnement pour en arriver là. Je veux continuer à m’améliorer. Jusqu’à présent, j’ai eu la chance d’avoir d’excellents professeurs de dessin, que ce soit au collège ou au MGI. Je souhaite poursuivre mes études en vue de l’obtention d’une maîtrise. Après cela, j’envisagerai peut-être de tenter une exposition en solo. »