Mourir à 10 ans: pour son anniversaire le 27 juillet, Stella avait déjà invité ses amis

Elle avait des rêves de petite fille. Du haut de ses 10 ans, elle savait ce qu’elle voulait faire plus tard. Stella, Tella pour sa maman, souhaitait devenir infirmière « pour aider les autres ». Mais elle a quitté tragiquement ce monde après une chute dans un bassin à Trou-d’Eau-Douce. Stella Varlet allait avoir 11 ans le 27 juillet. La petite, qui voulait marquer l’événement d’une pierre blanche, avait invité ses amis pour fêter son anniversaire. Mais de fête, il n’y en aura point… Cette élève de CPE s’en est allée dans des circonstances dramatiques, le 9 juillet dernier. Elle s’amusait avec son frère et un de leurs amis dans un bassin quand le drame s’est joué. La petite habitante de Trou-d’Eau-Douce n’a pas survécu à ses blessures. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"22326","attributes":{"class":"media-image alignright size-full wp-image-36467","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"480","alt":"Poonam"}}]]Rencontrée à son domicile, quatre jours  après ce drame qui a secoué tout un village, Poonam, 35 ans, la mère de Stella, essaie tant bien que mal de surmonter cette douloureuse épreuve. Assise sur une chaise, entourée de son frère et de sa mère Anjali, elle a les yeux rougis pour avoir trop pleuré. « Tout me rappelle ma petite Tella. Je l’entends m’appeler, mais je sais que ce n’est pas vrai. Li ti telma kontan zwe. Stella ti mo lame drwat », lâche-t-elle au bord des larmes. Enfant choyée par ses proches, Stella faisait le bonheur de la famille. Poonam se rappelle chaque moment passé auprès d’elle. « Peu après mon mariage, je suis tombée enceinte. Mon époux Georgino et moi, nous ne voulions pas connaître le sexe du bébé. Seki Bondie inn avoye, nu finn pran. Stella inn vini. Li ti kokas ek ti enn bebe trankil », dit-elle. Deux ans après, Poonam donnera naissance à un fils. « Stella était trop contente. Ils étaient très complices », dit-elle. Autre moment d’intenses émotions : le premier jour de Tella à la maternelle. C’est à l’école du gouvernement Sir Pierre Dalais, à quelques mètres de sa maison, qu’elle a débuté sa scolarité. « Ce n’est pas facile de laisser votre enfant à l’école le premier jour. Les mamans le savent », dit-elle. « Lekol la ena so maternel tou. Je me souviens de son premier jour de classe. Elle n’a pas cessé de pleurer. J’ai versé quelques larmes aussi », confie Poonam. Petit à petit, Stella s’est adaptée à ce nouvel environnement. « Au final, Tella ne voulait plus rentrer à la maison, tant elle était attachée à son enseignante et à ses amis », poursuit-elle. L’année dernière, elle avait fait sa confirmation en l’église Notre-Dame du Bon Secours. « Elle ne ratait jamais la messe », dit Poonam. Studieuse, Stella était appliquée dans ses études. Cette année, elle allait participer aux examens du CPE. « Au premier trimestre, elle n’avait pas bien travaillé en anglais. Et pour le deuxième trimestre, je lui ai fixé des limites. Pas de télévision et moins de jeux, pour qu’elle étudie davantage. Elle m’a écoutée. C’est un trait de caractère que j’aimais chez ma fille. Elle allait prendre des leçons à l’école le matin pour obtenir de meilleurs résultats », explique Poonam. La petite avait confié à sa mère qu’elle avait fait des efforts.

Meilleurs résultats

Et le mardi 12 juillet, trois jours après l’accident, Stella a eu ses résultats. « C’est son enseignante qui a déposé son bulletin. Comme promis, elle avait mieux fait qu’au premier trimestre. Elle a eu de bons résultats en anglais. Je n’ai pu m’empêcher de pleurer. Mon époux a conservé ses résultats. » Stella, dit-elle, savait ce qu’elle voulait faire une fois adulte. « Li kontan ede. Li ti anvi vinn infirmyer. Fer pikir. Selman, li pa ti kapav siport disan », dira sa mère avec un petit sourire. « Tella allait fêter ses 11 ans à la fin du mois. Elle avait déjà invité ses amis ». Avec sa soudaine disparition, son rêve et ses projets se sont envolés. « Stella laisse un grand vide. Elle avait ses habitudes. Mo ti fini abitye ek sa… Sa mank mwa », dit Poonam, rattrapée par la triste réalité. Anjali, la grand-mère, est anéantie. « Nous étions inséparables. Je travaille à l’école qu’elle fréquentait et nous étions ensemble tous les jours. Stella était mon premier petit-enfant. Li ti demann mwa enn tablet. Monn bien plore. Li mank mwa », se désole-t-elle. Depuis la mort de sa sœur, son benjamin ne cesse de la réclamer. « Kan li leve, li rod so ser. Li plore e fer move. Zame li ti koumsa », raconte Poonam. En nous montrant la photo de classe de sa fille pour 2016, elle ne peut s’empêcher de pleurer. « Li difisil, me mo gard sa pense ki li kot Bondie ek ban ti anz ».  

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Le drame

Samedi 9 juillet, 12 h 15. Stella rentre à la maison après ses leçons. « Elle m’a dit de préparer du poulet pour le dîner. Nous devions ensuite aller à la messe. Son frère lui a demandé de l’accompagner au bassin. Je ne sais pas quand ils sont partis. Je me rappelle ensuite avoir entendu crier. J’ai vu des gens courir vers le bassin. Un véhicule de la National Coast Guard a quitté les lieux en trombe. Une voisine m’a annoncé que Stella avait été blessée. Quand nous sommes arrivés à l’hôpital, il était trop tard. Elle est tombée sur une cuvette de toilette cassée. Quelqu’un s’amuse à balancer n’importe quoi dans ce bassin. Stella n’a jamais nagé de ce côté du bassin », dit Poonam. L’autopsie a révélé qu’elle s’était vidée de son sang. Les funérailles de Stella ont eu lieu dimanche. Ses amis étaient tout de blanc vêtus pour l’accompagner à sa dernière demeure.  

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