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Mortgage plan : des investissements partis en fumée de manière suspicieuse

Le mortgage plan ne serait plus d’actualité.

Après 20 ans d’investissement dans un mortgage plan proposé par une compagnie d’assurance à Maurice, certains clients ont appris qu’ils ne percevront rien en retour. Cette désobligeante et mystérieuse situation suscite des interrogations et l’importance de l’éducation financière. 

Lorsque notre source souscrit en 2003 et 2004 à deux « mortgage plans » proposés par l’une des grosses sociétés d’assurance à Maurice, elle est loin de se douter que son investissement partira en fumée 20 ans plus tard. Bien au contraire, notre source espère que le montant cumulé de Rs 1 000 qu’il investit mensuellement contribuera à une somme conséquente après 20 ans. Son contrat indique que ce sera un investissement dans des unités au prix de l’offre. Qu’est-ce donc cela ? Imrith Ramtohul, Senior Investment Consultant chez Aon Solutions Ltd, explique qu’il se peut que l’argent contribué par les clients ait été investi dans un des fonds de la compagnie. Il souligne la nécessité pour le client de savoir où son argent est investi. « Le contrat devrait l’indiquer », précise Imrith Ramtohul. 

Imrith Ramtohul, Senior Investment Consultant chez Aon Solutions Ltd. Vasish Ramkhalawon, secrétaire général de l’Insurers’ Association of Mauritius.
Imrith Ramtohul, Senior Investment Consultant chez Aon Solutions Ltd. Vasish Ramkhalawon, secrétaire général de l’Insurers’ Association of Mauritius.

Cependant, selon les informations du Défi Plus, une fois la maturité du mortgage plan, certains clients ont été informés qu’ils ne percevront pas de retour sur investissement. Le Défi Plus a interrogé la compagnie d’assurance pour comprendre comment fonctionne ce mortgage plan, quels sont les critères d’éligibilité, le nombre de clients y ayant souscrit et la ou les raisons expliquant pourquoi certains clients n’ont pu bénéficier de leur dû, entre autres. La société n’a pas souhaité répondre à ces questions. 

Crise économique

Il revient que ce mortgage plan n’existerait plus. L’un des clients concernés s’est entretenu avec les gestionnaires de son dossier au sein de la compagnie d’assurance. On lui a fait comprendre qu’il y a d’autres clients qui se retrouvent dans la même situation. « On m’a indiqué que plusieurs facteurs, dont la crise financière de 2008 et la pandémie de Covid-19, ont contribué à ce que le plan ne marche pas », avance notre source. Or, la contribution mensuelle de Rs 1 000 s’est faite de manière continue durant les 20 dernières années, même au moment de la crise financière de 2008 et durant la pandémie.    

Ces arguments intriguent. Imrith Ramtohul soutient qu’en 2004, soit avant la crise financière de 2008, les marchés locaux et internationaux fonctionnaient bien. À Maurice, le taux d’intérêt, dit-il, était assez fort, atteignant 11 % à l’époque. Cela a poussé des gens à investir pour avoir un bon rendement. « Au vu de la performance des actions étrangères qui ont progressé durant les 10, voire 15 dernières années, l’argument de la crise financière ou de la pandémie de Covid-19 est louche. Les compagnies d’assurance disposent d’une équipe de recherche pour évaluer les investissements dans des obligations à haut risque. Je n’ai jamais vu un investissement dans un mortgage plan qui a fait faillite. Avec l’appréciation du dollar, si l’argent avait été investi dans des actions étrangères, le client aurait dû toucher gros », argue le Senior Investment Consultant chez Aon Solutions Ltd.   

Éducation financière 

Le « montant égal à la valeur en espèces, au cours acheteur à la date du règlement, du nombre d'unités inscrites au crédit de la police » mentionné sur le contrat à la signature de ce mortgage plan, semble ainsi un rêve vendu à un nombre inconnu de clients. D’ailleurs, Imrith Ramtohul déplore le fait que des clients signent et paient des contributions mensuelles sans suivi. « On promet aux clients de doubler leur retour sur investissement dans un court laps de temps. Il y a aussi dans certains cas une mauvaise compréhension de la part des clients », fait-il observer.  

Du côté de l’Insurers’ Association of Mauritius, on reconnaît qu’un travail est fait au niveau du Financial Services Fund eu égard à l’éducation financière et les produits financiers. Vasish Ramkhalawon, secrétaire général de l’association, ajoute néanmoins qu’il faut faire plus de campagnes pour les connaissances en matière d'assurance. « Nous essayons de participer dans des émissions médiatiques et via la presse écrite pour éclaircir le public sur toute la question. L’éducation doit se faire de manière continue. Il y a des plaintes qui sont effectuées à l’Ombudsperson for financial services qui sont liées, selon moi, au fait qu’il y a eu une mauvaise compréhension des clients », conclut Vasish Ramkhalawon.  

 

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