Munsoo Kurrimbaccus, nouveau haut-commissaire de Maurice au Pakistan : «L’économie du Pakistan offre de nombreuses opportunités aux entreprises mauriciennes»

Récemment nommé haut-commissaire de Maurice au Pakistan, Munsoo Kurrimbaccus entame une mission diplomatique placée sous le signe du renforcement des liens bilatéraux. Entre enjeux économiques, échanges culturels et coopération régionale, il nous partage sa vision et ses priorités pour porter haut les couleurs de Maurice à Islamabad.

Munsoo Kurrimbaccus, d’abord félicitations pour votre nomination. Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et des expériences qui vous préparent à cette nouvelle mission ?
Je vous remercie. C’est pour moi un immense honneur et un privilège de servir mon pays en qualité de haut-commissaire auprès de la République islamique du Pakistan. Mon parcours professionnel s’est toujours inscrit dans une logique de service, de dialogue et de leadership. Dès mon jeune âge, je me suis engagé dans des initiatives sociales, tant au niveau local qu’international, ce qui m’a permis de bâtir des liens entre les communautés, de promouvoir la coopération et de favoriser la compréhension mutuelle. J’ai une longue expérience dans le syndicalisme et le plaidoyer, qui m’a permis de développer des compétences en négociation, en consensus (consensus building) et en valorisation de la diversité culturelle. Ces expériences ont façonné mon regard et m’ont naturellement préparé aux responsabilités diplomatiques que j’assume aujourd’hui. Je considère cette nomination non seulement comme un devoir professionnel, mais aussi comme une véritable vocation : celle de servir mon pays à un niveau supérieur et de contribuer au renforcement des relations entre Maurice et le Pakistan.

Comment décririez-vous l’état actuel des relations bilatérales entre Maurice et le Pakistan ?
Maurice et le Pakistan entretiennent depuis longtemps une relation fondée sur le respect mutuel, des valeurs partagées et une appartenance commune à des organisations comme le Commonwealth. Nos liens ont toujours été empreints de cordialité et d’amitié. Si les bases politiques et diplomatiques sont bonnes, je suis convaincu qu’il existe un vaste potentiel pour élargir et approfondir notre coopération, notamment dans les domaines du commerce, de l’éducation et des échanges culturels. Les fondations sont déjà posées, l’enjeu, désormais, est d’insuffler une nouvelle énergie et une vision renouvelée à ce partenariat.

Quelles seront vos priorités pour renforcer davantage la coopération entre nos deux pays ? 
Mes priorités immédiates se déclinent en trois axes. Premièrement, consolider la diplomatie économique en stimulant les échanges commerciaux et les investissements entre Maurice et le Pakistan.

Deuxièmement, renforcer les liens éducatifs et la formation des compétences, car nos deux nations ont beaucoup à gagner des échanges académiques et professionnels. Troisièmement, promouvoir la diplomatie culturelle, parce qu’une meilleure compréhension réciproque entre nos peuples rend la coopération naturelle et pérenne. Concrètement, je m’attacherai également à faciliter les partenariats d’affaires, à accompagner les ressortissants mauriciens au Pakistan et à jouer pleinement mon rôle de passerelle d’amitié entre nos gouvernements et nos citoyens.

Maurice peut constituer une passerelle stratégique pour les entreprises pakistanaises désireuses d’accéder aux marchés africains.»

Quels domaines (commerce, éducation, culture, tourisme, sécurité, etc.) offrent le plus de potentiel pour un partenariat solide ?
Plusieurs secteurs s’annoncent particulièrement porteurs. Dans le commerce et l’investissement, Maurice peut constituer une passerelle stratégique pour les entreprises pakistanaises désireuses d’accéder aux marchés africains, tandis que l’économie dynamique du Pakistan offre de réelles opportunités d’exportation aux entreprises mauriciennes. Le tourisme cache un potentiel immense : le riche patrimoine culturel et les paysages exceptionnels du Pakistan complètent parfaitement la réputation de Maurice en tant que destination de premier plan. L’éducation représente un autre domaine clé, où des bourses, la recherche conjointe et des échanges d’étudiants peuvent se révéler transformateurs. Enfin, les échanges culturels et artistiques, la diplomatie sportive, les initiatives en santé ainsi que la coopération en matière de technologie et d’innovation constituent des pistes prometteuses pour l’avenir.

Le Pakistan est un pays à forte population et un marché émergent. Quelles opportunités voyez-vous pour les entreprises mauriciennes ?
L’économie du Pakistan offre de nombreuses opportunités aux entreprises mauriciennes. Des secteurs comme le textile, la pharmacie, les technologies de l’information et l’agroalimentaire sont particulièrement expansifs à la collaboration. Le tourisme, l’hôtellerie et les services présentent également un grand potentiel, notamment avec l’essor de la classe moyenne pakistanaise. Parallèlement, Maurice, grâce à sa position stratégique dans l’océan Indien et à son secteur financier bien structuré, peut constituer une plateforme privilégiée pour les entreprises pakistanaises qui souhaitent s’implanter en Afrique. Les complémentarités entre nos deux économies offrent des opportunités de coentreprises capables de générer des bénéfices mutuels.

Dans un contexte géopolitique parfois instable en Asie du Sud, quel rôle la diplomatie mauricienne peut-elle jouer pour maintenir des relations constructives ?
Maurice a toujours défendu les principes de paix, de dialogue et de non-alignement dans sa politique étrangère. Même dans des contextes géopolitiques complexes, il existe toujours un espace pour un engagement constructif fondé sur le respect mutuel et la compréhension. En tant que petit État insulaire, Maurice accorde une importance particulière à la stabilité et à la coopération. Notre diplomatie est orientée vers la création de passerelles ; en favorisant le dialogue, en consolidant le multilatéralisme et en renforçant la coopération sud-sud. Bien que modeste par sa taille, Maurice dispose d’une voix respectée lorsqu’il s’agit de promouvoir la paix, l’inclusivité et le développement durable, des valeurs essentielles pour contribuer positivement aux dynamiques régionales.

Comment comptez-vous rapprocher davantage les peuples mauricien et pakistanais au niveau culturel et humain ?
La diplomatie ne se limite pas aux relations interétatiques : elle s’exprime tout autant dans les liens entre les peuples. Je souhaite promouvoir activement la diplomatie culturelle à travers des initiatives artistiques, littéraires, musicales et sportives. Le développement des échanges étudiants et de la coopération académique sera un levier essentiel pour rapprocher nos jeunes générations. Les événements communautaires, les festivals culturels et les partenariats entre organisations de la société civile offriront également de précieux espaces de rencontre et de compréhension mutuelle. Mon ambition ultime est que les Mauriciens et les Pakistanais se perçoivent comme des amis, unis par des aspirations communes de paix, de prospérité et de dignité humaine.

Quels défis anticipez-vous dans cette nouvelle mission ?
Toute mission diplomatique comporte ses propres défis. Gérer les attentes des deux côtés, traduire les accords en résultats concrets et composer avec les incertitudes du contexte international demanderont patience et persévérance. Les dynamiques géopolitiques régionales peuvent aussi influencer notre agenda bilatéral. Cela dit, je suis convaincu que les défis recèlent aussi des opportunités : ils stimulent la créativité, la résilience et la pensée innovante. Avec de la bonne volonté, de la sincérité et de la détermination de part et d’autre, j’estime que les relations entre Maurice et le Pakistan continueront à se renforcer et à atteindre de nouveaux sommets.