Lundi, à l’Assemblée nationale, Xavier-Luc Duval a déposé une motion de blâme contre le leader de l’opposition Arvin Boolell. Un geste inédit et controversé qui, selon des observateurs et analystes, accentue la division au sein de l’opposition et reflète une fracture croissante entre le PMSD et ses anciens alliés.
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Inédit. Tel est le terme utilisé par des observateurs politiques pour qualifier le geste de Xavier-Luc Duval qui, en sa qualité de membre de l’opposition, a déposé une motion de blâme contre le leader… de l’opposition, Arvin Boolell. C’était dans l’après-midi du lundi 5 août 2024. Ces mêmes observateurs ajoutent que l’écart se creuse entre le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) et ses anciens alliés.
Jocelyn Chan Low, estime qu’il n’existe pas de précédent. « Personnellement, je n’ai pas connaissance qu’il y ait déjà eu, dans l’histoire politique de Maurice, une motion de blâme déposée contre un leader de l’opposition par un député de l’opposition », dit-il.
Depuis la rupture de l’alliance entre le PMSD et le Parti travailliste (PTr) et le Mouvement militant mauricien (MMM), Xavier-Luc Duval a constamment affirmé qu’il n’existait aucune alliance avec le gouvernement Mouvement socialiste militant (MSM)-Muvman Liberater (ML). Cependant, l’opposition a lancé des appels pour qu’il quitte ses fonctions depuis la nomination de son fils, Adrien Duval, en tant que Speaker de l’Assemblée nationale.
Cette motion de blâme contre Arvin Boolell ne vient-elle pas confirmer que les membres de l’opposition ont raison ? À cette question, Jocelyn Chan Low répond que ce geste démontre surtout que l’opposition est encore plus divisée. « Une motion de ce genre a-t-elle même sa raison d’être ? Elle montre à quel point la division est profonde. Le gouffre entre Xavier-Luc Duval et ses anciens alliés est manifeste », estime-t-il.
Il pense qu’il serait préférable que Xavier-Luc Duval retire sa motion avant le début des débats sur la motion. « Il est préférable de faire ce retrait maintenant puisqu’il a déjà exprimé son point de vue », pense l’historien.
Faizal Jeeroburkhan trouve la démarche du leader des bleus « assez drôle », soulignant la difficulté de comprendre cette logique. « Il serait plus compréhensible s’il avait intégré le gouvernement, mais en tant que membre de l’opposition, déposer une motion de blâme semble paradoxal. C’est le monde à l’envers », soutient-il.
Il ajoute que l’on peut se demander si Xavier-Luc Duval cherche à protéger son fils nommé Speaker en déposant une motion de blâme contre Arvin Boolell. « Le leader de l’opposition a déposé une motion de blâme contre son fils. A son tour, il dépose une motion de blâme contre Arvin Boolell. Cette action pourrait être une manière de brouiller les pistes et détourner l’attention des critiques », avance-t-il.
Faizal Jeeroburkhan ajoute qu’il n’y a pas de véritable justification pour cette démarche, ce qui la rend quelque peu ridicule. « Cela confirme les critiques de l’opposition qui affirmait que Xavier-Luc Duval ne devrait pas siéger à son poste sans changer de camp pour rejoindre le gouvernement », dit-il.
L’observateur politique Olivier Précieux estime que cette motion de blâme est surtout un calcul politique. « C’est inédit qu’un membre de l’opposition dépose une motion de blâme contre le leader de l’opposition. Je pense que l’objectif n’est pas de critiquer Arvin Boolell en soi, mais plutôt de faire pression sur lui pour démontrer que c’est peut-être le MMM qui contrôle la situation. D’ailleurs, tout semble indiquer que c’est une manœuvre visant à semer le trouble au sein de l’alliance PTr-MMM-ND (Nouveaux Démocrates ; NdlR) », dit-il.
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