Motion de blâme contre le Speaker, Adrien Duval - Shakeel Mohamed : «Ce n’était pas du cinéma, mais un exercice démocratique»

Si le Speaker de l’Assemblée nationale est issu d’un parti politique et qu’il n’est pas un élu, il doit être déconnecté de la chose politique. C’est l’avis du député du Parti travailliste, Shakeel Mohamed qui commentait la participation d’Adrien Duval dans une fonction dans la circonscription n° 6 le mois dernier. Il était l’invité de Nawaz Noorbux dans l’émission Au cœur de l’info sur Radio Plus, le 9 août. 

Pour Shakeel Mohamed, cette fonction, une remise de prix pour des compétitions de football et de badminton dans la région nord du pays, ne peut être qualifiée de « sportive ». Car selon lui, celle-ci aurait été sponsorisée par le ministre de la Fonction publique, Anjiv Ramdhany, et l’ex-homme de loi du bureau du DPP, Roshan Santokhee. Le nom de ce dernier est cité comme candidat dans cette circonscription du nord. « Même si Adrien Duval avait assisté à un évènement associé à l’opposition, ç’aurait été tout aussi inapproprié, car il s’associe à une mouvance politique », considère-t-il.

Le député rouge justifie ainsi la motion de blâme logé par le leader de l’opposition, Arvin Boolell, contre le nouveau Speaker. Il s’agit, selon lui, du seul moyen adéquat pour pouvoir faire des critiques sur un Speaker. « C’est moi qui ai demandé à Arvin Boolell que la motion ne soit pas ‘seconded’, car l’objectif de la motion n’était pas de passer au vote, mais de pouvoir se faire entendre par les membres du gouvernement », dit-il. « Ce n’était pas du cinéma, mais un exercice de démocratie. » Il suggère au nouveau Speaker de convier Arvin Boolell en vue de rétablir les relations. 

Lui donnant la réplique, le ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Avinash Teeluck, qui intervenait par téléphone, dit ne pas comprendre le justificatif donné pour apporter cette motion. « Rien ne montre qu’il y a des reproches à faire contre le Speaker. Au contraire, le sentiment, c'est que cette motion a été présentée pour satisfaire un égo politique et pour régler ses comptes, car le Parti mauricien social-démocrate a déserté l’alliance de l’opposition », estime-t-il. 

Le ministre est aussi revenu sur les incidents survenus à l’Assemblée nationale le 18 juillet, le jour de la prestation de serment d’Adrien Duval comme Speaker. Même s’il comprend la frustration des membres de l’opposition parlementaire, il estime que leur attitude n’était pas justifiée. « Vous pouvez ne pas être d’accord avec le Speaker ou le gouvernement. Nous ne sommes pas dans un marché ou dans un congrès [politique], mais à l’Assemblée nationale, où les travaux sont suivis en direct par la population », fait-il ressortir.